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The Dirty Dozen : un film au propos antimilitariste viscéral (1967)

Par • 9 mai 2008 à 16:00

Parmi les nombreux films portant sur la Deuxième Guerre Mondiale qui ont été diffusé sur les écrans durant les années 50-60, « THE DIRTY DOZEN se démarque en évitant la reconstitution historique des grandes batailles, et la transposition de la gloire ou du courage de ses héros militaires. Au contraire, les auteurs ont préféré regarder cette guerre par l’autre bout de la lorgnette afin de critiquer la connerie militaire et l’insouciance des officiers supérieurs mégalomanes élaborant des plans stratégiques impossibles ou prenant des décisions d’une folie démesurée.

 

Bref, en 1944, le commandant Reisman, un officier réputé pour son insubordination se voit confier une mission déplaisante: entraîner un groupe de prisonniers militaires condamnés à de lourdes peines à devenir une unité de commando solide pour une mission périlleuse en France occupée. N’ayant pas le choix, Reisman accepte. Avec une discipline stricte et un caractère quasi-intransigeant, Reisman parvient à s’imposer à ses hommes. Avec l’aide de quelques officiers de la police militaire, Reisman entraîne les douze salopards qui deviennent en 6 mois des soldats efficaces. Ayant encore cependant contrevenu aux ordres de ses supérieurs, Reisman passe prêt de perdre son commandement. Il demande néanmoins la chance de faire la preuve que sa nouvelle unité est prête au combat et à partir en mission. Il obtient cette chance au cours de manoeuvres d’entraînements où les douze salopards parviennent sans trop de problèmes à prouver leur valeur. Ils sont alors parachutés au-dessus d’un château près de Rennes avec pour objectif de massacrer des officiers supérieurs allemands en repos à cet endroit. Cette mission s’avère cependant périlleuse.

 

Classique incontournable du film de guerre, ce long-métrage vigoureux propose une verve antimilitariste hors du commun avec sa galerie de personnages insubordonnés, rebelles et anarchistes face à une institution militaire déshumanisante et irréfléchie. L’ensemble est mené avec dynamisme du début à la fin, de l’entraînement à la mission finale, sans anicroches malgré la durée du film, plutôt longue de 2 heures 30. La touche critique du film ne sacrifie pas pour autant l’action, surtout vers la fin où elle est animée et vigoureuse sans être tape-à-l’oeil. Robert Aldrich, qui avait déjà conçu un long-métrage dans la même veine critique en 1956 avec « ATTACK », livre une mise en scène d’une excellence exemplaire, tant par l’emploi de la couleur que par le traitement du sujet. Avec de tels personnages antipathiques, l’humour s’avère évidemment fortement corrosif grâce à un dialogue brillant et incisif, et aussi grâce à quelques situations très colorées.

 

Le succès du film fût tel que les imitations n’ont pas tardé, particulièrement en Italie (on n’a qu’à penser à « LA LÉGION DES DAMNÉS » d’Umberto Lenzi et « UNE POIGNÉE DE SALOPARDS » d’Enzo G. Castellari qui fera bientôt le sujet d’un remake par Quentin Tarantino). En résumé, « THE DIRTY DOZEN » est un véritable bijou qui survit à l’épreuve du temps, et qui a même dû inspirer l’humoriste Coluche dans son numéro sur la bêtise et la connerie militaire. Il s’agit également d’un rare film pour hommes que même les femmes peuvent apprécier en grand nombre à cause de ses qualités. Moi et ma conjointe l’avons regardé plus de 50 fois et jamais on ne se lasse, nous aimons toujours autant ce film. La distribution masculine est si imposante et fait tellement rêver que l’on ne retrouvera rien de tel (sauf peut-être « A BRIDGE TOO FAR ») dans aucun autre film. Les acteurs n’ont d’ailleurs aucun mal à s’imposer devant des personnages écrits avec autant de truculence, surtout Lee Marvin dans le rôle du commandant Reisman.

 

En somme, un long-métrage qui nous prouve que la guerre peut pousser à des actions brutales répréhensibles, quel que soit le côté pour lequel on se bat. À sa sortie à l’époque, cet aspect était considéré par erreur comme étant une apologie fascisante de la violence par les critiques, sans doute à cause de son succès commercial (qui a engendré pas moins de trois suites pour le marché de la télévision). Il n’empêche que « THE DIRTY DOZEN » est un modèle du genre et une démonstration efficace qu’une réalisation personnelle peut s’accommoder d’effets spectaculaires.

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