La saga judiciaire (Un best seller assuré, dernière partie)
Par Dominique Fortier • 18 juin 2008 à 12:32Ce texte fait suite quatre autres chroniques (1ère partie / 2e partie / 3e partie / 4e partie)
Le processus judiciaire était enclenché. Nous avions rempli un avis d’abandon de logement, nous soustrayant ainsi aux obligations de notre bail. Avec cet avis, il fallait prouver à la Régie du logement que notre appartement était impropre à l’habitation. On se préparait pour l’audience. Nous avions même quelques flics qui avaient promis de témoigner en notre faveur. Rossy en avait de son bord aussi. Ça promettait d’être divertissant…
Je vous épargne les procédures administratives mais sachez qu’avant que la cause soit VRAIMENT entendue, il a fallu se présenter cinq fois à la Régie. Mais finalement, nous avons eu notre tour et le cirque allait débuter. La régisseuse (juge) semblait déjà avoir un préjugé défavorable envers M. Rossy, allez savoir pourquoi! Un homme pourtant si charismatique… Et la cause se fit entendre. Rossy et son avocat déposèrent comme pièces à convictions, des photos prises à l’intérieur de notre appartement illustrant que nous avions plusieurs (trop) d’animaux domestiques. La régisseuse demande alors à l’avocat comment il a pris ses photos. Il a dû avouer que son client était entré dans notre appartement en notre absence pour prendre ces clichés. Résultat : Preuve inadmissible en cour! Et l’avocat était débouté! Un à zéro pour les punks du Rossy!
Ensuite vint la brochette de flics venus témoigner un après l’autre. Malheureusement, ça n’influença la régisseuse que très peu puisque chacun d’eux avait déjà une idée bien préconçue de qui ils pointaient du doigt. Puis nous avons fait défiler quelques amis pour témoigner à quel point il faisait froid dans l’appartement et pour confirmer que le logement était effectivement dans un état lamentable. Du côté de Rossy, il a même poussé l’audace de faire venir témoigner un ex-voisin qui était demeuré même pas deux semaines dans le bloc pour lui faire dire que nous étions très turbulents (!). Les couteaux volaient très bas et le contrôle de soi était de mise!
Finalement, nous sommes repartis chacun de notre côté et nous avons été convoqués pour une dernière session de torture une semaine plus tard. Une anecdote savoureuse s’est produite sure le chemin du retour que je me dois de vous raconter. Alors que nous roulions allègrement vers notre somptueux palace, nous nous sommes retrouvés tout juste derrière la fourgonnette de M. Rossy. L’envie était trop forte… Nous n’avons pas pu résister… À chaque feu de circulation auquel nous nous arrêtions, je me faisais un malin plaisir à embrasser le pare-chocs de sa fourgonnette. Tout en douceur… Nous le suivons avec à peu près un bon cinq centimètres de distance. Il a appelé la police à son retour mais aucune marque visible sur son pare-chocs ne lui a permis de prouver ses allégations.
Vous voulez savoir comment le tout s’est terminé? Eh bien voici la grande finale! Nous nous rendons en cour pour une ultime fois. C’est alors que Rossy se présente à nous avec son nouvel avocat. Visiblement, il n’avait pas apprécié que son précédent défenseur agisse si malhabilement avec les photos prises sans notre consentement. Le nouvel avocat voulait régler le tout à l’amiable. Il était prêt à nous faire une offre. De toute évidence, il sentait que le juge allait pencher à notre faveur. C’est alors qu’il demanda à Rossy de s’éloigner le temps qu’il nous fasse son offre.
Il nous offrait un mois de loyer, soit 600$ en compensation. Nous avons refusé. Nous exigions 3 mois de loyer. Après nous avoir convaincus que la cause pouvait se poursuivre encore pendant des mois, nous avions l’envie de mettre fin à cette saga une fois pour toutes. Surtout que ça faisait des mois que ça traînait et que ça devenait très lourd sur le moral. Nous avons alors fait une offre finale pour régler le tout. 2 mois de loyer en argent comptant… mais nous avons ajouté une demande très symbolique à nos yeux. Rossy devait nous tendre l’argent lui-même. La douleur sur son visage et l’humiliation de devoir donner 1200$ à trois punks n’avaient pas de prix. À bien y repenser, ce visage valait beaucoup plus que 1200$. Nous l’avions atteint là où ça faisait le plus mal; dans son porte-monnaie. Victoire! Nous avions gagné!
Si un jour, vous passez devant le magasin de variétés F. Rossy sur la rue Fleury, arrêtez-vous et demandez au vieil homme s’il se souvient des punks du Rossy…
Par Dominique Fortier
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Clap Clap Clap Clap ! J’ai bien ri ! Merci de nous avoir partagé une histoire de ta vie! Tu devrais en faire une pièce de théâtre ! 😀
Haha bien joué!
C’était vraiment une saga cette histoire! Tu as fait duré le plaisir, il va sans dire! Merci, c’était bien bon à lire.
J’ai maintenant la preuve écrite de vos manigances envers moi. J’ai tout imprimé et je vais vous poursuivre en justice. Mon magasin souffre encore de votre passage.
J’ai beaucoup aimé lire cette aventure en cinq chapitre. Merci pour ce divertissement qui, malheureusement, est bel et bien réel!
Merci pour cette palpitante saga, Dominique. Finalement, je ne crois pas que je déménagerai cette année, au cas où… 😉