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Reservoir Dogs, une leçon de cinéma signée Tarantino (1992)

Par • 6 juillet 2007 à 0:01

Personne ne peut nier le fait que Quentin Tarantino ait eu un impact immense sur le cinéma américain à la sortie de son premier film, Reservoir Dogs. Dans ce film, que je considère comme « classique », il met en place les motifs qui vont colorer son œuvre à travers les années. En d’autres mots, Tarantino construit un univers. Son univers.

 

Reservoir Dogs peut se résumer en quelques mots. Un patron engage six criminels afin d’effectuer un vol dans une bijouterie. Le cambriolage ne se déroule pas comme prévu. Après s’être sauvés, les malfaiteurs tentent de trouver le traître au sein de leur groupe. Simple ? Peut-être. Pourtant, ce film est devenu une véritable icône du cinéma, un classique qui a remodelé le paysage cinématographique des années 90. Pourquoi ? Voilà une jolie question…

 

Tarantino s’est différencié de ses prédécesseurs sur plusieurs points. Celui qui saute au visage, c’est le langage. Tous les dialogues sont très proches de la réalité. Oui, on utilise le mot « fuck » en abondance (269 fois, pour être précis), mais ce n’est pas dans cet aspect que Tarantino se distingue. En effet, on n’a qu’à penser à des films comme Scarface ou Platoon qui employaient ce mot à profusion bien avant Reservoir Dogs. En revanche, l’esthétique des dialogues de Tarantino était nouvelle pour l’époque. Les personnages parlent à un rythme effréné, ils se trompent, ils hésitent, ils jurent… Ils abordent aussi de sujets n’ayant pas un lien direct avec l’action, comme la traditionnelle plaidoirie de Mr Pink (Steve Buscemi) contre les pourboires. Bref, les dialogues de ce film ont l’air tirés du quotidien, si l’on fait exception que ce sont des tueurs qui conversent.

 

Les thèmes de Reservoir Dogs sont devenus des constantes dans l’œuvre de Tarantino. Les assassins, le crime, la trahison, la torture… La violence est présente, mais elle est réelle. Encore une fois, Tarantino est proche de la réalité. Le sang coule à flot, mais la douleur n’est pas celle des films à la Chuck Norris où les gens meurent d’une balle de AK-47 ou d’une « roundhouse kick » bien placé. Non. La douleur est authentique. Le blessé se tort de souffrance, il gémit, implore la pitié, se vide de son sang, longtemps. On voit la violence sous un autre angle et on la contemple longtemps. Les scènes de Tarantino sont longues. Il adore étirer ses scènes pour montrer que la violence n’arrête pas. Qu’elle soit physique, psychologique, verbale ou autre, elle est là, toujours. Parallèlement à cette violence omniprésente, le ton de certaines séquences est tout simplement humoristique. Le caractère absurde juxtaposé à une violence gratuite, dans la scène de l’extraction de l’oreille par exemple, engendre un effet déstabilisant. Ajoutez à cela une musique joyeuse et vous obtenez une scène carrément hilarante.

 

Somme toute, Reservoir Dogs a ouvert le chemin pour un nouveau genre de film, mais a aussi placé les bases esthétiques de l’œuvre de Tarantino. Ce réalisateur a peaufiné son style au cours des années pour produire d’autres classiques dans la lignée de Reservoir Dogs, comme l’excellent Pulp Fiction.

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