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Chronique dans le sous-solTrente ans dans la vie de Dominique, c'est loin d'être reposant. Des histoires aussi touchantes que rocambolesques racontées avec humour et sincérité.

Voir la mort de près (1ère partie)

Par • 27 août 2008 à 10:56

Je ne sais pas ce qui est pire entre voir la mort de près ou apprendre plus tard qu’on aurait pu y passer.  Dans mon cas, je l’ai appris une fois le drame arrivé.  Si je vous en parle aujourd’hui, c’est évidemment parce que je suis encore en vie.  Cœurs sensibles, s’abstenir.

 

Il faisait froid, très froid.  En plein mois de janvier si ma mémoire est bonne.  Je retournais tranquillement dans mon luxueux loft de la rue Fleury au-dessus du magasin de variétés F. Rossy.  J’y habitais avec mes deux colocs punks et mes 14 minous.  Oui, oui, 14. https://dimanchematin.com/2008/08/06/histoire-de-chats/ Comme il y a habituellement beaucoup de monde chez nous (chats exclus), je traînais rarement mes clefs avec moi.  J’arrive donc devant chez moi pour me rendre compte que la porte est barrée.  Je sonne, je sonne et je sonne encore mais personne ne répond.  Je me rends donc à la cabine téléphonique la plus près pour appeler chez moi puisque la sonnette de la porte ne fonctionnait pas toujours adéquatement.  Malheur, ça ne répond pas au téléphone non plus.  Mes colocs, n’ayant pas d’emploi, pouvaient donc être n’importe où.  Allez savoir où maintenant!  Si vous vous demandez comment ils survivaient financièrement, mon coloc Nicolas avait la double citoyenneté soit Canadienne et Française.  Il avait accepté un contrat avec l’armée française qui stipulait qu’ils pouvaient le rapatrier si jamais la France se trouvait à court de soldats pour aller à la guerre.  En échange, ils lui versaient un montant forfaitaire d’environ 550$ par mois.  Les chances que le France manque de soldats au point de rapatrier un punk déménagé au Québec étaient plutôt minces.  Mon coloc avait flairé une bonne affaire.  Au pire, si la situation se présentait qu’il devrait aller servir son pays, il avait comme plan de tout simplement disparaître dans la nature à tout jamais… Ils ne l’ont jamais appelé.

 

Étant complètement congelé et n’ayant aucune envie de passer des heures dehors en attendant les copains, j’ai décidé de me débrouiller autrement.  De la façon que le building était conçu, nous étions directement au centre au deuxième et dernier étage dudit bâtiment.  Nous n’avions donc aucune fenêtre qui venait vers l’extérieur sur aucun des quatre murs.  C’est pourquoi au milieu de notre appartement, nous avions un puits de lumière, un trou creusé 10 pieds de hauteur partant du plancher de notre logement jusqu’au toit.  La lumière pénétrait ainsi par ce puits.  C’était donc quatre fenêtres au beau milieu du logis qui menait tous sur ce puits de lumière.  C’est très difficile à visualiser j’en conviens!  Je me dirige donc vers l’arrière de la bâtisse et je monte ainsi au deuxième étage par l’extérieur.  Le but était de trouver un moyen de grimper 10 pieds pour aboutir sur le toit.  Rendu là, je n’avais qu’à me diriger vers le milieu et sauter dans le puits de lumière.  J’allais atterrir directement à la hauteur de mon logement.  Je n’aurais qu’à ouvrir une des fenêtres qui ne fermaient pas correctement et le tour était joué.  C’était plutôt simple en fait!

 

Comment grimper sur le toit maintenant?  Il y avait une espèce de clôture de fer à bouts pointus qui faisait le tour du building tout le long du balcon commun où toutes les portes des autres appartements menaient.  Tous les appartements sauf le mien qui était évidemment coincé au milieu de tout ça  En montant sur cette clôture d’environ 6 pieds, je n’avais qu’à m’accrocher au toit, me donner un petit élan et hop!  Mon objectif serait atteint.  Toutefois j’avais plutôt mal calculé les risques…

 

Je monte sur le rail et m’accroche sur le rebord du toit.  À cet endroit particulier, de la façon que le building était fait, une fois avoir bondi pour m’accrocher au toit, je me retrouvais les pieds dans le vide.  Vu le froid, le rebord du toit était glacé et je peinais à y rester accroché.  J’avais donc deux choix :  Essayer de m’accrocher à la clôture pour retourner sur le balcon ou me laisser choir 30 pieds plus bas et atterrir sur de la glace bien dure…

 

À suivre la semaine prochaine…

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3 Réponses »

  1. Sacré Dominique. Merci pour ce récit aussi palpitant qu’un thriller… Vite, la suite !

  2. Vous avez vraiment un don pour raconter des histoires. Je suis accroché à vos lèvres. Qu’on m’apporte la suite. Et qu’ça saute!

  3. Merde Dom, une chance que je sais que tu es encore en vie! J’en ai la chair de poule!!

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