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Silence de mort de Chrystine Brouillet : le bruit qui tue…

Par • 26 juin 2008 à 9:00

À un moment ou un autre de notre vie, la plupart d’entre nous avons habité près de gens irrespectueux se croyant tout permis. J’avais moi-même subi durant plusieurs mois l’intempestif cinéma maison de mon voisin d’en dessous qui, en plein cœur de la nuit, regardais des films avec le volume « dans le tapis ». La prolifique romancière Chrystine Brouillet (Le collectionneur, Soins intensifs, etc.) a eu l’idée de faire de cette véritable plaie sociale l’objet de son plus récent volume intitulé Silence de mort. Pour solutionner cette intrigue, Madame Brouillet a fait appel à Maud Graham, la rusée détective qui avait pris les traits de l’actrice Maude Guérin dans l’adaptation au cinéma du Collectionneur.

La quiétude d’un quartier du Vieux Québec est solidement ébranlée par une chaude nuit d’été, alors qu’un jeune et riche couple est assassiné. Fait bizarre : la femme, retrouvée étranglée, était seule chez elle à danser dans son salon alors que son compagnon, à quelques kilomètres de là, est tué d’un coup de revolver. Sans applaudir à tout rompre à cette double mort, les voisins ne sont quand même pas trop contrariés car Jessie et Tony (les conjoints décédés) fêtaient pas mal fort, sans se soucier si leurs soirées bruyantes et bien arrosées dérangeaient l’entourage. Par conséquent, il y a plus d’un présumé coupable parmi les gens vivant sur la même rue qu’eux. Ces meurtres représentent un défi de taille pour Maud Graham qui en a pourtant vu bien d’autres. Non mais, avait-elle vraiment besoin d’être désignée pour cette enquête épineuse, précisément durant une période difficile de sa vie personnelle ? Professionnelle aguerrie, elle fait contre mauvaise fortune bon cœur et plonge, tête première, déterminée à démasquer le(s) coupables(s) dans cette affaire.

Fine psychologue, Chrystine Brouillet prend le temps nécessaire pour discerner le tempérament des nombreux personnages de Silence de mort. Et il y en a pour tous les goûts : des tueurs à gages, des trafiquants de drogues, un adolescent perturbé, une veuve pressée de convoler à nouveau, un retraité solitaire, etc. Cette communauté d’individus capte notre intérêt dès les premières pages du roman pour une foule de raisons. Certains nous interpellent par leur humanisme, d’autres nous dégoûtent par leur opportunisme; enfin, d’autres nous laissent perplexes par leurs agissements inattendus.

Les différents niveaux de langage utilisés par Chrystine Brouillet apportent une couleur vraisemblable aux héros et antihéros de Silence de mort. Dépeintes avec un réalisme parfois teinté de cynisme, les relations entre les résidants de cette portion du Vieux Québec suscitent constamment notre intérêt.

Sans être un très grand roman, la dernière œuvre de Chrystine Brouillet n’en demeure pas moins un récit habile regorgeant de passages prenants. En outre, son écriture s’avère très cinématographique; il ne serait guère surprenant qu’un long métrage en soit tiré d’ici peu de temps.

Silence de mort. Auteure : Chrystine Brouillet. 376 pages. Éditions la courte échelle. 2008. Disponible dès maintenant.

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2 Réponses »

  1. Ah youppi, Richard, tu m’as donné le goût de retomber dans un livre de Brouillet, merci pour cette critique!

  2. Très belle critique, j’avoue que tu me donnes le goût à moi aussi!

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