DimancheMatin.com | L'ART de bien commencer la semaine...   

Pierre Lapointe – La Forêt des Mal-Aimés (2006)

Par • 9 janvier 2007 à 22:29

Le premier disque du génie qu’est Pierre Lapointe m’a donné du fil à retordre. J’ai dû l’écouter plusieurs fois afin d’en saisir les nuances, les allusions délicates, la beauté cachée. Je me suis plongé dans un univers où sexe, figure maternelle, amour et mort s’entrelacent avec une harmonie peu commune, si inusitée que j’ai dû prendre le temps de m’accoutumer à la chose. Lorsque cela fut fait, c’était un plaisir que d’écouter sa musique enchanteresse, car elle l’est, cette musique. On y embarque comme dans un bordel : on est mal à l’aise au début, mais on s’habitue peu à peu pour découvrir tous les plaisirs sains qui s’y trouvent, cachés des regards superficiels.

 

Pour le deuxième disque, la « Place des Abbesses » laisse place à une « Forêt des mal-aimés » qui ne cesse de nous envoûter. Cette forêt, on l’explore au fil de l’album tout à fait divergent du précédent. Même le contact visuel est remarquable. On voit sur la couverture un Pierre Lapointe qui, contrairement à la pochette de son premier disque, regarde le spectateur avec un air de défi. Il nous fixe avec confiance, il n’est pas embarrassé de montrer au monde sa forêt.

 

Et que pouvons-nous y trouver dans cette forêt ? Qu’est-ce qu’on y entend ? De la batterie plus que rythmée, du violon dont les coups d’archet nous arrachent des pincements au cœur et du piano, du piano qui ne touche pas au cœur, mais à l’âme, directement. Le tout est amalgamé avec des violoncelles, du clavecin, de la guitare, de la clarinette, de la flûte traversière… Et la voix. Indescriptible. On entre dans cette forêt des mal-aimés avec l’envie, dès le début, de s’y perdre à jamais. On scrute les profondes cavités de l’esprit du poète, on voltige avec lui sur des airs tantôt légers, agréables, libérateurs, tantôt sombres, lourds, obscurs. On vole, on tombe, on remonte, on virevolte… le rythme est ensorcelant, la féerie nous emporte au milieu des « murs tapissés de fleurs » de « cette forêt aux coins perdus ».

 

Ouf… mais qu’est-ce que cette envolée lyrique ? Je reviens sur Terre : cet album est bon, voire excellent. Je vous le recommande. Vivement.

 

*****

Par
Lire les 99 articles par

Cet article a été lu 2175 fois au total, 1 fois aujourd'hui

4 Réponses »

  1. Je ne possède aucun des albums de Pierre Lapointe, mais je les ai entendus à plusieurs reprises. J’aime beaucoup cet artiste. Mais je l’entend si souvent que j’ai l’impression de ne pas avoir besoin d’acheter ses disques (eh eh).

  2. J’aime Pierre Lapointe. Il fait partie de la catégorie d’artistes qu’on adore ou déteste; parlez-en autour de vous et vous verrez… Quoique son arrogance en spectacle soit un peu (beaucoup ?) irritante, il est incontestablement l’égal des grands de la francophonie, toutes époques confondues. Ses deux meilleures chansons (à mon avis) sont ‘Pointant le Nord’ et ‘L’endomètre rebelle’, véritables tours de force, autant par leur propos que par leur originalité musicale.

  3. Je suis littéralement tombé en amour avec Pierre Lapointe quand j’ai entendu Columbarium pour la première fois. À ça s’ajoute la forêt des mal-aimés et l’endomètre rebelle.
    C’est un gars intelligent, j’adore le sens caché qu’il donne à ses chansons.

  4. Comme a dit Richard, Pierre Lapointe, on l’adore ou on le déteste. Je n’ai pas vraiment été convaincu par lui, peut-être du fait que je ne le connais pas suffisamment bien et que sa voix n’est pas magique à mes oreilles, mais je suis du camp qui l’apprécient moins, ma blonde dans le camp des fanatiques fous furieux.

Laisser un Commentaire