Soylent Green : La faim dans le monde et la privatisation de l’avenir (1973)
Par Mathieu Lemée • 23 septembre 2008 à 0:00
En l’an 2022, la Terre connaît de graves problèmes: surpopulation, réchauffement de la planète laissant plusieurs endroits inhabitables et rendant quasi-impossible la culture des aliments frais et naturels; ce qui fait que les gens sont massés dans des villes tout en mourant de faim. Une gigantesque corporation, la Soylent, se charge de vendre de la nourriture synthétique à la population majoritairement appauvrie qui doit en plus rationner les réserves d’eau pour survivre. Tout cela ne va pas sans quelques émeutes mais les autorités n’hésitent pas à arrêter ceux qui troublent l’ordre public. C’est dans ce contexte qu’un détective de la police de New York, l’inspecteur Thorne, enquête sur le suicide de l’un des actionnaires importants de la compagnie Soylent, qui pourtant était riche et ne manquait de rien. Divers indices mènent Thorne à comprendre que le suicidé avait de gros remords face à aux décisions de la compagnie. Thorne cherche alors à découvrir la véritable source de fabrication des produits alimentaires que la Soylent vend aux masses, alors que des tueurs sont à ses trousses. Thorne découvrira l’affreuse et incroyable vérité derrière les produits vendus par la corporation mais parviendra-t-il à alerter à temps la populace?
Les années 60-70 ayant été un véritable bouillonnement en matière de questions sociales et de réflexions sur l’avenir de l’humanité à l’intérieur de nations pourtant riches, le cinéma de science-fiction a su y trouver de quoi s’alimenter pour illustrer toutes sortes de dystopies futuristes pessimistes ou apocalyptiques dans des films d’anticipation de qualités diverses. Dans le cas de « SOYLENT GREEN », nul doute que celui-ci fait partie des grandes oeuvres du lot. Le sujet du film demeure encore aujourd’hui plus que jamais d’actualité et possède toujours autant d’impact, même pour les nouvelles générations de spectateurs qui découvrent ce long-métrage et en ressortent tout aussi hantées par ses images et ses révélations. En explorant le problème de la faim dans le monde et les dangers de la privatisation à outrance des besoins essentiels, les auteurs ont en effet conçu une histoire forte nous montrant sans édulcorations une vision de l’avenir sombre, voire déshumanisante.
Avec un tel récit, le vétéran Richard Fleischer a su livrer un mise en scène fluide et percutante, nantie d’une superbe photographie, de décors de circonstance et d’une musique adéquate, qui ménage pourtant ses effets jusqu’à la finale, véritable douche glacée pour le public malgré les indices parsemés dans l’intrigue qui l’annonçaient. Sous certains aspects, ce film de S-F possède des attributs propres aux films à catastrophes, très à la mode à l’époque, mais sans qu’on y décèle les éléments spectaculaires artificiels communs à ce sous-genre. Un chef-d’oeuvre impressionnant qui continuera à faire jaser (jusqu’à ce qu’arrive la fin du monde, c’est-à-dire quand il sera trop tard pour agir!). Charlton Heston se montre bien plus en forme que dans un autre film du même genre, « THE OMEGA MAN », et les autres comédiens ne se montrent pas avares de leur talent.
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