Comment être un bon père?
Par Dominique Fortier • 4 avril 2010 à 1:10C’est Pâques! Là où Jésus est ressuscité d’entre les morts. Le miracle ultime de tout bon croyant catholique. D’un autre côté, Pâques est aussi la fête du chocolat, des ‘tits lapins et des ‘tits poussins que les enfants aiment tant. Comment fête-t-on Pâques en 2010 exactement? Selon nos traditions religieuses? Nos traditions commerciales? Qui sait! Comme dans chaque famille, il y a des croyants et des non-croyants, la question est très légitime.
Une autre question très légitime que je me pose. C’est quoi être un bon père? Depuis maintenant cinq mois, j’habite avec ma copine, six marmots et deux chats. Les deux chats sont les miens, alors je sais plutôt bien comment m’en occuper adéquatement. J’ai des chats depuis que je suis un bambin et j’ai toujours eu une complicité naturelle avec cette race de félin poilu. Les enfants, c’est autre chose. Il y a dans notre famille reconstituée; un bébé d’un an et demi à qui je peux inculquer mes valeurs, façonner à mon image. Un « flo » de 6 ans, très extraverti avec qui j’ai connecté dès le départ et qui s’accroche à moi, me fait confiance, m’aime. Il y a ensuite une jeune fille de 8 ans, très affectueuse, très expressive et qui demande beaucoup d’attention et d’approbation de la part des adultes. Vient le garçon de 10 ans, plutôt intraverti sauf quand il s’agit de se rapprocher de moi. Un garçon très intelligent, curieux et rusé lorsqu’il veut arriver à ses fins. Il y a aussi à pré-adolescente de 12 ans qui défie mais qui retombe sur terre quand l’autorité est démontrée; qui réussit brillamment à l’école, qui explore, qui se responsabilise par elle-même mais qui a un grand besoin d’extérioriser ses pulsions et son énergie. Et il y a l’ado! La jeune fille de 14 ans qui sourit et aime la vie un jour et qui rejette tout du revers de la main le lendemain. Capable d’être serviable et généreuse et complètement différente la fois d’ensuite. Vive les hormones!
Et moi là-dedans? Comment je gère tout ce beau monde-là? J’ai toujours reproché à mon père de ne pas s’être assez occupé de moi, de ne pas avoir joué sufisament avec moi. J’essaye donc de ne pas reproduire la même chose avec les 6 gamins. Mais où est la limite? Où s’arrête mon influence en tant que beau-père? Quand les garçons me demandent de jouer avec eux, que je leur accorde une heure et qu’ils en redemandent encore, ai-je le droit de leur refuser? Suis-je un sans-cœur? Si je réprimande la jeune fille qui laisse traîner ses trucs partout dans la maison, suis-je à ma place de faire cela? Si je gueule aux deux plus vieilles qui s’insultent et se battent qu’elles sont des « crisses de folles », ai-je dépassé les bornes?
Je vis constamment avec ces questions. Je veux être un bon père, un bon beau-père en réalité mais un père substitut quand même puisque leur vrai papa est absent de leur vie. Ma conjointe les a élevés du mieux qu’elle a pu et semble être relativement satisfaite des résultats et je respecte totalement le travail colossal qu’elle a fait et qu’elle continue de faire. Mais quel est mon rôle dans leur éducation? Je prends un exemple fictif qui n’est pas nécessairement la réalité de notre famille mais qui peut être très réaliste. Si leur maman ne leur a jamais demandé de ramasser leurs assiettes après les repas parce qu’elle le fait à leur place et que ça ne la dérange pas, est-ce ma place d’imposer une nouvelle discipline ou je laisse les choses comme elles le sont parce que ma conjointe est à l’aise avec cette situation?
Ma conjointe, qui est géniale et extraordinaire autant dans son rôle de mère que de compagne de vie, a adopté certaines méthodes avec ses enfants pour se faciliter la vie et alléger celle des « flos ». De mon côté, je me rends compte que je suis un peu plus autoritaire et exigeant envers les enfants qu’elle ne l’est. Ma mère m’a élevé dans une maison étincelante, parfois trop, mais propre tout de même. J’agis avec moi-même et avec les enfants de la même façon que j’ai été élevé en ne sachant trop si j’en mets trop ou pas assez à chaque fois!
Ma bien-aimée va sûrement sourciller que je mentionne cette anecdote mais je vais l’écrire quand même. Il y a quelques semaines, la meilleure amie de l’adolescente de 14 ans était chez nous et nous débattions sur la gravité qu’elle fume du pot à l’occasion. Ma blonde était totalement contre, exposant les réalités que la marijuana ralentit l’esprit, rend dépressif et accro, et que c’est souvent l’influence de quelqu’un d’autre qui incite à consommer. Je ne suis pas en désaccord total avec elle mais je perçois la consommation de pot beaucoup moins grave. En revanche, je trouve totalement inacceptable qu’un enfant envoie promener sa mère, ce que ma blonde, encaisse trop souvent à mon goût. Surtout quand on considère qu’elle a élevé tous ces enfants-là toute seule, en leur donnant tout ce qui est humainement possible pour une mère de 6 de donner.
Alors je fais quoi? J’interviens quand? J’impose quelle discipline? Je mets les limites où? Je donne de mon temps aux enfants dans quelle mesure pour ne pas imiter mon père? Des questions que je me pose et que j’essaie de répondre du mieux que je peux à chaque jour!
Par Dominique Fortier
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Je suis peut-être naïf, mais j’ai l’impression que c’est un travail qui se fait naturellement au fil du temps… et par les deux partis. Les enfants doivent apprendre à «dealer» avec ton autorité autant que tu dois apprendre à accepter leur réalité telle qu’elle était à ton arrivée dans le portrait. Il y a un juste milieu à trouver à travers tout ça et je pense que tu as déjà fait un bon bout de chemin. Ton questionnement prouve que les choses ont changé.
Quelle est la limite? Essaie de la repousser… Tu vas t’en rendre compte quand tu vas avoir fait sauter le bouchon! Habituellement ça fait «pouc!»