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Éditorial

Ah Noël, tu me déchires!

Par • 30 novembre 2010 à 13:04

Noël. Fête maléfique. Période de réjouissances maudite. Pourquoi fais-tu ressortir le pire de ma personnalité ?

Tiens, pas plus tard qu’hier, soumis à ton emprise, je me suis procuré l’album double du Noël d’Edgar Fruitier, question de m’intoxiquer encore plus de toi, même dans mes moments intimes. Cela ne te suffit-il pas que toutes les stations radiophoniques de l’Occident reprennent en choeur tes cantiques, tes mélodies ? Ne sais-tu pas que j’ai encore, suprême quétainerie, de tendres souvenirs sonores de ce vinyle de 1974 que mes parents faisaient jouer en boucle tout le mois de décembre, cette galette de Lucien Hêtu qui jouait de l’orgue comme un possédé festif ? Tu m’entoures de tes chansons, tu m’encercles de tes grelots, tu me fais revivre le passé !

Parlons-en, du passé… chaque année, tu me fais nostalgiquement rechuter en enfance. Noël, sais-tu ce que c’est, à 31 ans, de revenir vingt-cinq ans en arrière, puis de revenir subitement dans la dure réalité, la molle routine dès que janvier se pointe le bout du nez ? Je suis un homme de mon temps, Noël, et tu me fais perdre le mien.

Ou plutôt, pire, tu me mets sur pause. Tu arrêtes l’ineffable écoulement de l’eau dans la clepsydre. Tu me tortures en rouge, en vert, en blanc. Je ne vis, je n’avance qu’onze mois par année, par ta faute !

À cause de toi, se promener dans les allées de la section des Fêtes chez Zellers me semble une activité amusante ! Les bâtiments les plus laids reprennent vie derrière quelques malheureuses ampoules colorées ! Les gros barbus habillés de rouge deviennent pour moi les gens les plus sympatiques au monde ! Tes airs connus conservent tout leur charme même lorsqu’ils sont fredonnés par Mariah Carey ! Par quel artifice réussis-tu tous ces prodiges, Noël ? Comment arrives-tu, chaque année, à me sortir du train-train quotidien et à me flanquer sournoisement un sourire aux lèvres dès que l’on t’évoque vaguement ?

Ah, Noël… le pire, c’est que l’hiver devient triste, quand tu me quittes. C’est ça, le problème avec toi : en décembre, c’est une saison ; en janvier, c’est de la maudite neige sale. En décembre, l’hiver fait partie du décor ; en janvier, je veux passer tout ce décor frisquet au lance-flammes. En décembre, je plane ; en janvier, je suis un junkie en manque. Comment oses-tu jouer avec mon imaginaire, Noël ?

Ah, et puis j’abandonne. Je vais de ce pas me promener dans les rues de la ville, pour m’émerveiller béatement devant les décorations de monsieur et madame tout-le-monde. J’observerai secrètement les gens emmitouflés dans leurs chauds habits, qui eux aussi se laissent aller à éprouver de la joie à l’évocation de ton retour prochain. Et je ferai peut-être un petit tour dans un centre commercial anonyme, pour m’attendrir devant le spectacle des enfants qui prendront place sur les genoux d’un personnage de ta création, les yeux écarquillés par ta magie.

Tu m’as eu, Noël. Cette année encore.

Pour rester dans l’esprit de Noël, nous vous suggérons aussi de lire les quelques billets suivants :
Noël, souvenirs enneigés par Marion Andreoli
Mes constats sur Noël par Pierre-Luc Gagnon
Jeux de party de Noël et du jour de l’an par Amélie Roy

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Une Réponse »

  1. Il y avait trop longtemps que tu ne nous avais pas écrit un billet! Nous aussi, on devient junkie à te lire! Profite bien de ces lumières festives et diaboliques du temps des fêtes mon cher ami 🙂

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