Un lancement d’album programmé un vendredi soir, c’est déjà peu commun. Quand on sait en outre que l’artiste concernée offrira pour l’occasion un spectacle complet, comment ne pas être intrigué… Le 20 juin dernier, l’auteure-compositeure-interprète Manon Charlebois – jusqu’alors inconnue pour moi – nous proposait une soirée haute en couleurs et riche en émotions. Bien qu’elle s’était fréquemment produite en Ontario et en France, il s’agissait de sa toute première prestation à Montréal. Cette entreprise de séduction fut fort goûtée par l’auditoire présent au Studio-Théâtre de la Place des Arts.

Originaire de Rouyn-Noranda, Manon Charlebois a écrit la majeure partie des pièces composant son second album intitulé Langage rose. On y retrouve des thèmes graves comme la guerre (Oradour), le deuil (Pourquoi), la drogue (Stairway to hell) et la déficience mentale (Pas normal), mais aussi une réflexion humoristique sur la vie de couple (Le match d’hockey). Les textes solides sont soulignés par des mélodies tout aussi travaillées. Parmi les artisans ayant apporté leur participation à ce disque, citons Roger Tabra, Marc Gabriel et François Dubé. Brillant compositeur et pianiste, celui-ci accompagnait d’ailleurs Manon lors de ce spectacle-lancement.

Dotée d’une voix impressionnante, Manon Charlebois sait nous faire vibrer sans jamais forcer ses effets. En plus d’avoir interprété la totalité des pièces de Langage rose, elle a démontré sa polyvalence par de courts pots-pourris de Ginette Reno et d’Alys Robi, et par une frissonnante version des Moulins de mon cœur.

Le terme ‘révélation’ a été à maintes occasions galvaudé et faussement utilisé dans l’histoire de la chanson québécoise. Dans le cas de Manon Charlebois, il s’applique parfaitement. Cette jeune femme sait comment habiter une scène et elle dégage une aura d’authenticité propre aux vrais artistes. Hâtez-vous de la découvrir !

Langage rose de Manon Charlebois. Disponible dès maintenant.