Pearl Jam – Backspacer (2009)
Par Jonathan Habel • 21 septembre 2009 à 12:43Jamais simple d’aborder un nouveau Pearl Jam avec concision et impartialité ; à chaque lancement, il se trouve une clique de « die-hard fans » pour dire qu’il s’agit de leur meilleur, alors que d’autres, de façon plus tangible, ont tout simplement oublié avec le temps la grandeur et la qualité d’un de ces derniers survivants du grunge, se contentant de fredonner à l’occasion (par nostalgie ?) le refrain d’Even Flow ou la mélodie empruntée de Last Kiss. Après huit albums, dix-neuf ans de carrière et plus de 60 millions de copies vendues, le band de Seattle nous sert cette fois une galette explosive, émotive, pop et punk à la fois, de onze pièces qui totalisent moins de 37 minutes. Leur plus dynamique, décousu et résolument fun depuis le début des années 90.
Eddie Vedder, le vocaliste à la tonalité de baryton immédiatement reconnaissable, n’a jamais été en si bonne forme depuis le début de la décennie ; après un court moment où il semblait carrément s’emmerder sur un album à peine mieux que moyen (Riot Act, 2002), le barbu alterne ici entre une vulnérabilité et un calme qu’on ne lui connaissait pas (Just Breathe, qui peut par moments rappeler Dust In The Wind de Kansas, et The End qui ferme presqu’abruptement l’album), et une énergie dévorante, presque violente mais sans tomber cette fois-ci dans l’engagement politico-social qui a peut-être aliéné une partie de leurs fans dans les années Bush, avec comme résultat un début d’album à la puissance 10, réglé à une vitesse que l’on avait pas vu depuis Vitalogy en 1994 (les trois premiers morceaux, Gonna See My Friend, Got Some et l’excellent premier extrait The Fixer totalisent tout juste neuf minutes de punk rock pur). Certaines ballades émaillent le tout dans un style qui peut sembler autant un anachronisme qu’un vent de fraîcheur en 2009 (Amongst The Waves, Unthought Known). À peine terminé, Backspacer, qui est moins un réel retour aux sources plutôt qu’un simple album rock que les membres de Pearl Jam ont toujours eu en eux, constitue un joyeux fourre-tout qui gagne lentement mais sûrement l’intérêt de l’auditeur.
Pas de tubes grandioses à la Alive, pas de perfectionnisme, mais un foutu bon album qui s’inscrit parmi les meilleures sorties de l’année.
J’ai particulièrement apprécié :
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The Fixer
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Force Of Nature
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Gonna See My Friend
Note : **** ½
Par Jonathan Habel
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L’album se veut pop et énergique, et vraiment très bon, mais les références du journalistes sont plutôt boîteuses.
Premièrement, quand l’auteur de cette critique dit que l’album offre des titres « réglés à une vitesse que l’on avait pas vu depuis Vitalogy en 1994 », je me dis qu’il a sûrement pas entendu leur album précédent, tout simplement intitulé Pearl Jam – qui « flirtait » avec le punk old school avec des pièces comme « Comatose » et « Life Wasted ».
La pièce « Just Breathe » n’a rien de nouveau pour Vedder. C’est une excellente pièce, mais on sent l’influence des morceaux écrits pour la bande originale du film « Into The Wild ». « Dust In The Wind »? pas vraiment.
« Last Kiss » n’a pas « emprunté » une mélodie, ça s’appelle une reprise.
Une bonne critique, mais les références manquent la cible.
@Mr. Osp : Complètement inutile de détruire l’argumentation de quelqu’un d’autre si tu ne prends pas la peine de nous donner TON point de vue sur l’album. Les références c’est personnel. Je connais plein de chansons qui me font penser à d’autres et mes amis ne sont pas toujours d’accord avec moi. Ils n’ont pas le même bagage musical, on n’écoute pas les mêmes trucs.
Excellent, ce dernier Pearl Jam!
Avec les années, le groupe se dirige de plus en plus vers un son pratiquement punk, mais avec les chansons qui ont donné les lettres de noblesse à Pearl Jam. Les guitares saturées donnent une bonne dose de « British Grit » (caractéristique de distorsion naturelle obtenue avec quelques amplis de guitare anglais) à une génération qui est nourrie de groupes au son aux dynamiques écrasées et aux productions similaires et ennuyantes.
Pearl Jam nous sauvera-t-il du marasme musical des années 2000 comme sa participation au grunge a aidé à enterré ce qu’il restait de l’exubérance synthétique des années 80? Souhaitons-le. Il y a un sentiment d’espoir dans les mélodies et les paroles de cet album qui laisse présager le meilleur.
