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Fuel – Angels and Devils (2007)

Par • 24 février 2008 à 0:00

Quand on aime un genre de musique, quand on a réussi à être une vedette dans ce style, difficile de nous faire dire, quelques années après, que ça vieillit mal. Que les gens veulent autre chose. Que les idées sont épuisées depuis belle lurette. Certains comprennent le message, d’autres non. Dans cette seconde catégorie, on retrouve entre autres les gars de Sum 41. On y retrouve aussi Carl Bell, ex-roi de la guitare, ex-star du rock, et bientôt un has been fini. Discussion sur cette preuve de 46 minutes qu’est Angels And Devils.

 

Vous vous souvenez de Disturbed (rha ha ha ha Down With The Sickness) ? De Korn, de Limp Bizkit, de Godsmack, de Creed et compagnie ? Eh bien, avec Fuel, ces groupes étaient, à partir de 1998 et jusqu’à environ 2003 (incluant le mal de tête qu’a été Woodstock ’99), les rois du hard rock. Carl Bell, le gars derrière les compositions du groupe, était en train de montrer au monde que son petit band de Pennsylvanie était différent, meilleur, plus original et plus mélodique que les autres (Sunburn, 1998 et Something Like Human, 2000). Après un faux-pas qui comportait quand même quelques pièces d’intérêt, malgré la note zéro pour ce qui est du renouvellement du son (Natural Selection en 2003), Fuel a pris une pause durant laquelle le chanteur Brett Scallions a foutu le camp. Décidé à prouver au monde que Fuel est « here to stay », notre brave Carl s’est d’abord mis dans la tête d’engager, sans succès, un de leurs admirateurs avoués, le chanteur Chris Daughtry d’American Idol, avant de se rabattre finalement sur un excellent imitateur, Toryn Green. Ce dernier, décourageant tout au long d’Angels And Devils, tant il tente désespérément de copier les mimiques vocales de Scallions, réussit tout de même, avec son attitude de gars tatoué et maquillé en noir autour des yeux, à sauver les apparences. Pendant un temps.

 

Tous les points forts du disque ont été placés au début de celui-ci. Toutes les huit minutes de points forts. La pièce d’ouverture, Gone, quoiqu’archi convenue, est un rocker assez entraînant, avec un refrain plus que potable. On enchaîne, plein d’espoir et de prédispositions sympathiques, sur le second morceau, I Should Have Told You qui, s’il a lui aussi une forte saveur de passé date, demeure quelque chose de tout à fait écoutable. C’est à partir de la troisième chanson que la mince couche d’originalité qui régnait s’évapore complètement. Après un passage à oublier, ce qui se fait d’ailleurs sans mal (Forever), on tombe sur le premier (et peut-être bien dernier) extrait du disque, Wasted Time. Jamais une pièce n’aura été aussi bien nommée (à part si elle avait été encore plus explicite, dans le style « Don’t Waste Your Precious Time And Hard Earned Money On This CD ») ; ce morceau est un anachronisme en soi, semblant sortir tout droit de la tête d’un adolescent boutonneux qui aurait eu le goût d’écrire une power ballad en 1999.

 

Angels And Devils ne se relèvera jamais vraiment, d’ici la fin de l’album, de ce crash artistique ; en fait, les derniers moments qui présentent la moindre petite ombre d’intérêt suivent tout de suite après ce navrant single : la cinquième pièce, Leave The Memories Alone (je crois que les titres en disent long, d’ailleurs), avec son refrain correct, sans plus. Tout le reste, y compris Mess (un ramassis de 13 secondes de tapochage de batterie et de bruits de fond) et la stupide pièce « bonus » Wasted Time « S-Mix » (je n’ai décelé aucune différence entre cette version et la précédente) sombre soit dans un oubli profond, soit dans un ridicule à la limite de la caricature.

 

Tenez-vous le pour dit : tout ce que Fuel a su concocter, en quatre ans, ce sont quelques morceaux probablement déjà écrits depuis des années, et qu’on n’a même pas pris le temps de dépoussiérer. Autant on peut parfois être injuste et dur envers un genre qui a tout de même marqué une certaine époque, autant ce courant est encore capable de nous fournir des preuves de son sabordage consommé. Fuel est bel et bien mort avec ce style, et on en fait le brutal constat avec Angels And Devils.

 

J’ai particulièrement apprécié :

– Gone

– I Should Have Told You

 

Note : * ½

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