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L’Âge des Ténèbres (2007)

Par • 6 décembre 2007 à 21:00

Après la froideur des critiques festivalières, il est dur d’être chaud à l’idée d’aller voir le nouveau bébé d’Arcand. Mais il y a une erreur de jugement dans tout ce bruit médiatique. Il ne faut pas comparer l’Âge des Ténèbres à son prédécesseur. Les Invasions Barbares, c’est un petit bijou, un chef-d’oeuvre de film. Pourquoi Arcand aurait-il à subir la gloire de ses fantômes alors que les nouveaux cinéastes, qui n’ont pas encore fait leurs preuves, n’auraient pas à porter ce fardeau. La rançon de la gloire ?

 

Maintenant que la mise au point est faite, en considérant L’Âge des Ténèbres comme un film à part entière et non comme une oeuvre dans l’ombre d’une autre, parlons du film. En vision très globale, le scénario est sans histoire et c’est ce qui fait son histoire. La beauté du vide. Jean-Marc (Marc Labrèche) est le point noir central au milieu de cette feuille blanche. Fonctionnaire blasé, mari d’une femme (Sylvie Léonard) qui travaille trop et père de deux enfants qui se foutent de lui, Jean-Marc préfère se perdre dans sa tête. Et c’est là, au coeur de ses phantasmes, qu’il se sent le plus heureux et le plus compris.

 

Arcand profite de sa tribune pour caricaturer la société québécoise d’un bout à l’autre de son long métrage. Le gouvernement, la bureaucratie, le système de santé, les lois antitabac, tout y passe. Parfois le film semble même construit en courts sketches, avec une bonne dose d’humour, ce qui est loin d’être déplaisant. Mais sur la trame de fond, les ténèbres subsistent.

 

La thématique du Moyen Âge est très présente dans le film, sous plusieurs formes, notamment par l’entremise d’une partie de Dungeons & Dragons grandeur nature. Arcand explique ce concept en disant qu’on se dirige présentement vers une sorte de nouveau Moyen-Âge. « C’est la guerre contre les musulmans, les infidèles, les croisades […] et aussi le désir que les femmes ont d’être soudainement inaccessibles, et de se faire dire des poèmes ». La métaphore est habile et rendue de façon intéressante dans le film.

 

Sans longueurs insoutenables et sans détour, L’Âge des Ténèbres tient admirablement la route. Et lorsque la ligne directrice semble vouloir fléchir, on sauve la mise avec cette distribution d’enfer qui ferait rougir d’envie tous les réalisateurs. Marc Labrèche est irréprochable. Il fait preuve d’un naturel plus grand que nature. Très humain et posé, il catalyse tous les personnages dans son vacuum vital.

 

L’Âge des Ténèbres n’égale effectivement pas Les Invasions Barbares, mais à quoi bon le mentionner ? En contre-partie, le film surpasse d’autres excellents films au Québec, mais cette information est-elle réellement intéressante. Lorsqu’on compare, on ne se concentre pas sur l’oeuvre en question, on l’évite. L’Âge des Ténèbres est un très bon film. Il suffit qu’on s’y attarde.

 

***½

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