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Chronique classiques du cinéIl y a de ces films inoubliables. De grands réalisateurs au grand écran... du grand cinéma pour de grands moments!

Le Cri du cormoran le soir au-dessus des jonques (1970)

Par • 4 mai 2010 à 14:55

N’arrivant pas à monter les projets plus sérieux qui lui tenaient à coeur, le dialoguiste Michel Audiard revient à la parodie de la Série Noire pour ce nouveau film, son quatrième en tant que réalisateur. Il est actuellement en vente au Québec en DVD, dans un coffret double incluant un autre film d’Audiard: FAUT PAS PRENDRE LES ENFANTS DU BON DIEU POUR DES CANARDS SAUVAGES.

Alfred Mullanet est un pauvre type qui passe son temps à dilapider son argent en pariant sur les courses de chevaux. Malgré le mauvais sort, il reste tenace et continue à parier tout en vivant au crochet de sa femme indulgente. Un soir où il n’a plus un rond, Alfred fait de l’auto-stop près du champ de courses. Une voiture s’arrête et Alfred est inexplicablement enlevé par des gangsters qui l’enferment dans un cercueil, tout en l’ayant préalablement vêtu d’un costume noir aux boutons volumineux.

Malgré ses protestations, Alfred n’est pas au bout de ses mésaventures car il devient l’enjeu de deux bandes rivales de gangsters sans qu’il puisse comprendre pourquoi. Il finit par découvrir que les volumineux boutons de son costume noir cache des diamants, et que les gangsters veulent se servir de lui comme prétendu cadavre afin de les passer à l’étranger au nez et à la barbe des douaniers. Alfred espère alors garder les diamants pour son compte, mais au cours de son odyssée, plusieurs événements malencontreux et bizarres surviennent.

Depuis qu’il est passé à la mise en scène, Michel Audiard démontre une affection pour les titres longs et absurdes sans lien direct avec l’intrigue concernée. Bien qu’il ait tendance à se répéter parfois ici, l’auteur se montre toujours à l’aise dans la gaudriole où il se moque allègrement des cons et des Français moyens aux manies stupides, tout en prenant le parti des truands.

La situation de base de cette satire est proprement délirante, quoique un peu poussive et franchement caricaturale, mais elle fait la part belle à des plaisanteries et à des canulars de toutes sortes. La mise en scène est à la fois brouillonne et disjonctée, ce qui la met en accord avec le ton échevelé et gratuit adopté par Audiard.

L’ensemble est parfois un peu trop bavard en plus de commencer lentement. Malgré ces chutes de rythme, le résultat final garanti sans cormorans et sans jonques si l’on en croit la publicité du film, est très rigolo et est accompagné d’une très bonne musique guillerette composée par Eddy Vartan.

Alors oui, on se bidonne généreusement à la vue de ce polar narquois tiré librement d’un roman noir d’Ed McBain, et rempli de mots d’esprit et d’invraisemblances volontairement exagérées. Encore une fois, les dialogues d’Audiard amusent ferme et constituent la base cimentée des effets comiques du film, en dépit de quelques répliques capricieuses sentant un peu le radotage.

Michel Serrault en fait des tonnes dans son rôle d’hurluberlu naïf. Il est également bien secondé par de bons vétérans comme Bernard Blier et Paul Meurisse, et par un jeune Gérard Depardieu alors à ses débuts.

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