Incendies : L’homme et la bête (2010)
Par Dominique Fortier • 5 avril 2011 à 14:20Lors d’un procès, c’est extrêmement difficile de trouver un jury dont l’opinion ne sera pas affectée par ce qu’il sait déjà de la cause qu’il doit prendre en délibéré. C’est la même chose lorsqu’on doit critiquer un film qui a déjà reçu tous les honneurs possibles. Je vous offre donc le plus objectivement ma critique du « film de l’année » Incendies du cinéaste bien de chez nous, Denis Villeneuve.
Incendies nous présente l’histoire de deux jumeaux interprétés de belle façon par Mélissa Désormeaux-Poulin et Maxim Gaudette qui, suite à la lecture du testament de leur mère, partent à la recherche de leur frère et de leur père. Frère dont ils ignoraient l’existence et un père qu’ils croyaient mort. Et voilà, la table est mise. On suit donc le parcours des jumeaux qui apprennent au fil de leur voyage des vérités bouleversantes sur leur famille. Lubna Azabal qui a décroché un Jutra pour son interprétation de Nawal, la mère de Simon et Jeanne nous ramène là où tout a commencé. Les horreurs et les violences dont elle a été témoin et victime avant de déménager au Canada.
Villeneuve illustre de très belle façon le climat de peur et de violence dans lequel plusieurs pays arabes sont plongés. De quelle façon les femmes sont (mal) traitées et abusées. Un regard désolant sur la réalité humaine qui sévit au Moyen-Orient et sur la bestialité de l’homme. Heureusement que le personnage d’Azabal est persévérant et déterminé. Ça jette un baume sur toutes les atrocités commises par les hommes.
On a beaucoup parlé de la réalisation de Denis Villeneuve. Avec raison. Alors qu’il aurait pu sombrer dans des scènes où la violence est omniprésente, il préfère laisser le spectateur s’imaginer ces scènes. Merci.
Est-ce un bon film? Oui sans aucun doute. Surtout le dénouement qui est tout aussi surprenant que déchirant. Chapeau d’ailleurs à Mlle Désormeaux-Poulin dans les dernières scènes qui est d’une crédibilité poignante. Mais est-ce un grand film? Là-dessus, je vous laisse juger.
[rating:3]
Par Dominique Fortier
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J’ai (enfin!) loué Incendies hier. Un peu comme tout le monde, j’en avais entendu parler PARTOUT et à maintes reprises. Avec tout ça, j’ai été très heureux de constater que personne n’avait encore brûlé le dénouement de l’histoire.
Mais est-ce un grand film? Je dirais oui. Mais pas un chef-d’oeuvre.
Je m’explique. Un grand film, au Québec, c’est un film duquel on pourra encore parler avec autant d’éloges dans 5 ans… dans 10 ans. Et je crois que c’est le cas avec Incendies.
Un chef-d’oeuvre, c’est un film qui dépasse son maître, un film qui établit de nouvelles bases en cinéma, un film qui devient un modèle pour son époque. Ce n’est pas le cas pour Incendies… mais Denis Villeneuve est encore jeune. Je lui prédis un chef-d’oeuvre dans sa carrière.