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Oreille, Tigre et Bruit – Daniel Brière fait revivre une pièce d’Alexis Martin

Par • 4 avril 2008 à 12:42

Il y a une dizaine d’années, Alexis Martin signait Oreille, Tigre et Bruit, une pièce tourmentée sur le bruit de fond de la société à l’ère où les moyens de communication se multiplient à vue d’oeil, à sourde oreille. Aujourd’hui, poétiquement au Théâtre d’Aujourd’hui, la pièce est ressortie du grenier et mise en scène par Daniel Brière. Et on ne croirait pas que le matériel date de dix ans. Rien n’a vieilli dans ce texte brillant qui, nous devons le constater maintenant, était avant-gardiste.

 

La scène est bien organisée, nous présentant les trois principaux tableaux. À gauche, le plateau de télévision sur lequel Hubert (François-Étienne Paré) reçoit des grands parleurs de la littérature et des petits auteurs provocateurs bien malgré eux. Au centre, le lit conjugal sur lequel Hubert échange avec sa femme Claire (Fanny Mallette) sur le silence relatif et l’inconstance de la turgescence de monsieur. Puis à droite, le cabinet du Dr. Dufour (Christian Bégin) chez qui Hubert se confie, échange sur la communication dans le couple et tente de se faire soigner d’un acouphène. C’est aussi dans ce cabinet qu’Hubert rencontre le coloré Dr. Ming (Éloi Cousineau) aux méthodes médicales très parallèles.

 

 

Les comédiens rendent vraiment, à mon sens, l’esprit du texte d’Alexis Martin. Cet esprit de dérision face aux moyens de communication de plus en plus présent, alors que la communication proprement dite prend moins de place dans la vie de chaque individu. Cet esprit paradoxal, mais tangible. Cet esprit d’admiration envers la langue qui peut servir à tout dire avec très peu de mots… ou à ne rien dire avec tous les mots du monde. Je lève mon chapeau à Christian Bégin pour l’interprétation de quatre personnages aux tons totalement opposés et à François-Étienne Paré pour tenir admirablement bien le rôle central.

 

Dans le programme de la pièce, Marie-Thérèse Fortin, la directrice artistique, fait un aveu : «j’aime beaucoup Alexis Martin». Et les termes qu’elle utilise pour décrire cette admiration me rendent jaloux. Ce sont exactement les mots que j’aurais voulu utiliser dans ce texte pour vous parler du dramaturge. «J’aime son écriture. Son intelligence. Et sa manière. Cette façon qu’il a de vous faire un savant cocktail de questions fondamentales et de problématiques issues de notre société moderne et d’y ajouter son regard finement aiguisé et plaisamment narquois», écrit-elle précisément. C’est exactement ce que l’on ressent en regardant et en écoutant la pièce.

 

La pièce est présentée du 1er au 26 avril 2008 au Théâtre d’Aujourd’hui.

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