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Ingrid – Une luciole sur un high (2008)

Par • 29 mai 2008 à 9:09

Elles sont des centaines à rêver de gloire tapissée sur toutes les tribunes, à s’imaginer diva à la place de la Diva, à cracher leurs amygdales sur le même modèle que la dernière pop star à défrayer les feuilles de chou plutôt que les portées musicales. La plupart d’entre elles (je dis elles mais ce pourrait être eux !) font trois petits tours et puis s’en vont. Et il y a les exceptions. Celles qui ne s’empêchent pas de rêver pour un oui, pour un non, mais qui défrichent la terre de leur talent avec acharnement et passion. Et surtout avec une authenticité à vous fendre la gamme. La jeune artiste mauricienne Ingrid, avec son maxi Une luciole sur un high, correspond de pied en cap à cette dernière définition.

 

Pour l’instant, on n’a que 5 titres originaux à se mettre sous la dent… et au creux de l’oreille. Mais l’auteur-compositeur-interprète a du cœur au ventre et sait d’instinct comment faire naître des étincelles. Misant beaucoup sur le duo indémodable du piano-voix, Ingrid marche sur les pas vibrants de Marie-Jo Thério dès son premier air, soit la chanson éponyme de l’album, d’autant plus qu’elle évoque une existence « trop maline » (Clin d’œil à La Maline de Thério ?) avec sa voix épurée, sans effets, cristalline, dans un français mi-poétique, mi-quotidien, où la langue devient le reflet d’états d’âmes à mille lieues du nombrilisme. Dans sa deuxième chanson intitulée lucidement T’sé, elle s’inquiète quelque peu de ce que son amour puisse la trouver kitsch alors que sa déclaration d’amour, qu’elle avoue probablement griffonnée « dans un café sur une vieille facture », est remplie « d’aurores dans son 3½ », de mots doux et surprenants jaillis de son « p’tit cœur feu d’artifié ». Une berceuse pour le couple qui sommeille, peut-être tendrement, mais à qui il fait bon parfois susurrer un « Qu’est-ce que t’attends ? » bien senti. Une guitare enjouée plus tard et voilà Ingrid qui prend le parti d’être engagée et, dieu merci, ça sonne vrai : -35 plus facteur vent vous donne autant l’envie de bouger que celle de vous botter le cul pour résister au moule, à une société siliconée qui cherche à nous « pâte-à-modeler l’esprit ». Avec En p’tit bonhomme, elle revient de suite à un style plus introspectif où elle croit que sa solitude lui fait la guerre, avant de terminer sur cette Lunatique auréolée très impressionniste, belle conclusion à ce démo cohérent et assuré, puisque flottant entre sa nature d’artiste et son essence d’amoureuse.

 

Mine de rien, les coréalisateurs Benoit et Carl Vaudrin ont su placer Ingrid, ses mots, sa voix, ses accords, ses couleurs, à l’avant-plan. Pas de chichis ni d’esbroufe. C’est elle qu’on entend dans toute sa fraîcheur, sa candeur, sa soif d’embrasser le monde entier par son art pétri d’espoir. Et cette mini galette n’en finit plus de s’engouffrer dans le lecteur CD, sans qu’on s’en lasse. La luciole fera plus que long feu et nous promet d’ores et déjà une kyrielle d’autres étincelles.

 

**** ½

 

Une luciole sur un high, maxi de Ingrid, auteur-compositeur-interprète.

En vente uniquement au café Morgane du Boulevard des Forges, à Trois-Rivières.

Album complet à suivre dès cet automne.

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