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Les électeurs de retour aux urnes… encore une fois!

Par • 9 octobre 2008 à 0:00

Ça y est!  Les Canadiens sont encore une fois appelés aux urnes le 14 octobre 2008.  Ce sera la troisième élection fédérale en 4 ans!  Après l’élection minoritaire de Paul Martin en 2004 et celle de Stephen Harper en 2006, voici que le premier ministre conservateur tente de convaincre le bon peuple de lui accorder un mandat fort cette fois-ci.

 

Le dernier gouvernement majoritaire conservateur remonte à l’époque de Brian Mulroney qui avait alors occupé les fonctions de premier ministre de 1984 à 1993 avant le fiasco de Kim Campbell qui avait à toute fins pratiques tué le parti progressiste conservateur.  Joe Clark a tenté de reprendre les rennes du parti mais le dommage avait déjà été fait.  Le Reform Party puis l’Alliance Canadienne ont connu quelques moments de gloire pour finalement se fusionner en un seul parti et reprendre le nom de Conservateur mais cette fois-ci, sans le « progressiste ».

 

La campagne à laquelle nous assistons n’est pas des plus excitantes, avouons-le.  Gilles Duceppe, malgré ses efforts constants, semble perdre des plumes tranquillement et se rapprocher d’une retraite certaine d’ici quelques années.  Qui pourrait le blâmer après tout le travail accompli à Ottawa?  Après tout, ce sont les péquistes à Québec qui n’ont pas rempli leur mandat de réaliser la souveraineté.  Gilles et le Bloc ont quant à eux tenu le fort à Ottawa en attendant un référendum gagnant qui n’est jamais venu.  C’est quand même triste, parce qu’à mon humble avis, Ti-Gilles aurait eu l’étoffe d’un chef d’état.  Je ne comprendrai jamais d’ailleurs comment il a pu perdre la course au leadership contre Pauline Marois.  Cette même Pauline qui avait perdu trois fois auparavant la course à la chefferie soit contre Pierre-Marc Johnson, Bernard Landry et André Boisclair.  Quoi qu’il est soit, Gilles Duceppe fait campagne cette fois-ci avec comme principal objectif d’empêcher les conservateurs de Harper d’être élus majoritaires.

 

Les libéraux qui ont toujours été les rivaux naturels des conservateurs ne font très bonne figure cette fois-ci avec Stéphane Dion comme chef.  Préféré par ses pairs à Michael Ignatieff, Dion cherche toujours cette sympathie du public qui ne semble pas venir.  C’est justement le problème de M. Dion; on a pitié de lui mais on ne veut pas lui accorder notre vote.  Certains le trouvent sans colonne, d’autres sans charisme et d’autres se souviennent de ses positions passées sur le Québec.  Bref, l’intellectuel de Québec ne réussit pas à passer son message malgré ses bonnes intentions et son look revampé.  Et dans le reste du Canada, les problèmes linguistiques de M. Dion à s’exprimer en anglais n’aident sûrement pas à sa cause.  Ajoutez à cela, un manque de financement et vous vous retrouvez avec un parti fragile sans chef rassembleur et des députés qui doivent eux-mêmes débourser des leurs poches pour installer quelques pancartes électorales.

 

Le Parti Vert a enfin réussi à se tailler une place dans le débat des chefs grâce au député indépendant Blair Wilson qui a joint leurs rangs il y a quelques mois.  C’était l’occasion rêvée pour les Verts de se donner un peu de visibilité.  Et force est d’admettre qu’Elizabeth May a paru très solide lors du débat en anglais, réussissant habilement à faire mal paraître le premier ministre sur les questions d’environnement, d’économie et des armes à feu.  Le débat en français a été un peu plus laborieux pour la chef des Verts mais le cœur  et la volonté étaient au rendez-vous.  Toutefois, un peu comme les autres partis d’opposition, Mme May était tellement occuper à attaquer Harper qu’on n’a appris que très peu de choses sur sa plate-forme électorale.

 

Reste le NPD ou plutôt Jack Layton et ses petits amis.  Le NPD me fait beaucoup penser à l’ADQ en ce sens que c’est le chef qui fait pas mal toute la job!  Jack a réussi à se faire beaucoup d’amis au fil des ans et particulièrement pendant cette campagne où les libéraux déçus et les conservateurs-progressistes ont déserté peu à peu leurs partis respectifs.  De plus en plus, le NPD semble devenir l’alternative officielle aux conservateurs.  Gagnant plusieurs sièges en Ontario aux dernières élections, les néo-démocrates ont toutefois toute une montagne à franchir avant de déloger les bloquistes au Québec.  À mon avis, Layton est sorti gagnant des deux débats autant avec ses attaques contre Harper qu’en présentant son programme électoral.  Ses flèches contre Stéphane Dion rappelant au chef libéral qu’il était à blâmer si la plupart des projets de loi conservateurs avaient passés ont aussi atteint la cible.  Les gens aiment Jack; ils lui font confiance.  Tout comme les Québécois ont fait confiance à Mario Dumont lors de la dernière élection provinciale.  Reste à voir si Jack a suffisamment réussi à convaincre les électeurs de considérer son parti comme la vraie alternative aux conservateurs à la place des libéraux.  La lutte sera très chaude dans plusieurs comtés entre les quatre partis principaux.  On pourrait assister à plusieurs surprises si le NPD continue sur sa lancée.  Qui aurait pensé que l’ADQ aurait été chercher autant de sièges au dernier scrutin au point de reléguer le PQ aux banquettes arrières de l’assemblée nationale?  Et les députés adéquistes étaient tous aussi méconnus du public que les néo-démocrates.

 

Quant à Stephen Harper, son but de remporter une majorité est en train de s’envoler en fumée.  N’ayant pas réussi à percer au Québec, les conservateurs se dirigent encore une fois vers un gouvernement minoritaire.  Il est fort à parier que les troupes de Stephen Harper feront élire sensiblement le même nombre de députés que la dernière fois.  La seule chose qui pourrait jouer en faveur du premier ministre actuel est le temps!  Le NPD est en train de ravir la place de bon deuxième aux libéraux mais le chef néo-démocrate risque de manquer de jus pour s’assurer de l’opposition officielle.  Conséquemment, les votes fragmentés entre le NPD et les libéraux risquent de donner à Harper quelques sièges supplémentaires inespérés.

 

Donc, c’est un peu un retour à la case départ.  On risque de se retrouver encore une fois le 14 octobre avec un gouvernement conservateur minoritaire.  Tout ce argent dépensé pour aboutir au même résultat.  Et c’est sans compter les millions jetés par les fenêtres pour les partielles avortées dans Westmount-Ville-Marie.  Un premier ministre qui ignore sa propre loi de tenir des élections à date fixe et qui va fort possiblement échouer sa mission de ravir une majorité.  Et on se demande pourquoi les électeurs sont de plus en plus cyniques… Vivement la scrutin proportionnel!  Mais malheureusement, les partis sont tous pour cette façon de faire lorsqu’ils sont dans l’opposition.  C’est lorsqu’ils arrivent au pouvoir que ça se gâche…

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