Le processus d’écriture 3
Par Dominique Fortier • 30 mai 2007 à 0:00Écrire une histoire n’est pas de tout repos. Que ce soit pour la télévision ou le cinéma, il y a des barèmes à respecter. Vous devez d’abord vous poser les questions suivantes? Qui va regarder mon oeuvre? Quand sera-t-elle diffusée? Combien de temps durera-t-elle? Si un producteur vous demande d’écrire une dramatique qui sera diffusée à 19 heures; la marge de manoeuvre vient soudainement de réduire. Moins de nudité, moins de violence, moins de sujets tabous… Bref, si votre but est de choquer, vaut mieux ne pas viser une clientèle trop jeune.
Puis il y a la durée de votre oeuvre. Si vous écrivez une télésérie de huit épisodes d’une heure, le développement des personnages et des intrigues se feront différemment que si vous écrivez 27 épisodes d’une heure pour une saison complète. Lorsqu’on écrit un téléroman, on peut prendre le temps de développer les personnages et les intrigues de façon à ce que la courbe dramatique soit plus lente que pour une télésérie. On bâtit un climax, une tension dramatique grandissante. Par exemple, si votre personnage devient complètement fou de jalousie au point d’aller fracasser la « margoulette » de son rival, on peut très bien attendre trois ou quatre épisodes avant que la scène tragique se produise. Plus la tension monte lentement et longtemps, plus l’impact est grand pour les téléspectateurs.
Lorsqu’on écrit un film, on doit condenser le tout. On assiste alors à plus de scènes intenses pour rapidement démontrer à quel point la situation est déjà rendue fragile et instable. Au lieu de bâtir lentement, on débute souvent le long métrage avec l’élément perturbateur. Dans un téléroman, on prend le temps de mettre en situation; de démontrer comment ça se passait avant l’événement qui vient chambouler la vie de vos personnages.
Comment faire que vos scènes soient punchées? Comment sauver du temps pour se concentrer sur l’essentiel d’une scène? Tout d’abord pour économiser du blabla inutile, on peut très bien laisser faire les « toc, toc bonjour comment ça va, ça va bien et toi, oui, comment vont les enfants… » Bref vous voyez le genre. On peut commencer une scène sans problème avec une réplique du genre : « C’est bien mieux d’être important, tu viens de me faire manquer un souper avec Linda ! » et l’autre de répliquer : « Crois-moi, quand tu vas entendre ce que j’ai à te dire, je suis pas certain que tu vas encore avoir envie d’aller souper avec Linda. » Et voilà, en deux réplique, la scène est complètement établie. On suppose que les présentations ont été faites, on sait à qui on a affaire, on sait de quoi on va parler et on sait sur quel ton la scène va se dérouler. Vous pourriez même à la limite terminer votre scène sur une réplique comme celle-là. Ça garde en haleine, car on sait qu’on va apprendre quelque chose de gros. À éviter à tout prix, une scène qui se termine sur un « ok, bye je te rappelle ». S’il est inutile de commencer une scène avec les salutations d’usages, il en va de même pour les fins de scènes. Une fin de scène doit surprendre, toucher, garder en haleine et exploser! Un coup de poing sur la gueule peut très bien terminer une scène avec un petit « zoom in » sur la victime ébahie! Et vlan! Une autre scène réussie!
L’écriture est tellement complexe et profonde à la fois qu’on pourrait en jaser pendant douze chroniques encore, mais arrêtons-nous ici pour l’instant. Aussi importante l’écriture peut être, autant il ne faut pas négliger les autres aspects d’une production. C’est ce que nous aborderons dès la semaine prochaine. D’ici là, amusez-vous bien!
La semaine prochaine : Un casting efficace
Par Dominique Fortier
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J’en aurais pris encore 12 chroniques moi! 😀 Tu devrais écrire un livre! C’est encore et toujours très intéressant. Merci.