99 francs : Des slogans bien cokés (2008)
Par William Beretta • 23 mai 2008 à 18:31
Octave (Jean Dujardin) exerce la profession de rédacteur publicitaire. C’est lui qui conçoit les pubs qui éventuellement verront le jour et, ultimement, orienteront la consommation des gens. Il travaille pour Ross & Witchcraft, la plus prestigieuse agence de publicité au monde. Par conséquent, son train de vie est très élevé : argent, filles, drogue… Tout est à sa portée. Or, un jour, Octave craque. Il n’en peut plus. Et les conséquences seront grandes.
99 francs est un film rempli d’humour sur l’univers de la publicité, mais un monde vu de l’intérieur pour en faire ressortir les éléments les plus visqueux et poisseux. On y présente des personnages détestables, mais vraiment détestables, et c’est ce qui rend le film efficace. Il ne faut pas se le cacher : 99 francs a été conçu pour éveiller les consciences sur le phénomène toujours grandissant de la publicité. Dans le film, on envisage le public comme une donnée aisément manipulable. L’idée n’est pas nouvelle, mais cette fois, le spectateur est directement concerné. Il se sent comme un produit de consommation, littéralement. Et lorsqu’il voit cet Octave et ses confrères le manœuvrer à sa guise, le malaise s’installe. Il s’installe, ce beau malaise, et il reste, bien à son aise, pendant tout le film. Et même après.
Par ailleurs, le héros du film est paradoxal. Si certains antihéros sont attachants tout en étant méchants, violents ou ce que vous voulez, Octave est franchement désagréable au départ. Il a tout pour être le pire des trous de cul. Il s’adresse même au spectateur pour le narguer, encore et encore. C’est lorsqu’il a ses premiers moments de faiblesse qu’il devient attachant. Et comme il tombe de haut, l’effet est tangible. Jean Dujardin joue son personnage à merveille, et ce, même s’il a parfois des airs de Brice de Nice. On suit la vie d’Octave avec un rythme chaotique, de multiples commentaires du personnage sur sa propre vie, des scènes tirées d’un trip d’acide, etc. Tout ça, avec des slogans accrocheurs et de beaux angles de caméra comme toile de fond. À voir, pour voir l’envers du décor.
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Par William Beretta
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…Et la référence au livre de Beigbeder dans tout ça ?
Tu viens de le plugger.
Et d’ailleurs, ça devient un peu cliché de parler du livre dans les critiques de films. Après tout, le sujet c’est le film et non le livre! Anyway, tout le monde connaît ce bouquin, c’est d’ailleurs pourquoi il a été adapté au cinéma!
Le but n’était pas de plugger une référence, mais plutôt de parler de l’adaptation du roman à l’écran. Ça peut te sembler cliché, mais je crois que ça peut être intéressant lorsque l’oeuvre littéraire de base expérimente au niveau de la trame narrative, comme le fait Beigbeder d’ailleurs.
Le roman 99 F ne m’avait pas déplu mais, à la longue, il devenait diablement répétitif. Ceci dit, l’insupportable Octave fait partie de ces antihéros qu’on prend un vif plaisir à détester. Je suis convaincu que Jean Dujardin y est, comme toujours, formidable. Et ton texte, William, pique vraiment ma curiosité… Promis, j’irai voir ce film !
J’ai vu le film hier… je dois avouer que j’ai adoré. L’aspect psychologique d’Octave est exploité de façon merveilleuse, tandis que Jean Dujardin est à son meilleure, comme toujours.