Peuple à genoux
Par Dominique Fortier • 24 octobre 2009 à 0:01La majorité des gens doivent travailler pour gagner leur vie. Pour nourrir la petite famille, pour se payer un toit, pour avoir accès à quelques « luxes » comme le câble ou internet. Bref, à l’exception de quelques bien nantis qui ont hérité de la fortune de papa ou du gros lot à la 6/49, on doit tous travailler. J’exclus évidemment les mères qui élèvent leurs rejetons avec une pension du gouvernement ou les assistés sociaux qui ne sont pas aptes à l’emploi pour diverses raisons. À quoi doit-on s’attendre de son emploi? Sommes-nous trop gourmands ou au contraire, sommes-nous en droit d’exiger de meilleurs salaires, de meilleures conditions de travail?
Pour avoir occupé d’innombrables emplois différents dans divers domaines, j’en suis à me demander ce qu’on vaut en tant qu’employé. Quelles conditions de travail sont raisonnables? Par exemple, un syndiqué de la Sociéte de transport de Montréal (STM) qui est embauché comme concierge va être payé facilement le double de son semblable qui effectue sensiblement les mêmes tâches mais dans un dépanneur géré par le privé. Un employé de Couche-Tard est payé au salaire minimum et doit effectuer du service à la clientèle, de la gestion d’inventaire, du ménage et parfois même un peu de cuisine et de pâtisserie. Je ne mentionne même pas les risques de hold-up qui leur pendent au bout du nez à chacun de leurs quarts de travail. Le préposé à l’entretien dans le métro de Montréal fait uniquement de l’entretien, risque très peu d’agressions physiques et n’a pas à interagir avec le public. Pourtant ce dernier détient une convention collective en béton qui lui assure tous les avantages sociaux dont des assurances, des augmentations salariales substantielles et une sécurité d’emploi qui s’étend jusqu’à un régime de retraite doré. Le concierge du métro vaut-il plus que le caissier chez Couche-Tard qui risque le congédiement à tout moment pour n’importe quel motif farfelu comme avoir omis de faire une offre de produit? Ma question est la suivante: Est-ce que le gouvernement devrait revoir à la baisse les conditions de travail de ses fonctionnaires et ses cols bleus ou devrait-il exiger des entreprises privées qu’elles offrent des conditions de travail comparables à celles des employés de l’état? J’entends déjà les Nathalie Elgrably de ce monde s’insurger en disant que si les entreprises privées sont obligées de monter les salaires de leurs employés, le prix des produits de consommation en général va grimper en flèche. Et remarquez que sur ce point bien précis, si on fait abstraction de toute humanité et de toute solidarité sociale, elle a raison. Alors où réside la solution? Les syndiqués vont toujours en demander encore plus et l’État va continuer à fléchir devant leurs exigences. Pendant ce temps, les simples travailleurs du privé continuent à manger leurs bas. Et nous savons ce qui arrive quand les petits travailleurs se prennent en main pour tenter de se syndiquer ou demander des meilleures conditions. Les géants ferment la « shoppe » en prétextant que l’entreprise n’est plus rentable. Ou encore, ils font affaire avec l’étranger. La téléphoniste de Bell se voit remplacée par quelqu’un à Bombay ou à Pékin.
Le problème persiste parce qu’on assiste à une montée du chômage, une augmentation de « jobbines » au salaire minimum et une baisse du pouvoir d’achat de la classe moyenne. Et pendant ce temps, pour réussir à boucler leur budget et arriver à satisfaire leurs fonctionnaires et leurs cols bleus, les gouvernements haussent les taxes, haussent les tarifs d’hydroélectricité, haussent les frais de scolarité, haussent les frais de service de garde, alouette! Pour résultat que la classe moyenne se retrouve encore plus appauvrie avec un coût de la vie qui augmente sans que leurs salaires suivent la valse. Alors on fait quoi?
Je ne prétends pas détenir toutes les solutions mais une partie de la réponse repose dans les mains de nos gouvernements, il va s’en dire. Au risque de perdre une partie de son électorat, un gouvernement devrait avoir le courage de faire le ménage. De « dégraisser » la machine comme on nous répète à chaque campagne électorale. D’imposer des normes qui s’appliqueraient autant au privé qu’au public. Vous trouvez ça logique qu’une société d’état comme la STM paie ses employés 26$ de l’heure pour torcher des planchers alors qu’elle affiche un déficit qui se chiffre en millions année après année alors que Couche-Tard baigne dans les milliards de profit et paie ses employés le salaire minimum? Je ne vous dis pas que la réponse est de baisser le salaire des employés de l’État ou de hausser celui des employés des entreprises privées mais force est d’admettre que la situation mérite d’être étudiée, analysée et revue, non?
