La mort bleue (premier de deux articles)
Par Jonathan Habel • 21 août 2008 à 8:51Décidément, ça va prendre toute une décharge pour ressusciter le mouvement souverainiste au Québec, et un pacemaker format géant pour le maintenir en vie. Même François Legault n’y croit plus. Et je le soupçonne de ne pas être seul dans son parti à le penser.
Est-il maintenant trop tard pour sauver ce courant indépendantiste moribond ? Déjà donné pour mort au début des années 80 après l’échec référendaire de Lévesque et sa bande, il a fallu qu’Ottawa, le ROC et les partis fédéralistes accumulent les bourdes pour que le mouvement reprenne enfin vie au début de la décennie 90, après l’échec du lac Meech. Ce qui déboucha, comme on le sait, sur la défaite crève-cœur du camp du Oui en octobre 1995. Depuis, une lente agonie s’opère, et personne parmi les nombreux chefs qu’a eu le Parti Québécois, seul porteur crédible du flambeau souverainiste (ne me parlez quand même pas du Bloc), n’a été en mesure de repartir la machine. Et en conséquence, comme on le sait, les membres du PQ passent leur frustration sur leur propre chef, en les poussant vers la sortie. On a eu Parizeau, puis Bouchard, Landry, Boisclair, et maintenant Marois. C’est ben plate, mais ils ont tous échoué, et la « disette des sondages » n’a jamais été aussi longue, les 40% de votants récurrents en faveur de l’indépendance n’ont jamais été aussi seuls.
La Révolution Tranquille a tellement marqué le Québec, elle a représenté un tel souffle de changement que les Québécois hésitent encore à se dissocier pour de bon de cette époque, révolue depuis pourtant plus de quarante ans. Le mouvement souverainiste au Québec, dont on a fait grand cas de par le monde, est né à cette époque, il est issu de cette période de libéralisation rapide de la pensée et de l’attitude. Et depuis quelques années, à défaut de soulever les passions comme par le passé, il ne survit que grâce à une frustration engendrée périodiquement (parfois de toutes pièces) parmi l’électorat volatile, blasé par cette incompétence généralisée de nos gouvernements successifs. C’est simple : le fédéral fait une bourde, les partis souverainistes s’arrachent la nouvelle, la remâchent, l’usent à la corde, et l’opinion publique en faveur de l’indépendance progresse de deux ou trois points, pendant quelques semaines tout au plus. Bien malheureux de devoir créer un sentiment de colère dans la population pour se tenir la tête hors de l’eau dans les sondages, quelques années à peine après que le gouvernement libéral à Québec ait atteint des sommets d’arrogance et de déconnection sur la réalité.
C’est ben plate, mais à moins qu’un nouvel affront national ne remette encore une fois le cadavre sur pied, le mouvement souverainiste est bien mort cette fois. C’est un produit de la génération précédente, celle qui est en train de s’en aller, celle qui délaisse peu à peu, et c’est bien naturel, son rôle actif dans notre société. C’était le rêve d’un groupe de gens qui ne sont plus, un rêve né dans une situation qui a évolué. C’était un projet plus qu’honorable, qui a vu plusieurs des esprits québécois parmi les plus brillants l’embrasser avec passion. Maintenant, passons à autre chose, tout simplement.
(la suite à lire la semaine prochaine : Le péril rouge)
Par Jonathan Habel
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Une grande vague indépendantiste déferle sur la Nouvelle France.
Le mouvement n’est pas tout à fait mort, il est entrain de renaître.
Il atteindra très bientôt 60% de la population québécoise de toute origine.
Vive le Québec Libre !
Sylvie R. Tremblay
Jeanne du Lys
Parti indépendantiste
Enfin! On va peut être arrêter d’entendre parler de ce projet perdu d’avance! On ne devient pas un pays avec aussi peu de couilles ou de convictions. Si nous ne sommes pas indépendants aujourd’hui, c’est pas la faute du fédéral, c’est la faute des Québécois qui ne sont tout simplement pas assez fiers pour se lever debout et défendre leurs valeurs. Tant pis! On est un petit peuple et on demeurera petit.
Pourtant, nous y croyions si fort, au milieu des années ’70 ! Je me souviens m’être épuisé à faire des samedis après-midi complets de porte à porte et des soirées entières de téléphones pour le PQ. Il faut se rendre à l’évidence : comme le disait le proverbe « Quand on est né pour un petit pain… ». C’est très triste mais le peuple québécois des années 2000 n’a plus le feu sacré et se contrefout de son avenir (et de celui de sa langue). À qui la faute ? Il n’est pas question de pointer quelqu’un en particulier mais de reconnaître que, en tant que collectivité, « on fait dur, très dur »… Mon idole René Lévesque aurait tellement honte !
Ce n’est pas seulement le mouvement souvrainiste qui est mort. Je pense qu’on nage en pleine inertie politique. Le mouvement fédéraliste ne fait pas de vague non plus. Le cynisme règne. Donc à ce titre, je ne m’inquiète pas trop. Le concept d’un Québec libre est étouffé, mais il n’a rien de menaçant dans les pattes. Il suffit qu’il soit parmi les premiers à se relever. Et ça… c’est ce qui me fait peur. Je crains que ça n’arrive simplement jamais!