Critique de Zombie Strippers! (2008)
Par William Beretta • 4 juin 2009 à 21:04Dans un futur proche, George W. Bush vient de se faire réélire pour la quatrième fois. Plus que jamais, les États-Unis sont en guerre contre les autres nations et contre l’immoralisme. Après avoir banni les bars de danseuses nues, le gouvernement américain a développé un virus capable de réanimer les tissus des soldats tués. Évidemment, le virus se propage comme la syphilis et débarque dans un club de danseuses clandestin. Une strip-teaseuses, Kat (Jenna Jameson), se fait infecter (par le virus artificiel, pas la syphilis, du moins, ce n’est pas mentionné clairement dans le film), devenant ainsi une zombie. Le propriétaire des lieux (Robert Englund) parvient à tirer profit de la situation en laissant danser ses mortes-vivantes (oui oui !), propulsant la popularité du club vers des sommets extraordinaires.
En lisant le synopsis, vous vous êtes probablement dit que ce film présente l’intrigue la plus étrange de l’histoire du cinéma. Ou, du moins, nez à nez avec celle de Cannibal Women in the Avocado Jungle of Death.
Vous avez raison.
Engendré de la fusion entre les films d’horreur de série B et de la pornographie soft, Zombie Strippers! représente le rez-de-chaussée de l’interminable ascenseur qui mène la star du X Jenna Jameson vers des films plus « grand public ». Pour ce faire, elle a choisi d’amalgamer les seins et les zombies. Elle joue donc un rôle important (avec des dialogues autres que des gémissements, ce qui est assez nouveau pour elle), en compagnie de Freddie Krueger lui-même : Robert Englund. La formule peut sembler gagnante à première vue (ou non…), mais vous serez surpris d’apprendre que le résultat est très médiocre. Et je suis gentil.
En fait, l’appréciation de Zombie Strippers! dépend de la manière dont le spectateur envisage le film. D’abord, si l’on regarde cette œuvre au premier degré, on ne se rend pas au premier strip-tease. Le jeu d’acteur est très pénible. Jenna n’aura pas à entasser ses AVN Awards sur sa tablette à trophées pour faire de la place pour un Oscar. Et elle n’est pas la pire. De plus, les effets spéciaux sont inégaux et l’intrigue est grotesque. D’ailleurs, le récit s’ancre sur une prémisse que je tente encore de comprendre à ce jour : des strip-teaseuses cadavériques (au sens propre de l’expression, non pas des strip-teaseuses) qui dévorent les spectateurs imbéciles et caricaturaux permettent d’attirer de la nouvelle clientèle, encore plus enthousiaste de surcroît. Y’a-t-il tant de nécrophiles dans le sud des États-Unis ? Mystère.
Ensuite, si l’on envisage ce film comme une parodie de film de série B, on reste sur notre faim. Il y a certes quelques bonnes lignes ici et là de même que certains moments cocasses. Or, l’ensemble de l’œuvre semble se prendre beaucoup trop au sérieux. Non seulement les acteurs essaient (sans succès) de jouer juste en évitant la parodie, mais la pseudo critique sociale est également trop présente pour que ce soit un hasard. Vous aurez reconnu l’antiaméricanisme primaire dans le synopsis. Mais il y a plus : le film est truffé de références… philosophiques ! Pour donner un peu de « consistance » au film, Jenna Jameson lit et cite du Nietzsche, des personnages se promènent dans la ville de « Sartre » en compagnie du Major Camus, une danseuses accuse une autre d’être optimiste tandis qu’un autre personnage cite du Descartes… C’est digne d’une recherche dans Google. D’ailleurs, en plus des références philosophico-loufoques, les conflits entre les personnages (un peu trop développés pour le genre) sont souvent mis de l’avant au détriment d’un effet comique ou de l’intrigue elle-même. Parfois, les personnages essaient de faire de la philo simplement pour faire de la philo. Ou pour donner une touche de sérieux au film. Dans les deux cas, c’est un échec.
Par conséquent, l’angle à privilégier pour apprécier pleinement le film correspond à se moquer du film en tant que tel. De ce point de vue, Zombie Strippers! est tout aussi drôle que divertissant. Ce n’est pas la meilleure œuvre de Jenna Jameson, mais c’est amusant tout de même.
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