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Chronique Habits du dimancheLes écrits restent, les habits du dimanche s'envolent. Des mots du passé qui résonnent aujourd'hui.

Le poussin et la corneille

Par • 11 novembre 2007 à 0:00

Il était une fois, au coeur d’une vie qui est la mienne, une ballade en forêt avec ma cousine. Cette même cousine, que j’introduisais dans la phrase précédente, vivait devant la forêt. À moins que ce ne soit la forêt qui vivait derrière chez elle. Peu importe. Aussi fougueux que nous puissions être, les veines gorgées de jeunesses, nous allions souvent nous promener dans le bois, juste pour le plaisir d’aplatir les sentiers.

 

Et cet été-là, nous en avions aplati des sentiers. C’est à grands coups de semelles de babouches qu’on a déchiffré notre boisé. Certains esprits mal tournés prétendent qu’on aurait plutôt défriché, mais il n’en savent rien. Cette petite forêt, je la connaissais comme le fond de ma poche et ma cousine, comme le fond de sa sacoche. On avait la routine joviale. La rosée nous humectait les chevilles, nous empêchant ainsi, pour une raison obscure, de trébucher sur les racines.

 

Vers le milieu de la forêt, ou peut-être aux deux tiers, dépendamment de la saison, il y avait un cran abrupt qui formait une espèce de falaise. Ma cousine, la même qu’au début de l’histoire, avait surnommé ce cran « le rocher parlant ». Ce n’est pas qu’il avait le verbe facile le rocher, au contraire. On avait beau lui parler, il restait de pierre. On l’appelait le rocher parlant parce qu’il nous offrait des cadeaux à toutes les semaines. On se tenait debout à son sommet et, à chaque fois, de nouveaux objets apparaissaient en bas. Des vêtements, des paquets de cigarettes vides, des bouteilles vides et même une vieille chaise. C’était assez incroyable pour nos yeux de jeunes aventuriers.

 

Aujourd’hui, avec du recul, je réalise que cet endroit était probablement un spot où des ados se rassemblaient pour faire le party, autour d’un petit feu de camp. Évidemment, les choses qu’ils laissaient traîner devenaient nos cadeaux le lendemain. Mais dans mon âme de jeune, il m’arrive encore de me laisser croire que tout ça provenait du mystérieux rocher. Naïveté, quand tu nous tiens!

 

Pour ce qui est du poussin et de la corneille, on repassera!

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