Je lance des idées en l’air pour le plaisir. Vous n’avez pas à être d’accord avec moi évidemment… Je suis un idéaliste fini parfois! Je me lance quand même! Et si le gouvernement imposait une échelle salariale fixe pour chaque type de profession peu importe qu’elle soit publique ou privée? Et si le gouvernement revoyait le modus operandi des syndicats et l’imposer à chaque entreprise, publique ou privée? Et si on ajustait les salaires en fonction des rendements des entreprises? Ne serait-ce pas plus motivant pour un employé de performer s’il sait que son salaire va augmenter si son employeur engrange plus de profits? Évidemment, les employés doivent être conscients que si les profits baissent que ce soit à cause de leur piètre performance ou à cause de la situation économique, leur salaire sera affecté en conséquence au même titre que si les profits augmentent.
Et Dieu sait que les entreprises peuvent réaliser des profits qui frôlent l’indécence dans certains cas. Je vous partage un exemple que j’ai vécu. Un fabriquant de roulements à billes (Un roulement à billes permet le positionnement, la transmission des efforts et la rotation entre deux pièces par le remplacement du glissement en un roulement.) produit un roulement exclusif à une voiture Honda. Sa production coûte environ 0.50$ le morceau. Il le revend 2.50$ à son fournisseur. Le fournisseur le revend entre 15 et 25$ à un distributeur industriel. Ce dernier le revend à une entreprise automobile pour 35$. Et ce dernier le revend au ‘tit cul à casquette qui veut changer son roulement dans sa Honda pour 50$. Imaginez tout l’argent que le ‘tit cul aurait pu épargner et dépenser ailleurs! Et imaginez les hausses salariales que certains employés auraient pu avoir si tout ce beau monde n’était pas si gourmand.
Finalement, ce n’est pas compliqué. Tout est une question d’argent et de profit. Si les dirigeants d’entreprises qui empochent des millions alors que leurs employés gagnent des « pinottes » avaient un meilleur sens de l’équité et si les gouvernements osaient pour une fois mettre leurs culottes pour équilibrer les conditions de tous les travailleurs, publics ou privés, tous en sortiraient gagnants. Mais ne nous leurrons pas, l’entreprise est là et sera toujours là pour faire toujours plus d’argent! Et le gouvernement est là pour récompenser ses généreux donateurs et s’assurer d’une réélection. Et après tout, ça se comprend! Un peuple à genoux, sans le sou et sans la force de se rebeller est beaucoup plus profitable et manipulable pour un gouvernement qu’un peuple fort, riche en moyens et indépendant de pensée.
Par Dominique Fortier
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C’est difficile de dire si une personne est assez payée par rapport à une autre. J’ai l’impression que tout le monde, y compris ceux qui gagnent 150 000$ par année, considèrent qu’ils sont sous-payés. C’est relatif.
Les infirmières qui font deux semaines à l’intérieur d’une seule… les gens qui travaillent au salaire minimum pour un maximum d’effort… les gens qui sont obligés de travailler en dessous de la table pour être capable d’avoir un repas sur la table… Ce n’est pas le contraste par rapport aux écarts des conditions de travail qui m’inquiète. Ce qui me dépasse, ce sont les incongruités régulières entre les compétences, l’expérience, la description des tâches et le salaire.
Un jeune dynamique de 25 ans compétent qui travaille 60 h par semaine comme un défoncé gagne souvent moins qu’un vieux loup désabusé qui va travailler 35 h par semaine juste pour aller fumer sa DuMaurier pendant sa pause…
Je suis d’accord avec ton article je suis moi même employer
de nuit chez Couche-Tard mais le problème au Québec c’est
que personne na le courage ni la colonne pour se tenir debout
et faire valoir nos droit comme Pierre Falardeau a dit » Le
Québec est un peuple conquis et soumis » nous devrions tous
nous libéré des chaînes de l’oppression gouvernementale .
mais comme les cowboys fringuants l’on dit dans leur chanson
Manifestation les québécois son trop paresseux pour faire quoi
que ce soit ! Damage certains jours j’ai honte de dire que je suis
québécois !