Les fils de l’homme (2006)
Par Amélie Roy • 21 janvier 2007 à 16:04Un petit-déjeuner avec un ami de longue date, on jasait de notre jeunesse passée et de nos nouvelles responsabilités d’adultes. On a parlé d’enfants, on a rit, on était joyeux. Nous sommes allés au cinéma par la suite pour voir un film que l’on espérait léger et digne d’un dimanche midi. Deux heures plus tard, on se rassoit dans l’auto, on se regarde dans les yeux, on soupire et on s’en va. J’ai le cœur en miettes.
Ce film a fait chahuter des milliers de pensées et de sentiments dans nos cœurs, je suis bouleversée. Cette fois encore, j’ai choisi ce film sur un coup de tête sans vraiment savoir à quoi m’attendre. J’avais vu que la critique était plutôt ordinaire et la description du film était quand même un peu attirante. Mais jamais je ne me serais attendue à ce que je viens de voir et de vivre!
Le film se situe en 2027 dans les environs de Londres ou ce qu’il en reste… Ère où les fusils mènent le monde, où les cafés explosent à tous les coins de rue et où la trousse de suicide est annoncée à la télévision, il n’existe plus aucune femme fertile sur la terre. Le plus jeune humain vient de mourir à 18 ans et tous les terriens pleurent sa mort. Un homme plus qu’ordinaire devient le protecteur d’une femme, enceinte. Il doit conduire cette femme à un endroit précis où un bateau la mènera à un endroit sûr pour son bébé. En chemin, la femme accouche et plusieurs obstacles les ralentissent dans leur épopée.
Je vous décris ce film sans vous donner de noms ou de précisions puisqu’il s’y passe des choses très invraisemblables. Je trouve aussi que la fin n’était pas au bon moment, mais sérieusement, je m’en fiche! Chaque coup de fusil tiré m’a brisé le cœur car il me rappelait la fragilité de cet univers déjà écroulé. Chaque image m’a fait frémir par la réalité probable de ce qui se passait! C’est possible et cette violence de tous les jours existe déjà dans certains pays.
Dans la prochaine phrase, je vais vous révéler ma scène préférée qui est aussi une des dernières du film alors sautez au prochain paragraphe si vous ne voulez pas savoir la fin du film. La scène qui a fini de m’achever est celle lorsque l’homme et la maman sortent de l’immeuble bombardé d’une part par les rebelles et d’autre part par l’armée. La femme a le bébé qui hurle dans les bras et, tout d’un coup, le général de l’armée crie au « cessez-le-feu ». Tout ce qu’on entend, c’est le bébé qui pleure. Pendant que l’homme, la femme et l’enfant marchent vers la sortie, tous les gens sur leur chemin, sans exception, se retournent et regardent le bébé. Certains chantent, d’autres s’agenouillent et prient, d’autres pleurent, mais c’est le silence le plus complet pendant 2-3 minutes. Soudainement, un coup est tiré, tous reprennent leur fusil et la guerre recommence comme si tout le monde avait déjà oublié. En 2027, la paix se résume à 5 minutes dans une journée, imaginez 5 minutes à ne pas se faire tirer dessus.
Comment peut-on perdre l’espoir si facilement? Pendant mon déjeuner, je me disais que je comprenais les gens qui ne voulaient pas d’enfants dans la société dont nous sommes issus mais si nous ne faisons pas des enfants, qui d’autre va nous donner l’espoir qu’un jour nous avons des chances d’être meilleurs ? Dans notre siècle qui évolue plus vite que nous, nous ne sommes pas à l’abri de ce désastre tel que montré dans le film. Le chacun-pour-soi est la mode de nos jours et il nous conduira à la faillite, la débandade de notre planète. En 2027, j’aurai 47 ans, normalement un peu plus de la moitié de mon espérance de vie. Ce n’est pas si loin que ça 2027, mais est-ce qu’on peut vraiment y faire quelque chose ou bien doit-on se résigner à la fatalité de demain ? Ce film m’a touchée et il a remis mes vraies valeurs à la bonne place. Je vous le conseille, immédiatement et absolument!
Par Amélie Roy
Lire les 74 articles par Amélie Roy
Cet article a été lu 2185 fois au total, 2 fois aujourd'hui
Wow…
Un film touchant, ça. Tu réussis tellement bien à trouver tous les moindres mots pour nous toucher sans même qu’on ait vu ou même entendu parler de ce film.
Mes meilleures félicitations pour tes critiques incroyables, Amélie 😉
Merci Alexandrine pour ce très gentil commentaire! Je n’aime pas dire d’un film que je l’ai aimé ou que je l’ai détesté. Je préfère essayer d’expliquer ce que j’ai ressenti quand j’ai vu le film. Il n’existe pas beaucoup de film que je voudrais revoir parce que lorsque je les regarde la première fois, je les absorbe avec tout mon être. Ce que je vous transmets est l’émotion qui a envahi mon coeur et ma tête pendant le visionnement. C’est ma façon de commenter un événement culturel ou artistique.
Tu as raison, Amélie. Quel film exceptionnel… Dur, éprouvant, mais vraiment inoubliable. Je l’ai d’ailleurs coté 9/10, note que j’accorde à moins de 10 films par année, c’est dire !
Amélie si tu as aimé le film, saches qu’il est basé sur un roman! C’est l’histoire inventée par la romancière britannique P.D. James et le titre est Children of men. Ton amour pour les livres va sûrement t’amener à le lire un de ces jours! Enfin, cette histoire lui a été inspirée parce qu’en 1992 une étude disait que la qualité du sperme humain était de moins en moins bonne depuis les années 1930. Cette étude est maintenant controversée puisque la taux d’infertilité a baissé avec les années… ou est-ce que parce que les occidentaux ont moins de bébés qu’il a baissé? À lire : Cahier Actuel La Presse, 22 janvier 2007.
Bonjour Amélie,
D’abord, je dois t’avouer que je n’ai pas vu le film. Toutefois, seulement à lire ton texte, c’est déjà venu me chercher. À la fin de ton texte, tu poses plusieurs questions… Entre autres, si on peut vraiment y faire quelque chose ou si on peut seulement se résigner…
Eh bien, si nous demeurons attentifs à tout ce qui se passe autour de nous, nous sommes déjà en train d’y changer quelques choses. Toi même en écrivant cette critique et en te posant ces questions, tu participes déjà au changement en conscientisant les gens à ce qui ne va pas dans notre société.
Je t’assure que les gens de ta génération et la nouvelle qui suit de près, sont très impliqués à créer une planète où il fera bon vivre.
Félicitations pour ce travail!
Merci de l’information Catherine, je vais vraiment devoir lire ce livre tout-à-fait réaliste!
Marc-André, je suis du genre à me poser beaucoup de questions et à en changer mes habitudes quotidiennes mais je me sens impuissante face à l’immensité du problème et à la petitesse que je représente… Merci pour tes bons commentaires !