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Grindhouse (2007)

Par • 9 avril 2007 à 0:02

Quentin Tarantino doit être le seul gars à Hollywood à pouvoir se vanter de faire ce qu’il veut avec ses films et obtenir du succès quand même : gros guns manipulés par des psychopathes, giclées d’hémoglobine, montages en casse-tête, acteurs réputés pourris et recyclés pour pas cher… Bref, il a la golden touch. Même ses p’tits copains peuvent se prendre pour le roi Midas avec lui dans l’équipe. C’est le cas de Robert Rodriguez, qui présente la première moitié de Grindhouse, un film de zombies appelé Planet Terror, alors que Tarantino complète le programme double avec Death Proof.

 

L’oeuvre en deux parties débute avec une première fausse bande-annonce pour le film Machete, un montage déjà sanguignolent, sexiste et hyper-violent. Ensuite, pour les 90 minutes suivantes, on casse du zombie en compagnie de Cherry (Rose McGowan), de son ex Wray (Freddy Rodriguez) et de quelques survivants super sexy. Les clichés s’empilent à un rythme effarant, entrecoupés par quelques pustules éclatées et des hectolitres de sang. Évidemment, 1. le tout profite d’un montage et un rythme à couper au couteau, 2. rien n’est pris au sérieux alors si vous criez à la censure et/ou vous vomissez sur le voisin d’en avant, vous n’avez rien compris. L’humour est aussi au rendez-vous, ce qui tend à alléger l’atmosphère au demeurant glauque et terrifiante. Aucune leçon à tirer ici, si ce n’est des leçons de cinéma. Excellente première partie.

 

Débute alors une série d’autres faux previews pour des films qui, heureusement, n’existeront jamais. Après l’hilarant Don’t, la parodie Thanksgiving et le ridicule Werewolf Women of the SS, commence (lentement) Death Proof, la nouveauté issue du cerveau malade de Tarantino (qui, soit dit en passant, fait une apparition remarquée dans les deux films). Le réalisateur a déjà prouvé son flair pour trouver des acteurs que l’on croyait à chier, et qui finalement sont / étaient plutôt cool (Harvey Keitel dans Reservoir Dogs, John Travolta dans Pulp Fiction, Pam Grier dans Jackie Brown, Darryl Hannah dans Kill Bill, pour ne nommer que ceux-là)… Celui qui touche le jackpot dans celui-ci, c’est Kurt Russell. À la fois diabolique et étonnant dans le rôle de Stuntman Mike, Russell s’amuse dans ce volet à tuer des filles (un peu naïves) qui acceptent d’embarquer dans son engin de la mort, une Chevrolet Nova ’70 ornée d’une tête de mort. Mais il trouvera son match avec trois demoiselles trippeuses de char. Cette section, si elle présente quelques longueurs en débutant (les dialogues de Tarantino ont déjà eu plus de mordant), contient cependant la meilleure scène d’action qu’il m’ait été donné de voir depuis des années : la poursuite en voiture, qui occupe presque toute la dernière demi-heure, est à couper le souffle. Mission accomplie pour Tarantino également.

 

Dans cette double portion de films de série Z dans le plus pur style des années 60 et 70, les deux réalisateurs et les acteurs dépassent toutes les espérances ; si vous aimez le genre, vous dégusterez chacune des 188 minutes que dure ce montage décousu où les bobines de films sont absentes au moment le plus inopportun, où les dialogues tournent parfois en boucle, et où la qualité de l’image ne justifie en rien votre futur achat sur Blu-Ray. Sa-vou-reux.

 

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6 Réponses »

  1. Pour un fanatique de Tarantino comme moi, c’est très rassurant de lire ça. Je meurs d’envie d’aller voir ces films. Merci de me rappeler que je me dois d’aller voir ce chef-d’oeuvre amoral.

  2. OK, après visionnement, je confirme : cinq étoiles pleinement méritées. Honnêtement, « Planet Terror » m’a fait rire aux larmes et « Death Proof » est un Tarantino égal à lui-même, c’est-à-dire inégalable. L’ensemble est un bijou. Et les previews valent le prix d’entrée à eux-seuls.

  3. Tu me diras ce que t’en penses, William, mais les meilleurs bouttes dans Planet Terror d’après moi : la petite moto, la pustule sur la langue, les couilles fondantes de Tarantino, la scène de baise avec la jambe de bois. Dans Death Proof : la longue poursuite de char (bien sûr), le face-à-face et la dégelée de Kurt Russell. Et t’as raison, quelles délicieuses bandes-annonces (« It’s blood… »Son of a bitch ! » LOL).

  4. Voici mes meilleurs bouts: pour Planet Terror, la baise, la petite moto, le karaté, Fergie qui se penche, la scène de Tarantino, les mains gelées pour ouvrir le char (ça ressemblait un peu à Jim Carrey dans Ace Ventura quand il se fait tirer du tranquillisant dans les bras, un autre grand moment du cinéma).
    Pour Death proof, les (trop) nombreux zooms sur des pieds, Jasper/Buck et la cheerleader, la poursuite de char (comment ont-ils pu réaliser ça sans SGI, je me le demande…), Kurt Russell qui s’enfuit comme une fillette.
    Et ce que je retiens des bandes-annonces se formule en deux phrases : « He’s going to deliver justice, one shell at the time! » et « They’ve messed with the wrong Mexican! »
    J’en ris encore…

  5. Wouah ! Faut que j’aille le revoir…
    « They’ve messed with the wrong Mexican » LOLOL

  6. Après avoir vu les deux films en questions, je dois dire avoir grandement préféré Death Proof. Mon top 10 de 2007 en témoigne. D’ailleurs, chapeau Habel. C’est la meilleure critique que j’ai lu de toi. C’est merveilleusement bien foutu ce texte.

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