Irréversible – Une Monica Bellucci sous un autre angle… (2002)
Par William Beretta • 1 janvier 2008 à 23:55Alex (Monica Bellucci) assiste à une fête et, à la suite d’une dispute avec son copain Marcus (Vincent Cassel), elle décide de retourner chez elle. Elle emprunte un tunnel dans lequel un homme se dispute avec une prostituée. L’homme laisse fuir la prostituée et commence à attaquer Alex. Il la viole sauvagement avant de la battre à répétition. Lorsque Marcus apprend la nouvelle, il devient fou de rage et tente de retrouver l’assaillant de sa copine dans un bar gay sadomasochiste afin d’accomplir sa vengeance.
Peut-être vous direz-vous que je vous ai « volé le punch » d’Irréversible, mais rassurez-vous, il ne s’agit nullement d’un film à « punchs ». En effet, Irréversible est découpé en séquences présentées dans un ordre chronologique inversé. On commence par la fin du film et on remonte, petit à petit, aux événements qui ont amené Marcus à se venger. La chronologie inversée ne correspond qu’à un aspect parmi une multitude qui rend ce film complètement atypique et déstabilisant. Les plans de caméra, par exemple, ne cessent de tourner jusqu’à nous donner le vertige. Les contrastes de couleur et les jeux d’éclairage sont probablement savamment pensés dans l’objectif précis de nous donner la nausée. Ajoutez à cela un bruit de fond à basse fréquence, difficilement audible pendant les trente premières minutes du film, visant à provoquer un malaise chez le spectateur — croyez-moi, on le ressent… — et vous obtenez un film tout à fait inaccessible à la masse. Vraiment. Et je ne me suis pas encore penché sur le contenu…
Le résumé vous a mis la puce à l’oreille : il y a du sexe et de la violence dans Irréversible. Habituellement, lorsqu’il y a du sexe dans un film (surtout si cela implique Monica Bellucci), peu de gens sont choqués, si l’on oublie les chrétiens un peu trop « by the Book ». Même chose pour ce qui est de la violence. Or, l’amalgame des deux engendre un malaise certain et c’est précisément sur ce malaise que le réalisateur Gaspard Noé oriente cette œuvre en particulier. Au début du film (c’est-à-dire à la fin de l’histoire), le sexe est partout et la violence aussi. Les deux sont d’un réalisme si cru que le spectateur se perd dans un tourbillon troublant de sensations. D’ailleurs, la scène de viol (qui s’éternise sur un long neuf minutes de supplice) est cruciale dans la mesure où elle met en évidence un choix chez le spectateur : continuer, ou lancer le film au bout de ses bras.
Tout cela et bien d’autres choses encore font d’Irréversible un film qui défit son auditoire, ce qui est tout à fait louable. Le spectateur est laissé à lui-même, avec son malaise physique, psychologique et éthique. Le choc est réel, certes, mais il nous est permis de demander un « pourquoi ? » bien franc et honnête. Pour le plaisir de choquer ? Pour l’innovation cinématographique ? Pour l’esthétisme de la chose ? Encore une fois, nous sommes laissés à nous-mêmes.
***½
Par William Beretta
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Dur, dur, ce film ! Lors de la projection, pas moins de 3 journalistes (toutes de sexe féminin) avaient quitté la salle sans y revenir. D’un traitement original quoique terrifiant, ce long métrage n’est définitivement pas pour tous les goûts. Durant la scène de viol (d’une incroyable barbarie), la caméra est fixe, doublant notre impuissance à secourir la pauvre victime. Quant aux motivations des vedettes et des artisans, elles demeurent obscures et ce, malgré les nombreuses entrevues accordées lors de la sortie du film…
On parle de trois journalistes, payées pour assister à l’entièreté de la représentation afin d’en faire la critique ? C’est quand même remarquable, tout de même.