On sait que Eddie Vedder était proche de Johnny Ramone, guitariste des Ramones, bien évidemment. Depuis la mort de Johnny, le groupe, sur ses deux derniers albums, incorpore de plus en plus d’enchaînements d’accords saccadées à la Johnny… et même des lignes de voix doublées, signature de Joey Ramone. Hasard? Peut-être, mais la mélodie du single « The Fixer » et celle de « Supersonic » auraient très bien pu se retrouver sur « Pleasant Dreams », album méconnu de 1981 des quatres « frères » de New York ». Dois-je ajouter que, de ma part, c’est un GROS compliment.
@ Pierre-Luc Gagnon: je dois avouer que je suis d’accord avec les points de Mr. Osp. J’ai été frappé par les mêmes passages en lisant la critique. « Backspacer » s’inscrit totalement dans la lignée de leur album précédent et de la soundtrack de « Into The Wild ». Une évolution naturelle et appréciée.
Et oui, « Last Kiss », c’est un cover d’une chanson de 1962 de Wayne Cochran & the C.C. Riders.
Je ne crois pas que Mr. Osp voulait « détruire » la critique de Jonathan, mais bien apporter quelques corrections importantes aux points apportés dans la critique.
Somme toute, un album fort d’un groupe qui a la possibilité de faire ce qu’il veut. Le groupe travaille de plus en plus ensemble et le resultat est rythmé et mélodieux.
« IT’S EVOLUTION, BABY!!!!!!!!!!!!!! »
Je ne vois pas ce qu’il y a de faux à dire «mélodie empruntée» au lieu de reprise. À force d’écrire des critiques de disques on veut varier son vocabulaire. Je ne connais personne qui pense réellement que Last Kiss est une chanson de Pearl Jam. À part Soldier of Love (qui est aussi une mélodie empruntée oh oh) PJ ne fait pas dans le cha-cha!
Sinon, Eddy Vedder solo, ça ne fait pas partie du stock de Pearl Jam. C’est un peu comme si je comptais l’album solo d’Amy Lee d’Evanescence comme étant la continuité du cheminement du groupe. C’est complètement autre chose.
Je ne suis pas là pour défendre les chroniqueurs de DimancheMatin (ils sont excellent pour le faire eux-mêmes), mais je trouve ça dommage d’accrocher sur des détails qui ne sont pas faux mais bien libre d’interprétation. Jonathan Habel est le gars qui connaît le mieux Pearl Jam dans tous les gens que j’ai croisé dans ma vie (et j’en ai vu d’autres).
« Mélodie empruntée », ça sonne péjoratif. Ça sonne comme « copiée » ou « volée ». C’est carrément insultant.
Espérons que Mr. Osp aura la gentillesse (et le fair-play) de venir lire ma réponse à ses arguments, ainsi que monsieur Makak par la même occasion. D’ailleurs, avant de commencer, je désire féliciter ce dernier pour son album auto-produit, c’est pas mal bon. Je vous invite tous deux à me répondre par la suite si vous le voulez.
Donc Mr. Osp, je vous corrige à mon tour : je dis bien « avec comme résultat un DÉBUT d’album à la puissance 10, réglé à une VITESSE que l’on avait pas vu depuis Vitalogy en 1994 » ; je connais très bien l’album éponyme, et effectivement Comatose dégage (et oui, celle-là est « punk »), mais des départs-canon comme celui sur Backspacer, je crois que ça ne se compare qu’avec Vitalogy (Last Exit, Spin The Black Circle), ou même Vs. (Go, Animal). Donc, je précise encore une fois : un début d’album, c’est-à-dire les deux ou trois premiers morceaux. Rapide, pas rock ou puissant. Juste rapide.
Ceci dit, je pense que j’aurais dû mentionner Binaural ; l’album lui-même était assez atmosphérique, mais le trio qui ouvre l’album (Breakerfall, God’s Dice, Evacuation) n’était pas piqué des vers. Vous en pensez quoi ?
Je continue : je sais très bien que Last Kiss n’est pas une chanson de Pearl Jam, tout fan qui se respecte sait cela (et la plupart d’entre eux la renient). Pierre-Luc a bien cerné mon intention : je n’ai pas voulu utiliser l’anglicisme « cover » ou l’archi-utilisé « reprise ». Quand on fait une « reprise » de chanson, on se trouve à « emprunter » la « mélodie » de quelqu’un d’autre.
Je connais aussi Into The Wild, et je connaissais même avant ça le côté folk de Vedder (c’est souvent lui qui contribue les morceaux acoustiques, comme Off He Goes, Thumbing My Way, Soon Forget et autres, non ?). Vous dites « La pièce « Just Breathe » n’a rien de nouveau pour Vedder ». Je n’ai jamais dit le contraire, mais vous semblez imaginer des lignes dans mon texte. Je vous conseille un truc : une petite relecture avant de commenter ne peut pas faire de mal.
