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Chronique classiques du cinéIl y a de ces films inoubliables. De grands réalisateurs au grand écran... du grand cinéma pour de grands moments!

No Name On The Bullet : un classique méconnu du western (1959)

Par • 8 juin 2009 à 9:48

film_no_name_on_the_bulletQuand on retrace l’histoire du western au cinéma, les cinéphiles pensent tout de suite à des réalisateurs marquants comme John Ford, Sergio Leone, Anthony Mann, Henry Hathaway ou Howard Hawks et à des acteurs comme Gary Cooper, John Wayne ou James Stewart,  qui ont fait évoluer le genre et y ont laissé une empreinte indélébile par de multiples chefs-d’oeuvre inoubliables. Mais comme partout ailleurs, certains artisans ont conçu des classiques demeurés dans l’ombre, et « No Name On The Bullet » (en français: « Une balle signée X ») en est un qui mérite pleinement d’être redécouvert.

L’histoire: un cowboy vêtu de noir arrive dans la ville de Lordsburg. Les habitants reconnaissent en lui le tueur à gages John Gant. Sa présence en ville signifie que quelqu’un est destiné à mourir. Plusieurs citoyens trouvent dans leur passé des raisons suffisantes et des ennemis mortels pour se convaincre d’être la prochaine victime du tueur. La peur se répand alors dans la ville où tous se demandent qui sera la cible de John Gant. Le médecin de Lordsburg, Luke Canfield, se lie avec le tueur et cherche à comprendre ses motivations, tout en le persuadant de renoncer au meurtre. Le shérif de la ville tente de faire expulser Gant sous la pression d’un homme influent, mais le tueur ne se laisse pas intimider. Gant ne peut d’ailleurs être mis en état d’arrestation pour ses meurtres passés, car sa méthode est de toujours provoquer sa victime pour qu’elle tire la première afin que lui soit alors en état de légitime défense. La terreur ne cesse de s’accroître à Lordsburg, et cela inquiète grandement le docteur Canfield, préoccupé par la santé des habitants, ce qui suscite d’ailleurs l’admiration de Gant à son égard. Cette histoire se terminera de façon inattendue.

Le réalisateur de ce long-métrage, Jack Arnold, est surtout reconnu pour ses films fantastiques à succès dans l’histoire du cinéma (Tarantula, Le météore de la nuit, L’étrange créature du lac noir), mais on oublie qu’il a également travaillé dans d’autres genres avec efficacité. C’est ainsi que dans les années 50, Arnold, qui était sous contrat avec Universal Pictures, tournait aussi des westerns à petit budget. Le présent échantillon est sans l’ombre d’un doute l’un meilleurs westerns de cette période. Écrite par un scénariste qui travailla plus tard pour la série télévisé « Star Trek », l’intrigue est l’une des plus originales du genre. Le suspense est maintenu à un haut niveau de tension, bien que l’identité de la future victime du tueur ne soit pas dissimulée avec toute la rigueur souhaitée, car le spectateur attentif peut le deviner à mi-chemin du film. L’intérêt se situe surtout sur le sentiment généralisé de culpabilité des personnages, et l’évolution de leur comportement suite à l’arrivée du tueur à gages. Le dialogue et les situations sont d’ailleurs adroitement conçus en ce sens, et les scènes se déroulent sans temps mort avec assez peu de clichés dans un climat constant de paranoïa jusqu’à une conclusion fort satisfaisante.

La mise en scène d’Arnold est bien ficelée, et l’on sent même poindre une touche personnelle de fantastique dans sa façon de présenter visuellement son principal protagoniste (le tueur est vêtu de noir comme un ange de la mort) et l’atmosphère de peur de la ville où l’action se déroule. Le film représente en quelque sorte un microcosme de l’Amérique profonde où le quotidien sans histoires des gens bascule soudainement, faisant ressortir en eux une terreur cachée, révélant ainsi les travers de l’individualisme. Cet autre côté de la médaille des valeurs américaines, voire hollywoodiennes est d’ailleurs un thème récurrent dans l’oeuvre de Jack Arnold. Plus connu comme héros de guerre et comme acteur mineur de westerns tout aussi mineurs, Audie Murphy trouve dans ce film l’un des meilleurs rôles de sa carrière en incarnant avec réalisme et sans tics inutiles le personnage du tueur à gages intriguant qui n’a pas froid aux yeux, mais qui a une conception de la justice aussi valable que n’importe quel héros ou représentant de la loi. Certes, « No Name On The Bullet » est un film en apparence modeste, mais cela ne l’empêche pas d’être aussi un classique oublié qu’il vous faut connaître et visionner dès que vous en avez la chance. Le film existe d’ailleurs en DVD au Québec.

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