Le banquet : un plat inégal (2008)
Par William Beretta • 18 janvier 2009 à 20:36Bertrand (Alexis Martin) est un professeur d’université aux prises avec un étudiant qui lui donne du fil à retordre : Gilbert (Benoît McGinnis). Louis-Ferdinand (Frédéric Pierre) est un leader étudiant qui tente de gérer une crise qui menace de déborder. Le recteur de l’université (Raymond Bouchard), lui, administre les vagues du milieu étudiant avec les outils qu’il connaît. Natasha (Catherine de Léan), mère célibataire toxicomane, essaie d’améliorer sa vie malgré tous ses déboires. Tous ces personnages gravitent autour d’un événement qui changera la vie des Québécois.
L’objectif du film Le banquet est de susciter une réaction de par son propos, de forcer la société à avoir un débat plus approfondi sur des sujets qui ont tendance à n’être abordés qu’en surface. L’exemple de l’éducation postsecondaire est évident. Le banquet fait apparaître le côté sombre de notre système de l’éducation. Les recteurs cyniques, les cancres nivelant tout vers le bas, les étudiants voulant manifester à tout prix, les extrémistes qui saccagent tout… Le portrait des universités québécoises n’est pas très joli. Que l’on soit en accord ou non avec le propos, il faut avouer que ce film provoque les choses, qu’il met à l’avant-plan un débat complexe qui mérite que l’on s’y attarde. Bref, Le banquet remplit ce premier objectif.
Toutefois, le désir de susciter une réaction l’emporte sur la volonté de construire une œuvre d’art cohérente et recherchée. C’est à ce niveau que le film me dérange. Ce ne sont pas les scènes de violence ou le jeu des acteurs qui me posent problème, mais bien le manque de finition dans l’ensemble de l’œuvre. D’ailleurs, les acteurs font de l’excellent travail, et il faut le souligner. On note qu’Alexis Martin est égal à lui-même (c’est-à-dire très crédible) tandis que Benoît McGinnis est surprenant dans son rôle de l’étudiant le plus désagréable que le système d’éducation québécois a enfanté.
Cependant, certains éléments du film laissent à désirer. Par exemple, l’utilité du personnage de l’étudiante amoureuse de son professeur est discutable. De plus, la scène finale remplie de violence est peut-être utile au propos, mais on voit mal comment le personnage en question peut se rendre, de manière cohérente, jusqu’à commettre ce genre d’acte. Enfin, la structure du film diminue l’attachement du spectateur aux personnages. Chaque trame narrative est développée indépendamment pour converger vers un même point à la toute fin. Cette structure n’est pas mauvaise en soi, mais dans Le banquet, on est catapulté d’un personnage à l’autre sans qu’il y ait de lien apparent avant la toute fin. On pourrait donc conclure que les parties individuelles du film sont excellentes, mais que la somme de ses parties l’est un peu moins.
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Par William Beretta
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Ça remonte au moins de septembre, mais je vous propose la lecture d’une critique pigée sur le blogue du collectif de Montréal de l’UCL.
Le Banquet : un mouvement étudiant massacré.
http://nefacmtl.blogspot.com/2008/09/le-banquet-un-mouvement-tudiant-massacr.html