Bongo Man est de retour au pluriel : Boy Band à Lui Seul
Par Pierre-Luc Gagnon • 6 mars 2014 à 19:48Pour faire une histoire courte, Bongo Man (Pascal Martineau) est un jeune chanteur hip-hop de la région de Montréal — Anjou si vous voulez vraiment tout savoir. Fort d’une prose inspirée, il livre des textes qui racontent une histoire qui est la sienne. En 2011, un an après la sortie de son album Marie-Prose, DimancheMatin.com publiait de bons mots à l’égard de Bongo.
Après plus de trois ans d’absence sur CD, Bongo Man est «back» avec Boy Band à Lui Seul, un nouvel album plus pop, truffé de références qui nous ramènent dans les années 90. Il nous parle même de la populaire émission Radio Enfer dans la pièce d’ouverture en scandant «cet album-là c’pour ceux qui savent qui est Jean-Lou Duval». C’est mon adolescence et je me suis prêté au jeu auquel nous convie l’écoute de ce nouveau projet.
Sur papier, nous avons droit à des textes de peau fine, des écrits peaufinés. Chaque ligne semble être non seulement réfléchie, mais ancrée dans une riche recherche lexicale. La chanson Nelly, sorte d’hommage à Émile Nelligan, est particulièrement réussie sur le plan références historiques sur le personnage et son oeuvre. La dernière fois que j’avais senti une telle minutie quant à la justesse du propos et à la couleur des mots, c’est quand j’ai entendu la sous-estimée chanson «Le But» de Loco Locass au sujet des Canadiens de Montréal.
Sur CD, Bongo nous livre du rythme et des rimes, appuyé par une bonne dizaine de collaborateurs. L’album est plus entraînant que son prédécesseur Marie-Prose, mais il est porteur du même univers musical. Parmi les chansons les plus intéressantes :
Boy Band à Lui Seul (piste 1) : La pièce titre est un bon opener; elle met la table pour le projet sans forcer les convives à s’asseoir tout de suite.
Blâme le Soleil (piste 2) : J’entends une référence à la pièce «Shame on you» de la chanteuse Ophélie Winter : «I’m blamin’ you, I’m blamin’ you…». Par ailleurs, la chanson est excellente, une belle suite à la pièce d’ouverture pour donner un élan pop pour démarrer l’album. C’est mon morceau préféré.
Crush on you (piste 7) : Une chanson plus introspective, un peu moralisatrice, mais très amoureuse de la langue. Des mots, des maux.
Où est-tu? (piste 12) : Encore ici, une référence propre aux années 90 avec une introduction marquée par la pièce Where do You Go (originalement du groupe La Bouche, popularisée par No Mercy en 1996). Ici, on nage dans la grosse pop délicieuse… mais avec du vocabulaire.
J’aime la verve et la plume de Bongo Man, un artiste authentique qui fait honneur à la langue française autant qu’à la musique hip-hop québécoise. Beaucoup de collaborations pour un album riche en diversité. Plein de références littéraires c’est riche. Une belle découverte.
Comme une collaboratrice (Andie Duquette) le souligne dans la première chanson de l’album : «Il est d’retour Bongo Man»…
Par Pierre-Luc Gagnon
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