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Critique de Morlante (2009)

Par • 2 mai 2009 à 20:12

livre_stephane_dompierre_morlanteDepuis quelques années, les pirates ont la cote auprès du public. On n’a qu’à penser aux Pirates des Caraïbes et autres Pirates II : Stagnetti’s Revenge pour s’apercevoir que le personnage du pirate redevient vendeur. La littérature, quant à elle, n’en avait pas vu depuis un bon moment déjà. Jusqu’à ce que Stéphane Dompierre les ramène dans son dernier roman : Morlante.

Morlante raconte l’histoire d’un écrivain (surnommé « Morlante ») qui vit dans une cale de bateau au début du XVIIIe siècle. L’homme écrit des histoires à succès, tranquillement, sans se presser. Parfois, on fait appel à ses services pour qu’il extermine des bateaux de pirates entiers avec ses deux machettes. Seuls contre tous ces pirates sanguinaires, il n’a aucun problème à les massacrer. Une fois son devoir accompli, Morlante retourne dans sa cale pour poursuivre un énième chapitre de livre.

Dans ce livre, Dompierre se propose de réinterpréter le genre du roman d’aventures à saveur « pirate » afin de lui redonner une touche plus contemporaine. L’idée est bonne et elle a du potentiel. Toutefois, pour réinterpréter un genre, il faut en maîtriser les ficelles, ce qui semble faire défaut à l’écrivain de Morlante. Certes, le roman présente un univers dans lequel évoluent des pirates et tout ce qui vient avec, mais il s’agit bien plus d’une thématique commune que d’une réinterprétation du genre. Le seul élément qui relie Morlante aux romans d’aventures du XVIIe siècle, c’est la superficialité des personnages et l’invraisemblance des actions. Pour ce qui est du reste, le roman s’éloigne de sa supposée influence.

De plus, Dompierre avait pour objectif clair d’ajouter de la violence, du sexe et de l’humour dans un genre qui n’en contenait que très peu. Encore une fois, l’intention est là, mais l’actualisation de l’intention se fait à moitié. Les scènes de violence sont très nombreuses, mais elles se rapprochent davantage de la liste d’épicerie burlesque que de la violence pure. En d’autres mots, la quantité de violence est importante, mais l’effet est dérisoire. Il en va de même pour les scènes sexuelles qui, elles, sont beaucoup moins abondantes et explicites. Après quelques pages, le lecteur est complètement immunisé devant l’invraisemblance et le ridicule des actions des personnages. Ce serait une force remarquable au roman… si seulement lesdites actions provoquaient le rire. Ou un quelconque effet. Mais le lecteur passe au travers de ce court roman avec une neutralité décevante. Morlante n’est pas mauvais, loin de là. Mais les attentes ne sont pas comblées.

D’ailleurs, le côté humoristique de l’œuvre est également décevant. L’ambiance ressemble à ce que Ghislain Taschereau peut faire dans ses géniaux Inspecteur Specteur, mais sans la vivacité d’esprit ni le jeu langagier aussi fascinant qu’hilarant. Dompierre s’embourbe dans des références culturelles contemporaines peu pertinentes et une syntaxe un peu alambiquée qui enlève de la fluidité au roman. En résumé, le roman s’ancre sur une idée qui a du potentiel, mais qui n’est pas exploité à son maximum. Dompierre aurait peut-être dû ajouter une touche de Taschereau et de Sade pour vraiment produire quelque chose de percutant.

** ½

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