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Panique chroniquePanique bouscule sa vie, provoque le chaos et observe avec le sourire ce qui en jaillira. Chronique publiée tous les dimanches.

Communiquez ! … qu’ils disaient

Par • 28 septembre 2008 à 1:53

De nos jours, il est de plus en plus difficile de garder le silence. On nous sollicite sous tous les flancs pour donner notre opinion sur un sujet donné. Le «Je n’ai pas d’opinion sur le sujet» a de moins en moins la cote et du coup, on parle constamment, de sujet que l’on maîtrise ou pas.  Moi je dis «Parlons-en, que vous maîtrisiez le sujet ou pas, mais gardez-moi intéressée par votre propos».

 

Voilà, c’est dit.  Je largue un premier pavé dans la marre. Alors que les « …logues» de toutes sortes claironnent à l’unisson – ou en canon, c’est tellement plus percutant – qu’il nous est désormais impossible de refouler la moindre réflexion sous peine de cancer et de crise cardiaque (pour une fois que les professionnels de la santé mentale et de la santé physique s’entendent sur quelque chose qui favorise ainsi l’interdisciplinarité – lui-même ancêtre de la pluridisciplinarité, l’intradisciplinarité et bientôt, sans doute, la codisciplinarité) je mets le pied sur le frein avec grande force : on ne doit pas jacasser de tout ce qui nous passe par la tête sous peine d’être une vraie plaie pour le conjoint.

 

Dans le coin gauche, il y a les banalités d’aucun intérêt qui sortent spontanément de la bouche avant qu’on réalise que « si, à la base, ça ne m’intéresse pas tant que ça d’en parler, c’est que ça ne doit pas intéresser l’autre de m’entendre à ce sujet.» Dans cette catégorie entrent les discussions avec vos copines de filles du type « là, elle a dit ça, moi j’ai répondu ça, elle m’a dit ça, et là j’ai dit ça… pis c’était bien drôle ».  S’incèrent aussi dans cette catégorie toutes les banalités quant aux spéciaux d’épicerie, aux collègues de travail et aux gens d’odeurs douteuses dans les transports en commun.  De grâce, vous ne ferez pas de cancer à garder ces informations pour vous.  En fait, vous devriez avoir honte de vous ennuyer à avoir ce genre de réflexion à l’interne. La vie est courte !

 

Dans le coin droit, il y a les grandes réflexions. De celles du type« je veux changer ma vie », « j’ai envie de tout abandonner », « je ne suis plus certain que je t’aime », «je crois que je fais une dépression» . Là, je vous le concède, vous pourriez développer un cancer à ne pas les partager avec autrui, mais vous pouvez aussi rendre tragiquement malade l’être aimé si vous êtes du genre à avoir toutes les réflexions mentionnées en même temps sur une base trimestrielle.  Je suis pour la discussion, l’échange, la communication,  mais votre tendre moitié mérite que vous lui présentiez une ébauche de réflexion.  Si vous lui lancez vos problèmes sans avoir fait du ménage pour ratisser des pistes de solutions, éliminer des hypothèses, la sécuriser sur son rôle dans le problème et/ou la solution, c’est que vous confondez conjointe et psychologue.  Comprenez-moi bien, si l’homme qui partage ma vie traverse une mauvaise période, je vais être là pour lui, mais s’il me lance de grandes déclarations « chérie, je sais plus où j’en suis » et qu’il est incapable de cerner ce qui ne fonctionne pas et le rôle que j’y joue, je ne la trouverai pas drôle.  En fait, nous ne sommes pas des saints. Si la personne que nous aimons nous blesse, nous heurte, nous angoisse ou nous insécurise, notre potentiel d’aide devient quasi nul.  Quand le conjoint est au cœur du problème et qu’on arrive difficilement à cerner les irritants, il vaut mieux se confier à quelqu’un de neutre (ami, famille, psy, …) avant de confronter l’autre avec nos insatisfactions, parce que dire « je suis insatisfait » ce n’est jamais suffisant.

 

Depuis plusieurs années on nous rabat les oreilles avec l’importance de la communication dans le couple, qu’il est important de communiquer, de se dire les « vraies affaires ». Moi je dis « prenons soin de nos couples et évaluons notre besoin de partage et l’intérêt que portera l’autre à l’écoute de notre partage ».  L’abondance de banalité pousse plus souvent qu’autrement l’autre à ne nous écouter que d’une oreille peu attentive, alors que l’exposition de vague à l’âme brute à la « j’me vide le cœur, arrange-toi avec » engendre la méfiance et l’insécurité.

 

Qu’en pensez-vous ?

 

Autres récits et anecdotes à chaque dimanche. D’ici là, je vous invite à lire mon blogue : http://panique.wordpress.com/

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2 Réponses »

  1. C’est une question de bien doser. Tout ce qu’un couple s’échange ne doit pas ABSOLUMENT être du registre des propos les plus intéressants. Sinon ça devient épuisant pour les deux. Une banalité bien placée peut humaniser la relation. Mais je suis d’accord pour dire que les silences bien sentis et partagés dans un accord commun valent mieux que bien des discours sans saveur…

  2. « … mais gardez-moi intéressée par votre propos. » Dans un couple, on aimerait bien que ce soit le cas, mais pour y arriver, cela implique de bien connaître l’être aimé.

    Or, même quand on connait bien cette personne, on n’y arrive pas toujours. Il en est de même pour atteindre l’équilibre entre les banalités et le vague à l’âme profond dans la communication.

    Cette communication dans le couple devient donc une sorte de « work in progress » (excusez l’anglicisme) où les bases et les fondations de la relation sont testés dans leur solidité et leur durabilité.

    À noter cependant que si une des deux personnes « ne sait plus où elle en est. » à un certain moment de sa vie, cela ne veut pas dire que la personne qui l’aime n’a pas une petite idée sur la question qui peut l’aider à se sortir de l’impasse. C’est là où « l’écoute de notre partage » prend toute son importance, car bien connaître l’être que l’on aime peut vous aider à le guider s’il se sent perdu.

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