2001 : A Space Odyssey, un voyage dans les confins de l’abstrait (1968)
Par William Beretta • 12 octobre 2007 à 0:00Le film que je vais vous présenter dans cette chronique n’est pas un film comme les autres. Il y a très peu de dialogues, une chronologie atypique, des personnages plus ou moins développés, des éléments difficiles à interpréter… Pourtant, il s’agit d’une des œuvres d’art qui ont marqué l’histoire du cinéma à jamais.
2001 : A Space Odyssey se divise en quatre parties. Dans la première partie, la Terre est dominée par de grands singes qui sont en compétition pour les sources de nourriture. Lorsqu’un groupe de primates entrent en contact avec un gigantesque monolithe noir, ils deviennent un peu plus bipèdes, ils apprennent à utiliser des outils (dans ce cas-ci, un fémur comme arme contondante)… Ils deviennent de plus en plus humains. Dans la deuxième partie, des scientifiques découvrent un monolithe noir sur la Lune et décident de l’examiner, mais l’expédition tourne mal. Dans la partie suivante, un groupe d’astronautes se rend vers Jupiter à bord d’un vaisseau contrôlé par un ordinateur : HAL 9000. La mission ne se passe pas comme prévu, ce qui mène à la quatrième partie, que vous devrez voir par vous-même.
Ce film de Stanley Kubrick n’est évidemment pas pour tout le monde. Les amateurs d’action ou d’histoires d’amour regarderont ce film avec un gros point d’interrogation sur leur front et des yeux semblables à ceux d’un chevreuil qui fixe les phares d’une automobile. En revanche, 2001 : A Space Odyssey est une perle rare, une expérience cinématographique hors de l’ordinaire. Je crois sincèrement qu’il est impossible de visionner ce film et de comprendre tout le contenu la première fois, la deuxième et même les fois subséquentes. En fait, plusieurs livres ont été rédigés afin d’expliquer la théorie derrière le film, sans jamais arriver à un consensus. Par exemple, le monolithe noir, qui oriente l’œuvre à travers ses parties, est sujet à de multiples interprétations allant des plus classiques (l’interprétation nietzschéo-darwinienne du saut dans l’évolution) aux plus marginales (l’interprétation de l’écran noir renversé).
La force de ce film réside, entre autres, dans l’amalgame du réalisme et du symbolisme. D’une part, le réalisme (au sens de « proche de la réalité ») est frappant pour un film de cette époque. Les scènes impliquant les primates sont à couper le souffle, de même que le réalisme des scènes dans l’espace. L’état d’apesanteur est respecté, certes, mais le silence total dans le vide aussi. N’en déplaise aux fans de Star Wars, mais jusqu’aux dernières nouvelles, la physique nous confirme que le son a besoin d’un milieu pour se propager. D’autre part, Kubrick utilise aussi un symbolisme à la limite de la santé mentale. Chacun des cadrages, des gestes, des paroles, des décors est calculé en vue d’un but esthétique. La musique, elle, est sublime. Des thèmes comme Also Sprach Zarathustra font vibrer le spectateur à tous les coups. Enfin, quoi qu’on puisse en dire, HAL 9000 est l’un des méchants les plus déstabilisants que le cinéma nous a offerts. À voir, absolument.
Par William Beretta
Lire les 99 articles par William Beretta
Cet article a été lu 2901 fois au total, 1 fois aujourd'hui
Wow, j’ai jamais été attirée par ce film, je n’ai jamais eu envie de le regarder mais là j’avoue que tu as touché une corde sensible, on dirait presque une passion! Merci pour ce texte enlevant!
Félicitations pour ce bel article, William. Je croyais que tout avait été dit sur ce film controversé mais ton texte apporte de l’eau au moulin des défenseurs de 2001. Personnellement, je l’avais adoré au cinéma mais, à la télé, son rythme lent me fait à tout coup ‘cogner des clous’. Par ailleurs, lire le roman est, selon moi, un prérequis indispensable pour apprécier ce long métrage.