L’Aile ou la Cuisse : la gastronomie française contre la malbouffe (1976)
Par Mathieu Lemée • 3 août 2010 à 11:20Trois ans après LES AVENTURES DE RABBI JACOB, Louis de Funès, qui a été victime de deux infarctus, a effectué son retour au cinéma comique grâce à l’audace et l’esprit d’initiative du producteur Christian Fechner, qui a réussi à convaincre les assurances de couvrir la vedette lors du tournage de ce film : L’AILE OU LA CUISSE.
Un guide gastronomique annuel français, le guide Duchemin, fait autorité dans le monde entier. Son concepteur, Charles Duchemin, dispose d’une équipe d’inspecteurs qui font la tournée des restaurants du pays et leurs opinions sans appels comptent pour beaucoup dans le choix des consommateurs qui désirent se nourrir dans un restaurant de qualité. Duchemin lui-même, excellent goûteur, ne dédaigne pas mettre la main à la pâte et il visite lui-même incognito quelques restaurants.
Lorsqu’il apprend que le président d’une chaîne de restaurants servant de la nourriture industrielle, Tricatel, a payé un homme pour dérober la maquette du futur guide en voie d’être publié, Duchemin propose une confrontation en direct à la télévision pour confondre son adversaire devant la France entière. Afin de se préparer à ce match, Duchemin part en province avec son fils Gérard pour faire la tournée des restaurants à la solde de Tricatel. Duchemin ignore cependant que Gérard a monté à son insu un spectacle de cirque où il joue au clown. La confrontation entre Duchemin et Tricatel à la télévision s’annonce comme le titre de l’émission: <>.
À partir d’un sujet intéressant qui est encore toujours d’actualité, soit le problème de la malbouffe et de la nourriture prêt-à-manger en opposition à la tradition gastronomique et la qualité culinaire, le film développe avec beaucoup d’adresse de nombreux gags qui mettent en valeur le talent comique de Louis de Funès, même si l’on sent qu’il contrôle son jeu et se retient quelque peu pour raisons de santé.
Le réalisateur Claude Zidi a su, grâce à un rythme rapide et des scènes brèves, exploiter à merveille le thème de base qu’il agrémente de moments comiques hilarants et extravagants. Il a également su utiliser le potentiel comique particulier de l’humoriste Coluche, qui interprètait ici son premier grand rôle au cinéma (rôle proposé d’abord à Pierre Richard qui refusa), afin de compléter celui fort différent de de Funès.
La recette du tandem comique disparate fonctionne donc encore pour le grand plaisir du public, l’intrigue demeure assez fluide malgré quelques segments épisodiques, et la mise en scène est réglée au quart de tour. Notons en plus, ce qui ne nuit pas, la performance de Julien Guiomar qui compose un Tricatel parfait de suffisance.
L’AILE OU LA CUISSE est une très belle satire jubilatoire qu’il vous faut regarder sans plus attendre sur DVD… Juste avant le documentaire SUPER SIZE ME si vous avez envie de compléter votre leçon de nutrition!
Par Mathieu Lemée
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