Jimmy Beaulieu / -22ºC
Par Pierre-Luc Gagnon • 9 février 2007 à 7:01Jimmy Beaulieu n’a commencé à faire de la bande dessinée sérieusement qu’en 1998. Presque dix ans plus tard, cet hyperactif aura pratiquement fait tous les métiers reliés au domaine du dessin en case : éditeur, libraire, critique, commissaire d’expositions, conférencier, traducteur, animateur d’atelier et évidemment auteur (sinon vous ne seriez pas en train de lire un texte sur l’un de ses bouquins). Intéressons-nous à -22ºC, le troisième de ses cinq albums, paru en 2003.
Ce petit livre au titre froid et aux couleurs tout aussi froides (couverture grise bleutée, intérieur noir et gris) renferme des images beaucoup plus chaleureuses. Jimmy Beaulieu nous invite dans l’intimité d’une jolie jeune fille, lors d’une matinée banale au cours de laquelle elle s’adonne à des activités normales. Elle se lève, réveillée par son chat, écoute de la musique, prend sa douche, s’habille, nourrit sa bête, déjeune et file en vitesse. L’air de rien, je viens de vous résumer les quelque 50 pages du livre. Mais ce n’est pas ça l’important…
Dans les livres de Beaulieu, il ne faut pas chercher le récit dans le quotidien, mais plutôt admirer la douceur causée par l’inertie de ce même quotidien. Il faut s’abandonner aux gestes ordinaires pour apprécier cet art peaufiné. Le charme d’une fille qui s’étire, son innocence lorsqu’elle se promène à moitié nue dans son appartement, sa beauté lorsqu’elle se tord les cheveux en sortant de la douche… ça peut être grandiose.
Avec cet album, Jimmy Beaulieu démontre qu’il est capable de tracer les contours de la femme avec beaucoup d’émotion et de respect, mais au-delà de ça, il confirme sa présence parmi les grands noms de la BD au Québec.
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