398, rue Lejeune, 1989
Par Pierre-Luc Gagnon • 29 avril 2007 à 13:26Nous sommes en 1989, au 398 sur la rue Lejeune à Chicoutimi. Si vous avez lu le titre de la chronique, cette première phrase est superflue, à l’exception du nom de la ville qui représente une nouveauté notable. Mais est-ce que ça vaut vraiment la peine de faire un premier paragraphe qui ne révèle qu’une seule nouvelle information? Non! je ne crois pas. C’est pourquoi je terminerai cette introduction, à l’instant, question de mieux enchaîner avec le reste du texte.
Vous êtes toujours là? Bien! Alors où en étions-nous? Ah oui, ça me revient… Nous sommes en 1989, au 398 sur la rue Lejeune à Chicoutimi. J’ai 6 ans et c’est l’été (tiens, voilà deux nouvelles informations, je suis en feu). Je cours dans la cour. J’attaque ma soeur avec le boyau d’arrosage. Elle pleure. Je ris. C’est l’été. Ma mère arrose les fleurs et l’homme de la maison astique sa chaloupe dans la remise, en fumant une Dumaurier. C’est l’été. Il y a des framboisiers derrière la maison. Je me bourre de petits fruits. J’ai mal au ventre, mais c’est l’été. À force de dire que c’est l’été, j’ai vraiment l’impression que j’occupe de l’espace rédactionnel, ce qui rend inévitablement ce paragraphe assez long pour que je l’achève dans l’immédiat.
Récapitulons. J’ai 6 ans, je suis dans la cour. Du moins, lors du moment que je tente de décrire. Non seulement je suis dans la cour, mais j’y suis en speedo. En résumé, le speedo c’est mignon lorsqu’on est jeune, mais colon lorsqu’on est vieux. Le speedo, c’est le costume officiel de mon été. Je vais jouer chez la voisine en speedo, je vais m’acheter un Mr Freeze au dépanneur en speedo, je me promène en vélo en speedo. Et personne ne semble s’en surprendre. J’ai 6 ans. C’est fou les pouvoirs que l’on a en bas âge. À l’image du speedo, tout ce que l’on fait pendant l’enfance, qui semble généralement colon dans la société, est considéré comme mignon : être couvert de boue, se salir avec la nourriture en mangeant, peter, roter… nommez-en!
Tiens, j’ai changé de paragraphe sans vous en avertir. C’est bête! Et j’ai envie de répéter l’expérience.
Nous sommes en 1989, au 398 sur la rue Lejeune à Chicoutimi. La maison de mon enfance, la maison de mon été. Certaines choses demeurent dans la mémoire, d’autres s’effacent. Et quand on manque de souvenirs, on fait du remplissage…
Par Pierre-Luc Gagnon
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bonjour ton article ma bien fait rire nous sommes en 2007 et jai un voisin qui as 50 ans et porte toujours un speedo mais crois moi lui ne passe pas innapercu continue d’écrire tes tranche de vie j’aime bien ca me rapelle de bon souvenir