La fin
Par Dominique Fortier • 17 décembre 2008 à 9:04La fin de l’année approche, la neige a déjà envahi nos rues et on nous suggère fortement de faire attention à nos épargnes à cause de la crise économique. Mais après les fêtes… Parce qu’ils faut que les commerçants fassent leurs profits pendant cette période de réjouissance. Quoi qu’il en soit, c’est aussi l’heure des bilans et des résolutions à l’aube de cette nouvelle année.
Je ne savais trop comment terminer cette chronique cette année. Je vous parle de politique? Nah, on en a déjà entendu parler en masse! Je vous jase de crise économique? Non plus. Juste d’écrire cette expression déjà sur-utilisée me donne des nausées. Puis finalement ce matin, la vie s’est chargée de me trouver de quoi j’allais vous parler. En me réveillant, j’allumai mon ordinateur et une cigarette et j’allai lire mes courriels. Une douche froide m’attendait. Un jeune homme d’une vingtaine d’années que je connaissais peu mais que j’avais rencontré à quelques reprises venait de s’enlever la vie. Par nostalgie, j’allai regarder son profil sur Facebook. Des pages entières de messages d’affection de la part de ses amis, de ses collègues de classe, des simples connaissances. Et les mêmes phrases revenaient tout le temps : « On avait aucune idée », « T’étais tellement souriant, qui l’aurait cru? » D’ailleurs la première fois que j’ai rencontré ce jeune homme, je fus immédiatement charmé par son intelligence, sa personnalité extravertie et surtout… sa joie de vivre! Attentif, dévoué et affectueux, j’avais gardé un tendre souvenir de ce garçon. On se demande comment quelqu’un qui semblait si bien entouré a pu réussir à cacher à ses proches son profond malaise de vivre. Un secret qu’il apportera probablement avec lui dans sa tombe.
Il est difficile de voir des gens de notre génération s’effacer ainsi. Spécialement lorsqu’ils en font le choix. Qu’est-ce qui nous retient ici? Qu’est-ce qui nous convaincrait de commettre l’irréparable? J’ai vu bien des gens de ma famille mourir en commençant par ma mère mais c’est toujours plus frappant lorsque quelqu’un fait le choix délibéré de quitter cette existence. Certains vont le traiter de lâche, d’autres vont l’élever comme héros. Personnellement, je crois fermement que chaque personne est maître de sa vie. Oui, il est vrai que quelqu’un qui quitte laisse des traces, des blessures. Les gens qui demeurent sont souvent marquées à jamais. Mais n’importe qui qui commet un tel geste a sûrement a eu le temps de penser à tout ça. Lorsqu’on est tellement malheureux, comment peut-on blâmer quelqu’un de vouloir abréger ses souffrances? On va tous y passer à un moment donné ou un autre, ce n’est qu’une question de temps. En quelque part, je suis certain qu’il est plus heureux en ce moment puisqu’il n’a plus à vivre avec une angoisse quotidienne. Vous savez, c’est très facile de se torturer l’esprit au point de se rendre fou.
Les mots me manquent. Je suis encore ébranlé par cette nouvelle. Je vais clore cette chronique en souhaitant à tous les lecteurs de DimancheMatin une bonne période des fêtes. Profitez-en pour dire à vos proches que vous les aimez; on ne sait jamais quand ils partiront.
Adieu M.
Par Dominique Fortier
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Ça me bouleverse. Bravo pour cette dernière chronique Dominique. Au plaisir de te lire dans la nouvelle version de DimancheMatin.com en 2009, sous un soleil plus brillant.
Oufffffff… Les gens ont un mal de vivre… ils se cherchent et oublient d’aller chercher de l’aide… C’est vrai que, entre le petit pas à faire pour aller à cette aide peut être un fossé énorme à traverser… comment creusons-nous notre fossé et pourquoi donc? Au lieu de prendre une résolution pour 2009, pourquoi ne faisons nous pas un « voeu 2009 » et s’y accrocher fermement!
Je vous souhaite une année 2009 de paix intérieur et que tous et chacun focussent sur un but, peu importe la grosseur, l’importance est d’en avoir un!
Ciao!!
Oh…. Dominique… Je suis tellement désolé. Et je le serai longtemps. C’est très troublant. Et je suis très ému de lire ça… Passe un joyeux temps des Fêtes et à très bientôt.
Au plaisir de continuer de te lire. Et… Merci!!!