Critique : Inglourious Basterds (2009)
Par Jonathan Habel • 19 août 2009 à 18:59À chaque fois que Quentin Tarantino remet ça, personne n’est indifférent ; soit on adore, malgré l’hyper-violence, soit on déteste en ignorant les grandiloquents dialogues. Inglourious Basterds, qui sort en salles ce vendredi, ne fait pas exception : nazis scalpés en gros plan ou bien frappés au batte de baseball, rafales de mitraillettes déchiquetantes, vengeances sanguinaires et purifications par le feu, le tout avec en arrière-plan la France occupée de la Seconde Guerre Mondiale. Avec un tel décor présenté dans l’une des périodes les plus étudiées de l’Histoire récente, Tarantino est-il en train de se ranger en se mettant lui-même des barrières d’exactitude historique ? Non. Oh que non.
Le réalisateur de Pulp Fiction et de Kill Bill ne s’est pas embarrassé de contraintes inutiles pour sa nouvelle création. Se succèdent donc événements et personnages sortis tout droit de l’imagination de QT : une bande de Juifs américains parachutés en France pour ramasser des cuirs chevelus de soldats de la Wehrmacht ; Hitler et tout le gratin nazi assistant à un film de propagande dans un petit cinéma parisien où grouillent les intrigues ; un Britannique lâché en territoire occupé pour fomenter, avec les Basterds et une actrice allemande, agent-double pour les Alliés, un plan diabolique pour faire éclater le Führer et sa suite. Et ce ne sont que quelques savoureux exemples triés sur le volet.
Il faut rendre à César ce qui lui appartient : Tarantino sait choisir ses acteurs et tirer le meilleur d’eux, même quand on est convaincus de la médiocrité de ces derniers (exemples : John Travolta, Pam Grier, Lucy Liu, etc.). Cette fois-ci c’est Diane Kruger, l’insipide blondasse de Troy (2004), entre autres, qui s’en tire merveilleusement bien dans le rôle de l’actrice jouant double jeu. Rajoutons à cela des performances délicieuses de pratiquement tous ceux qui apparaissent à l’écran (avec, en haut de la liste Christoph Waltz), et vous avez là assez de contenu pour raconter n’importe quelle histoire, même la plus saugrenue et abracadabrante.
Évidemment, les amateurs de Tarantino vont adorer et en redemanderont ; les autres seront, comme à l’habitude, répulsés par ces longues discussions qui aboutissent souvent nulle part, ou par cette hémoglobine bien giclante et coulante. Mais, de bonne foi, reconnaissons que de réécrire l’Histoire pour l’adapter à sa propre conception de la fin, cela demandait une bonne dose de couilles. Pari risqué, et remporté : le récit, passionnant pour quiconque prête honnêtement l’oreille et oublie le rigide déroulement du dernier conflit mondial, promet une finale plutôt étonnante. Après tout, ce que Tarantino a compris, c’est que de la raconter cette Histoire sans dévier de la marge, ça peut devenir ennuyant… parce qu’on sait comment tout ça va finir.
Note : ****
Par Jonathan Habel
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À noter que le film de Tarantino s’inspire d’un film italien de l’un de ses réalisateurs préférés: Enzo G. Castellari et intitulé en anglais The Inglorious Bastards, Tarantino ayant volontairement modifié l’orthographe. Il en s’agit toutefois pas d’un remake puisque la version italienne avait un scénario différent. Mais les deux versions avouent ouvertement leur filiation au film de Robert Aldrich: The Dirty Dozen, dont j’ai fait la chronique sur ce site.
De la pure magie.
C’est tout ce que j’ai à dire.
J’ai A – DO – Ré !