The Great Dictator (1940)
Par Jonathan Habel • 20 juillet 2007 à 1:20Quand Charlie Chaplin, éternel vagabond pince-sans-rire britannique installé aux États-Unis, réalisa The Great Dictator en 1939 et en assura les deux premiers rôles, ni lui ni la majorité du monde n’étaient au courant de la vraie nature des atrocités nazies qui se déroulaient alors en Europe : cette sorte d’innocence, qui fit presque renier plus tard à Chaplin cette comédie pourtant amère (son plus grand succès commercial) permet pourtant aujourd’hui au second film parlant de Charlot d’être étonnamment actuel. On n’a qu’à boire les 120 minutes que dure le film pour se rendre compte de ce surprenant, mais aussi décourageant paradoxe.
L’histoire est assez simple : un sympathique barbier juif, amnésique depuis plus de 20 ans (Chaplin), et ressemblant comme deux gouttes d’eau au dictateur Adenoid Hynkel (lui aussi joué par Chaplin, magistral dans son parler allemand absolument hilarant), s’éprend d’une jeune femme dans le ghetto (Paulette Godard, épouse de Chaplin dans la vraie vie à cette époque). De fil en aiguille, le barbier en viendra à remplacer Hynkel, despote ridicule qui représente évidemment Adolf Hitler.
The Great Dictator, vieux de 67 ans maintenant, est aussi parfaitement savoureux sur un autre point que sa pertinence historique et les nombreux parallèles que l’on peut y faire avec notre monde actuel. La qualité de son humour (l’introduction vaut le détour, autant que les épisodes entre le dictateur Hynkel et son alter ego italien, caricature de Mussolini), les scènes classiques (le ballet majestueux avec la mappemonde, ou la pièce de monnaie dans le dessert), son côté impersonnel mais résolument accusateur assurent à ce chef-d’œuvre de figurer parmi les plus grandes réalisations du cinéma. Ne vous laissez pas berner par la date : avec un minimum d’ouverture d’esprit et un bon bol de popcorn jaune, vous êtes prêts à passer deux heures de bon temps, malgré le message fort porté par le film tout du long. Quelques scènes sont manifestement dirigées vers le spectateur de 1940 (dont entre autres le discours final, que plusieurs ont critiqué, mais dont personne ne peut remettre en cause la pertinence), mais de façon générale, The Great Dictator remplit magnifiquement sa fonction première, être un divertissement de haut niveau.
Par Jonathan Habel
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