Un album de bandes dessinées érotiques, sans les clichés et la facilité du mauvais goût,  il fallait y penser. Et c’est exactement ce que La Pastèque avait à nous offrir avec leur dernier bébé titré Carton. Et qu’arrive-t-il lorsqu’on met dans une boîte les planches léchées de six bédéistes inspirés et la plume d’un septième collaborateur – celle d’Edouard H. Bond – auteur et blogueur qui flirte avec le domaine de l’érotisme (et plus encore) depuis un bail? On cartonne!

Parmi le meilleur matériel, il serait dommage de passer sous silence les merveilleuses planches d’un Pascal Blanchet, fidèle à son style marqué. Ici, il nous présente un Pinup Magazine qui s’illustre par des nuances très vintage et même, comble de bonheur, une mythique page centrale! Il faut aussi souligner le travail de John Martz qui a fait un joli boulot avec sa BD qui, en entrecoupant les autres récits de l’album, fait office de fil conducteur. D’autre part, Benjamin Adam, Nicolas Mahler, Pascal Girard et Mélanie Baillairgé complètent admirablement bien le portrait avec des dessins inspirés, tous marqués par une couleur dominante.

Seul bémol : j’en aurais pris une double ration. Et ce n’était pas le choix qui manquait, La Pastèque compte un paquet de maîtres du crayon dans ses rangs. Pourquoi Michel Rabagliati ne s’est-il pas commis? Paul au camping nudiste, j’aurais adoré. Par ailleurs, un gars comme Leif Tande, avec ses traits grossiers et son humour tranchant, aurait pu ajouter une pincette de vulgarité calculée afin que Carton puisse déstabiliser sans choquer.

Sinon, le projet est plus drôle que «bandant» – et nous aurons compris que c’est le jeu auquel ont été conviés les bédéistes. Au bilan, c’est bien fait et l’unité, au cœur de la  diversité, demeure l’un des points forts de l’album. Carton se parcoure en une vingtaine de minutes et permet au néophyte en bd québécoise de découvrir quelques dessinateurs qui ont beaucoup de talent.

[rating:3]