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ÉditorialPuisqu'il y a des choses qui doivent être dites, aussi bien les dire avec une verve franche et directe. Des sujets chauds, traités vivement sans trop de fioritures.

L’information sélective

Par • 30 janvier 2010 à 12:25

Le journalisme est l’activité qui consiste à collecter, rassembler, vérifier et commenter des faits pour les porter à l’attention du public à travers les médias.  Alors qu’en est-il lorsque le gouvernement lui-même empêche les journalistes de faire leur travail?

Un autre reportage très intéressant de l’émission Enquête dresse un bilan des 4 années au pouvoir de Stephen Harper et lève le voile sur le contrôle abusif et éhonté de l’information.  On y apprend entre autre que les fonctionnaires ont des directives très strictes sur ce qu’ils peuvent dire ou ne pas dire aux journalistes.  Ils sont soumis à un contrôle systématique des déclarations qui peuvent être livrées aux médias.  Le tout doit être approuvé par le centre de contrôle de l’information d’Ottawa, ce qui peut entraîne des délais de plusieurs jours avant qu’un journaliste puisse obtenir réponse à sa question.  Le but inavoué serait de faire mourir la nouvelle et décourager les médias de s’aventurer dans des enquêtes plus poussées.

Évidemment, le gouvernement nie ces allégations et prétend que c’est normal que le parti au pouvoir soit le responsable du message qui est livré.  Plusieurs fonctionnaires, hauts fonctionnaires et même des diplomates se voient menacés  de congédiement si jamais ils ne répondraient pas aux directives du gouvernement.  C’est le cas du haut fonctionnaire Allan Cutler qui avait levé le voile sur le scandale de commandites.  Il fût tabletté par les Libéraux pendant dix ans.  Ce fût ensuite le cas du diplomate Richard Colvin qui essaya en vain d’informer le gouvernement conservateur des tortures subies par les prisonniers qui étaient livrés aux forces armées afghanes par les militaires Canadiens.

Le gouvernement de Stephen Harper exerce un contrôle abusif de l’information selon plusieurs journalistes qui le suspectent même de tenir une liste noire de gens à qui ils refusent systématiquement le droit de poser des questions.  D’ailleurs, pour contourner les conférences de presse au gouvernement, le premier ministre s’arrange pour faire ses déclarations dans d’autres villes loin des scribes assignés au parlement.  La situation est telle que M. Harper a même sa propre galerie de photos, de documents audios et vidéos sur son site à l’usage des journalistes à travers le pays.  On peut difficilement être plus « sélectif » sur l’information qu’on refile aux journalistes…

Au début de son mandat, le gouvernement conservateur avait promis une plus grande transparence grâce à sa loi sur l’imputabilité.  Toutefois, force est de constater que c’est tout le contraire qui se produit.  Jamais, les journalistes n’auront été si peu nourris par le forces aux pouvoir.  Le premier ministre encourageait également ses fonctionnaires à dénoncer toute bavure ou toute incongruité observée dans l’appareil gouvernemental.  C’est ainsi qu’après près d’une dizaine de rapports envoyés à 75 membres ou organismes du gouvernement par le diplomate Richard Colvin sur la condition des prisonniers en Afghanistan, aucune mesure n’a été prise pour rectifier la situation.  Au contraire, si le diplomate parle trop, il risque la prison en vertu de la loi sur la preuve, article 38 que je vous invite à consulter en détails au http://www.oas.org/JURIDICO/mla/fr/can/fr_can_loi_preuve.html

En résumé, tout ce qui était supposé changer pour le mieux est maintenant pire qu’avant pour les journalistes qui tentent de faire le travail.  Le réel problème ici est que les stratagèmes d' »information sélective » refilés aux médias fonctionnent assez bien pour Harper.  Et quel gouvernement ne rêve pas de pouvoir exercer un tel pouvoir de contrôle.  Un exemple inquiétant à suivre…

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