Whatever Happened to Baby Jane? : Un drame puissant opposant deux actrices (1962)
Par Mathieu Lemée • 9 septembre 2008 à 0:00
Alors qu’elle avait dix ans. Jane Hudson, grâce à son père, est devenue une vedette de music-hall tandis que sa soeur Blanche est ignorée. Mais une fois devenue adultes, les rôles se sont inversés et c’est Blanche qui est devenue une star du cinéma tandis que Jane est tombée dans l’oubli. Blanche étant devenue impotente suite à un mystérieux accident, Jane doit s’occuper d’elle car elle dépend de sa soeur pour vivre financièrement de façon confortable. Avec le temps, conséquence d’une haine implacable issue d’une jalousie profonde et longuement couvée, Jane s’acharne de plus en plus à torturer et à persécuter Blanche. Elle lui interdit tout contact avec le monde extérieur pendant qu’elle-même essaie de tenter un retour sur scène et tue même la femme de ménage qui voulait aider Blanche à sortir de la maison. Alors que Jane sombre progressivement dans la folie, Blanche fait tout ce qu’elle peut pour échapper à son emprise. Cette histoire se terminera de façon tragique et inattendue.
Adapté d’un roman d’Henry Farrell, ce film de Robert Aldrich, réalisateur reconnu pour son indépendance, fût un succès extraordinaire. Remplie de situations fortes, l’intrigue se veut un face à face entre deux protagonistes féminins parmi les plus cruels et les plus horrifiques jamais présentés à l’écran. Cet affrontement en huis clos, qui est constamment à la limite de la démence pure avec la mort en toile de fond, permet aux auteurs de concevoir une atmosphère terrifiante digne des meilleurs films d’horreur et de pousser à leur paroxysme les sentiments excessifs des personnages qui sont prisonnières de leur rêve d’enfance.
Aldrich en profite d’ailleurs pour lancer une flèche en direction d’Hollywood en illustrant de main de maître dans sa mise en scène le vide affectif de ses deux protagonistes vieillissantes qui se sont plus acharnées à devenir des vedettes et à jouer un rôle toute leur vie à cause de leur rêve et de leur jalousie respective. Il n’est d’ailleurs pas surprenant que les deux soeurs soient interprétées par deux actrices qui se détestaient à l’époque de leur jeunesse lorsqu’elles étaient d’une éclatante beauté (on y voit même des extraits de leurs films), ce qui rend la confrontation entre elles encore plus efficace dans ce long-métrage. Le montage est nerveux et la photographie est superbe, comme quoi l’aspect technique a renforcé davantage le suspense et le sadisme du sujet, déjà à un très haut niveau dans le récit, en lui insufflant du rythme et un style personnel. Un chef-d’oeuvre d’une noirceur inégalée qui a souvent été imité (entre autre par William Castle). À ne pas manquer.
Par Mathieu Lemée
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Tout à fait d’accord avec toi. Ce film est horrifiant! La folie qui se dégage des deux soeurs fait frémir. Ce film dépeint une triste réalité de jalousie obsessive! Génial
Ce remarquable long métrage est malheureusement trop peu connnu des nouvelles générations… Bonne idée d’écrire à son sujet, merci ! Ton texte me donne le goût de revoir ce film et je suppose que les lecteurs de DimancheMatin qui n’en avaient jamais entendu parler voudront le découvrir d’urgence. Ils se régaleront : Bette Davis a rarement été aussi diabolique et la sensibilité de Joan Crawford nous émeut profondément. Un chef-d’oeuvre absolu !