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ÉditorialPuisqu'il y a des choses qui doivent être dites, aussi bien les dire avec une verve franche et directe. Des sujets chauds, traités vivement sans trop de fioritures.

La fille lumière

Par • 5 juillet 2007 à 10:12

Ces dernières semaines, on a eu droit à une démonstration sans équivoque de ce qu’est une relation amour-haine : celle entre l’insignifiante Paris Hilton et les médias du monde entier. Non contents de nous tenir au courant de ses allées et venues dans sa cellule de prison californienne, les réseaux de télévision, backés par la radio et Internet, nous ont nourris de détails aussi indigestes que vides de sens, comme le fait qu’elle appréciait son oreiller, qu’elle avait trouvé Jésus et qu’elle s’habillait comme l’agent Glad.

 

Rassurez-vous, c’est pas moi qui va en remettre une couche, mais convenons quand même que ça en dit long sur l’éthique des journalistes showbizz. Et ça prouve qu’on peut prendre n’importe quel incapable et en faire une grande vedette en deux temps trois mouvements. Question de rajouter du piquant, faites traire une vache à cette conne, adjoignez-lui une épaisse qui lui est égale, filmez le tout (et spécialement les réactions des rednecks qui n’en reviennent pas pendant des heures de voir ces idiotes se comporter comme des princesses à la ferme) et vous avez vos vedettes… et vos millions. Tiens, encore mieux : vous avez là une idole pour les jeunes, un modèle à suivre pré-emballé et pré-mâché. On n’a qu’à ouvrir la télé !

 

C’est un peu la même chose avec nos émissions de téléréalité au Québec. Le premier imbécile venu avec une belle gueule peut faire le Loft puis se retrouver à baiser des p’tites groupies quelques semaines plus tard, entre deux couvertures du 7 Jours. Ou encore on peut chanter du réchauffé et faire la Star Académie ; tant que le physique y est et qu’on peut chanter sans fausse note une toune de Claude Dubois, y’aura toujours des milliers de vieilles matantes désabusées pour faire des appels à 50 cennes et voter pour vous. Autant de vieux débris qui cherchent à vivre le rêve des autres maintenant qu’ils s’aperçoivent que leur vie n’a pas vraiment été à la hauteur de leurs espérances.

 

Dans le fond, c’est plutôt triste. Dangereux aussi. Les gens les plus débauchés, les plus stupides et les mieux classés dans notre échelle de valeurs physiques de notre société sont ceux qui attirent toute l’attention qui manque pourtant cruellement à certains vrais artistes, ceux qui sont réellement capables non pas seulement de nous divertir, mais de stimuler notre intelligence et notre créativité, ou même à certains politiciens avec de vraies idées et une vraie conscience sociale. On leur préfère plutôt les saveurs de la semaine, les incompétents qui nous font rire en se plantant à terre, ou les coquilles vides qui ont de beaux p’tits yeux bleus et un nouveau nez en silicone. Parce qu’on envie les attributs superficiels de ces personnes, on en fait des faux modèles pour notre jeunesse, celle-là même que l’on méprise parce qu’elle répète à la lettre les comportements condamnables de ses « vedettes ». Pourtant, on les as choisies pour eux, ces vedettes : rien n’oblige le magasine Cool à faire des reportages spéciaux sur la petite poupée Hannah Montana.

 

Pourquoi parle-t-on encore de Nicole Ritchie, de Paris Hilton, de Lindsey Lohan, de Will Ferrell ? Pourquoi accorde-t-on encore de l’attention à Britney Spears, à K-Fed, Johnny Knoxville, Wilfred « j’veux-pas-que-l’pape-y-moure » Lebouthillier ? Pourtant, c’est avec des lumières qu’on éclaire le monde…

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8 Réponses »

  1. Quelle joie de lire des propos aussi virulents mais débordants de vérité. Je me posais la même question y’a pas longtemps? Mais qui diable sont Paris Hilton ou Nicole Ritchie pour recevoir autant d’attention médiatique???

  2. Zut, j’ai reçu mais paye en retard… Ton texte devient tellement hors contexte dans cette situation-là!

    🙂

    PS: Tellement vrai!

  3. Bravo, Jonathan

    Oui, bravo pour ton article courageux qui traduit
    tout haut ce que plusieurs pensent tout bas… Le journalisme dit ‘culturel’ est dans une impasse et ça fait peur pour les prochaines générations. Ceux qui oeuvrent dans le journalisme sérieux sont vraisemblablement condamnés, comme trop de vrais artistes, à demeurer dans l’anonymat. Étant moi aussi journaliste culturel, je ne peux que me désoler des journaux jaunes qui font leurs choux gras de poupounes dépourvues de cervelle.
    Merci de ta rafraichissante mise au point !!!

  4. Merci à vous trois.

    Peut-être peut-on espérer qu’il s’agit d’un mouvement de balancier, et qu’un jour les losers qui n’ont aucune raison d’attirer une seule seconde de notre attention deviendront-ils « out ».

  5. Je ne epux pas dire que je suis en accord ou en désaccord avec votre texte…Je peux par contre vous dire que Wilfred est un artiste intéresant qui est présentement en tournée, qui va faire un GROS show sur la grande scène extérieur des francofolies, qui écrit et compose ses chansons, qui a 2 albums a son actif, qui a vendu plus de 250 000 albums, gagné un juno, des félix, des prix de la SOCAN, ect,,, donc, il est loin d’être insignifiant comme Paris Hilton et Nicole Ritchie…

  6. @Roxane : L’insignifiance d’une personne n’a rien à voir avec son succes. Plein de gens regardent Loft Story… est-ce que c’est quelque chose d’intelligent pour autant ? J’pense pas non. Céline Dion vend plus d’albums que Wilfred, mais elle n’écrit pas ses chansons… est-elle meilleure ? Non plus. Et tant qu’à être dans l’argumentation vide… Wilfred n’a-t-il pas une chanson qui s’appelle « l’insignifiant » sur son dernier album ?

  7. Non, c’est vrai Roxane. Cependant, je trouve regrettable (et je ne suis pas le seul) que le supposé talent des artistes qui font la StarAc serve à Québécor à engranger des millions. Tu avoueras de ton côté que la musique de Wilfred, même s’il la compose, même s’il en vend un quart de million, c’est du tout-cuit et du remâché. Zéro originalité. Au lieu de subventionner des artistes comme Wilfred, on devrait peut-être aider et promouvoir ceux qui offrent du nouveau, du frais, du risqué. Dans le fond, on avait pas « vraiment » besoin de Wilfred, les albums de Francis Martin convenaient déjà parfaitement (et lui aussi en a vendu des centaines de mille).

    Merci de ton commentaire.

  8. J’avais oublié de le noter, mais je trouve le titre de cet article prodigieusement succulent…

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