Critique : Guns N’ Roses – Chinese Democracy (2008)
Par Jonathan Habel • 24 novembre 2008 à 14:41Et voilà, l’incroyable s’est produit : l’obsessif leader de Guns N’ Roses (et seul membre original de la formation) Axl Rose a fini par laisser aller le fruit de son labeur s’envoler. Chinese Democracy a pris quatorze ans à produire, et il a coûté plus de treize millions de dollars ; première galette offrant du matériel original de GNR depuis le double Use Your Illusion en 1991, cet album, promis à des dates de lancement à répétition depuis 1996, a fini par voir le jour, alors que plusieurs ne l’attendaient plus. Évidemment, de tels débordements dans la production de Chinese Democracy font qu’il était carrément impossible de combler les attentes accumulées par les fans durant toutes ces années ; pour cela, il aurait fallu que Rose nous sorte le plus grand album de l’Histoire du rock, point. Alors la question qu’il faut maintenant se poser, en tentant de se détacher de la mythique odyssée de cet album, c’est tout simplement : CD est-il un bon album ?
Alors que plusieurs attendaient « l’album futuriste » qui allait sauver le rock (et qui est à l’origine de la décision d’Axl Rose de foutre tout le monde hors du groupe sauf lui, au milieu des années 90), on se rend vite compte qu’il n’en est rien, que l’ambition du disque se trouve complètement ailleurs ; comme l’a souligné un des critiques sur Internet (à savoir Stephen Erlewine, de allmusic.com), Rose a passé cette dernière décennie et demie non pas à réinventer le rock n’ roll, mais plutôt à raffiner à l’extrême. Tout au long des 71 minutes que dure l’album, on remarque la lourde production, fruit de ces nombreuses années de bidouillage sonore (deux ou trois solos de guitares sur la même pièce, chorale virtuelle, chansons longues et en plusieurs parties, etc.), et malgré quelques innovations dans le monde de Guns N’ Roses, ce ne sont pas quelques notes de guitare espagnole en intro (« If The World »), un beat hip hop dans les premières secondes (« Better »), du sample à tout vent (« Madagascar ») ou des claviers prédominants (« Madagascar » et « I.R.S. ») qui vont révolutionner le monde de la musique, ou le groupe lui-même en fait. Pas non plus de « November Rain » ou de « Estranged » (1991) ici, seulement quelques moments grandioses qui ressortent, alors que paradoxalement la qualité est beaucoup plus uniforme que sur les deux galettes de Use Your Illusion, qui étaient remplies de pompeux remplissage. Bref, peu de passages qui soulèvent les passions et font crier au génie, mais également peu de longueurs sur un disque qui aurait facilement pu dégouliner de prétention.
Au total, Chinese Democracy rock plus fort que n’importe quel album de GNR ; il est plus ambitieux, mieux balancé, plus audacieux dans sa forme, mais pourtant pas meilleur. Peu de pièces rejoindront le top 20 du « best of » définitif du groupe (« Better », la pièce-titre et la ballade « Street Of Dreams » pourront peut-être un jour prétendre à cette position), mais le fait que Rose n’ait pas nivelé par le bas fait que même les moments les plus faibles (« Sorry » est un des seuls morceaux qui viennent à l’esprit) ont ce petit quelque chose qui accroche. Un album à qui il faut donner le temps (eh oui, encore du temps) de nous obséder autant qu’il a obsédé son créateur, mais qui finalement va bel et bien avoir marqué l’histoire non pas par son insurpassable qualité, mais bien par toute ces années de « build-up », ces attentes impossibles à combler. Au moins a-t-il vu le jour, et d’une certaine façon, il valait vraiment la peine qu’on l’attende.
J’ai particulièrement apprécié :
– Better
– There Was A Time
– Prostitute
Note : *** ½
Par Jonathan Habel
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Pas de November rain?
Allons allons, attendons quelques mois, parce que This I love…
http://www.youtube.com/watch?v=VWrK-0CwJr8
Rien de nouveau pour le groupe? Euh, avez-vous écouté Shakler’s revenge, Scraped, Riad and the bedouins?
L’album de l’année, que les ventes soient catastrophiques (c’est en train de se confirmer) ou pas… Un album très risqué, qui ne pue pas la nostalgie, pour un groupe qui ne revient pas en arrière pour « assurer commercialement » (suivez mon regard) et qui ne sort pas pour la xème fois le même album (suivez mon regard)…
Oui, This I Love fait partie des ballades les plus touchantes de l’album ; un bon moment. Mais on est loin des grandes envolées de November Rain, avec ses trois solos, ses deux parties distinctes et ses neuf minutes bien sonnées. On ne s’approche pas non plus d’Estranged, une pièce multi-sections avec de longs bridges progressifs sans paroles pendant 2-3 minutes. Ceci dit, l’absence de tout ce gonflage de chansons sur Chinese Democracy est une bonne chose. Personne ne voulait qu’Axl se la pète fendant pendant une heure et quart, je pense…
Et je n’ai pas dit qu’il n’y avait rien de nouveau ; en effet, Scraped et Shackler’s Revenge sont très actuelles, et ressemblent en fait à du nu métal au goût du jour… ce qui appuie mon affirmation qu’Axl n’a rien réinventé, juste raffiné le son GN’R.
Pour terminer, d’accord avec toi, l’album n’est pas du tout nostalgique, et il prend des risques. Mais après 17 ans sans nouveau matériel (excepté l’insipide Oh My God en ’99), Axl Rose ne pouvait pas exactement sortir un Use Your Illusion III sans immanquablement se péter la yeule solide, de toute façon…
Bonne critique…
Je suis pas mal d’accord avec.
Tu peux lire la mienne ici si ça te chante:
http://www.capitaledumetal.com/cdm/site/critiques/review_guns_n_roses_chinese_democracy
arme toi de patience, elle est longue