The Children’s Hour : tragédie à l’école (1961)
Par Richard Gervais • 30 mai 2008 à 0:00
Il y a déjà 15 ans, l’unique Audrey Hepburn nous quittait. Étrangement, The Children’s Hour est rarement évoqué quand on résume la carrière de cette comédienne chevronnée. Ce film constituait néanmoins – tout comme pour sa covedette Shirley MacLaine – un de ses plus beaux rôles.
Enseignantes et associées dans un collège pensionnaire pour fillettes, Karen Wright et Martha Dobie (jouées par Hepburn et MacLaine) sont, à leur manière, des personnalités publiques. La réputation de ces demoiselles est au-dessus de tout reproche, du moins jusqu’à ce qu’une de leurs élèves se considère injustement punie. L’indisciplinée Mary Tilford (Karen Balkin) se vengera de cette sanction en confiant à sa grand-mère (Fay Bainter) que les directrices ont une liaison, un mensonge horrible que la vieille dame finira pourtant par croire, au point même d’aller en informer quelques parents d’étudiantes. La rumeur se répand comme une traînée de poudre et, en très peu de temps, l’école de Karen et Martha se vide. Fiancé à Karen, le respectable médecin Joe Cardin (James Garner) est lui aussi dépassé par les événements, surtout que la grand-maman accusatrice est sa propre tante. Quant à l’irréfléchie tante de Martha (Miriam Hopkins), elle en rajoute en déclarant que sa nièce n’a jamais eu le moindre ami de cœur…
Alors qu’il aurait été facile d’en faire une œuvre sentencieuse et moralisatrice à outrance, The Children’s Hour est un film tout en finesse. Assaisonné d’une dose raisonnable d’effets chocs, le développement de l’intrigue s’effectue avec vraisemblance et on se révolte tout autant que les victimes de cette diabolique machination. Il faut dire que le réalisateur William Wyler n’est pas le premier venu : on lui doit en effet quelques incontournables du cinéma américain (pensons, entre autres, à The Letter, Ben-Hur et Funny Girl).
Sous la plume habile et parfois même fielleuse de la réputée écrivaine Lillian Hellman, les réparties – tantôt cinglantes, tantôt tragiques – apportent au scénario un puissant accent de vérité. Avouons que la rigidité morale de l’époque se prêtait bien à cet exercice et que, dans le contexte social des années 2000, cette histoire apparaîtrait plutôt improbable. Cette légère restriction n’enlève rien à ce long métrage, indéniable prise de conscience des conséquences funestes de calomnies éhontées.
Cet article a été publié en collaboration avec http://www.calendrierculturel.com.
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