Et je viens d’ailleurs à l’instant de jouer les intros de Dust In The Wind et de Just Breathe ; après deux secondes, j’ai constaté que j’avais vu totalement juste. Les notes sont même presque pareilles, seule la vitesse du picking est différente (plus rapide du côté de PJ). Je vous conseille de faire le test, c’est plutôt désarmant comme ressemblance. Encore là, je n’enlève rien à Vedder, c’est bel et bien son genre de composition, effectivement.
Sachez tout de même que vos commentaires sont appréciées et que j’en tiens compte.
@ frankmakak : « mélodie empruntée », ça sonne péjoratif quand on parle de quelqu’un qui a volé un air pour se l’approprier (comme disons Green Day qui a emprunté la mélodie de « Wonderwall » d’Oasis pour « composer » Blvd. Of Broken Dreams).
Dans le cas d’une reprise (si vous tenez tant à ce que j’emploie ce terme), c’est juste une autre façon de dire la même chose.
Je vous invite d’ailleurs, si le coeur vous en dit, à lire ma critique de l’album éponyme que j’ai rédigée en décembre 2006 :
http://dimanchematin.com/2006/12/21/pearl-jam-pearl-jam-2006/
@ Johnathan Habel : Excellente critique de l’éponyme.
La comparaison entre « Wonderwall » et « Boulevard of Broken Dreams » m’a toujours tappé sur les nerfs, par contre. Je n’aime pas « Boulevard », mais à part les accords, c’est différent. En poussant, on pourrait aussi dire que toutes les chansons de rock ont été écrites par Chuck Berry et que Bob Dylan n’est qu’une pâle version de Woody Guthrie.
Mais oui, c’est de l’abus. J’aime Dylan, et j’aime quand même le rock!
Et Billie Joe s’est emprunté « Boulevard » à lui-même pour « 21 Guns » hahaha
Penses-y une seconde, par contre. Mets-toi dans la peau d’un artiste et fais-toi dire que t’as emprunté ton oeuvre… pas très flatteur comme synonyme.
Malheureusement, « Last Kiss » est le single le plus joué de l’histoire de Pearl Jam, donc il y a sûrement des milliers de gens qui croient que c’est une de leur composition – surtout si on prend en considération que la version originale de Wayne Cochran n’est plus disponible depuis très longtemps et a été oubliée il y a longtemps. Ça prend quand même un bon bagage culturel pour connaître la pièce originale – et possiblement un grand-père cool collectionneur de singles méconnus. Ou Youtube – mais on n’en parlera pas.
Moi je suis de ceux qui croient que si quelqu’un, par contre, écrit des pièces seul pour son band ET pour des projets solos, il va y avoir des ressemblances, bien évidemment. Deux projets différent permettent bien sûr d’expérimenter, mais on ne peut pas être quelqu’un d’autre. « Betterman » a sa place dans la discographie de Pearl Jam, mais il l’a écrit alors qu’il était au secondaire, et il l’a joué avec un de ses groupes avant de rejoindre Pearl Jam. Mais elle « fitte » sur « Vitalogy », n’est-ce pas?
Je suis d’accord pour dire que Mr. Osp aurait pu mieux présenter ses arguments, c’est pas la façon de se faire entendre. C’est trop aggressif, définitivement.
Merci aussi pour les compliments sur mon album – toujours disponible, dois-je ajouter. C’est apprécié.
@frankmakak :
D’accord pour Boulevard Of Broken Dreams et 21 Guns… d’ailleurs je suis sûr que notre ami Pierre-Luc n’aimerait pas non plus que je ramène sur le tapis cette histoire d’air « volé » par Green Day ; le trio californien demeure un des plus marquants des derniers 15 ans, malgré tout ce qu’on peut en dire (je pointe du doigt certaines mauvaises langues qui crachent sur Green Day depuis American Idiot et leur regain de popularité…).
Je ne savais pas la petite Histoire derrière Betterman, mais de toute façon, je n’ai pas dit que Just Breathe, qui s’apparente effectivement avec le matériel de Vedder sur Into The Wild, n’a pas sa place sur Backspacer. Par contre, j’ajouterais (et je suis prêt à parier que c’est le cas) que Vedder et/ou le reste du groupe ont convenu de faire une séparation claire entre l’escapade solo du chanteur et leur dernier opus. À ce que je vois, Vedder a beaucoup moins contribué de morceaux folk acoustiques pour cet album, à comparer aux précédents.
Je termine en répétant que je n’ai pas écrit « mélodie empruntée » dans un sens négatif ou réducteur pour PJ. Mais Mr. Osp, quel qu’il soit, a droit à son opinion là-dessus.
Oubliez le dernier Pearl Jam et achetez Dubmatique!
Euh… non.
Non plus. Ils sont venus à ma job la semaine passée, ils m’ont offert un poster signé et j’ai refusé.