La perception de la distance
Par Émilie Gagné • 11 juillet 2012 à 19:49La distance, c’est un obstacle que j’ai appris à franchir depuis que j’habite en Gaspésie. Dans l’Est-du-Québec, la distance entre chaque grande ville (je parle des villes qui ont au moins un centre commercial) est au minimum d’une heure. On s’y habitue. On apprend à prendre la route par étape.
Quand j’habitais au Lac-St-Jean, je me rappelle que je trouvais ça loin aller à Québec. Deux heures de route! Maintenant, c’est 7 heures en été et 8 heures en hiver s’il fait beau. Et ça, c’est sans compter les arrêts pour manger. Ça peut même être un peu plus long si vous faites partie de ceux qui ont des arrêts particuliers tout au long du chemin (les plus populaires : Atkins et la fromagerie de Trois-Pistoles).
Ma notion de distance a maintenant changé. Faire deux heures de route pour aller voir un spectacle ne me paraît plus comme une montagne insurmontable! Plus on fait de la route, plus on aime ça et moins ça paraît long.
Je pense que les kilomètres de paysage qui séparent la Gaspésie du reste du Québec contribuent à en faire son charme. Si elle était trop accessible, trop près, on perdrait de tout ça. L’aura magique qui la rend si belle et spéciale se dissiperait. Lorsque l’on entre à Ste-Flavie (porte d’entrée de la Gaspésie, presque littéralement le slogan du village), on entre dans une bulle où le temps ralentit. On dit souvent que les gaspésiens n’ont pas de montre. Ce n’est pas toujours au sens littéral, mais bien qu’on laisse une place à l’imprévu et qu’on prend le temps de vivre.
Ce que j’aime moins de la distance par contre c’est lorsqu’elle m’empêche d’être là pour ma famille parce que je suis trop loin. Tous ces petits moments improvisés en famille, je n’y ai plus accès maintenant. C’est un choix que j’ai fait, mais c’est parfois difficile. On se console en se disant que lorsqu’on est à la maison, c’est encore plus spécial. Parfois, on aimerait être là pour les moments les plus difficiles, soutenir les nôtres, mais les 20 heures de route aller-retour nous empêchent d’y être rapidement.
Tandis que j’y suis, distance n’est pas un synonyme d’attardé. Certaines personnes de la grande ville (j’entends ici là où il y a un centre d’achat à tous les coins de rue) croient encore que l’on va pomper l’eau à bras et que l’électricité n’est pas arrivée. Évidemment que dû à la distance, nous n’avons pas toujours accès aux mêmes services qu’ailleurs, mais ça nous rend débrouillards et ça nous fait sortir de chez nous. Ça, on ne peut pas l’enlever aux gaspésiens. Eux, ils sortent de chez eux. Il n’y a rien de plus insultant que quelqu’un qui crache sur un endroit éloigné en disant que c’est un trou alors qu’il n’y a jamais mis les pieds.
Je terminerai avec quelques conseils pour les touristes qui passeront par la Gaspésie cet été :
- Vous aurez compris que les blagues d’électricité ne sont pas les meilleures.
- Suivez les limites de vitesse; si vous voulez regarder le décor, arrêtez-vous (pas n’importe où). Il y a des gens qui essayent de parcourir la distance qui les séparent du travail, sans être en retard.
- Prévoyez de faire le voyage en deux étapes. Un arrêt dodo en route va faire passer plus facilement la distance.
- Parlant d’hôtel, prévoyez le coup d’avance, parce que dormir dans son auto, ce n’est pas toujours confortable.
Par Émilie Gagné
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