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Apocalypto : Un coeur vaillant qui tient à le garder pour lui (2006)

Par • 28 mai 2007 à 23:29

Après nous avoir transporté au Moyen Âge occidental (Braveheart), à la Guerre d’indépendance des États-Unis (The Patriot) et en Rome ancienne (The Passion of the Christ), Mel Gibson change d’environnement et nous propose un voyage au pays des Mayas. Le récit se déroule autour de Patte Jaguar (Rudy Youngblood), un Maya qui habite en forêt. Son village est attaqué par des Mayas venus d’une grande ville maya ravagée par la maladie, la sécheresse et la famine. En capturant de nombreux prisonniers, ces Mayas urbains peuvent donc les sacrifier à leurs dieux et ainsi faire revenir la prospérité et la joie. Patte Jaguar, dont la famille est restée en forêt, fera tout pour échapper à son destin cérémonial et recommencer une nouvelle vie.

 

Apocalypto s’inscrit à merveille dans l’œuvre de Mel Gibson. On reconnaît le style du réalisateur dès les premières scènes. Les clins d’œil à ses autres réalisations sont abondants : la structure du film, les thèmes abordés, la façon dont certains personnages importants meurent, le jeu très physique des acteurs, la musique quasi identique à celle de Braveheart… On remarque aussi un goût pour la violence explicite. Les scènes de sauvagerie sont esthétiquement satisfaisantes (on y était habitué), mais Gibson montre aussi les techniques de combat mayas (on y était moins habitué). En effet, il faut de l’organisation pour faire la guerre en tuant le moins possible. Ajoutez à cela une ignorance des alliages métalliques et vous obtenez tout un défi : faire des dizaines de prisonniers avec du silex et du bambou. Bonne chance.

 

Il faut aussi souligner le travail de recherche derrière ce film dont les dialogues sont entièrement en maya. À l’instar de The Passion of the Christ, Mel Gibson a compris que pour réaliser une reconstruction historique décente, il ne faut pas que les Romains ou les Mayas parlent un anglais contemporain. Cependant, les dialogues manquent un peu de fluidité — ce n’est pas la langue maternelle des acteurs et ceux-ci s’efforcent de bien prononcer les mots —, mais le film n’en souffre pas. Au contraire, le caractère touchant de certaines scènes est augmenté par la langue maya. La traduction, par contre, pourrait être améliorée à quelques endroits — je blague, je ne comprends pas le maya couramment…

 

En outre, les décors sont stupéfiants (surtout la forêt et la ville maya) et les scènes de sacrifices sont plus réalistes que nature. D’ailleurs, si vous n’avez pas l’argent pour visiter l’exposition du Dr von Hagens et que vous voulez voir un cœur sanguinolent de plus près, ce film est pour vous. De plus, Gibson n’est pas tombé dans la caricature. Certes, les Mayas avaient une version plus littérale de notre « mangeons le corps du Christ », mais ces offrandes n’étaient pas gratuites. Il y avait tout un système de croyances et une théâtralisation derrière le sacrifice lui-même et Apocalypto le montre assez bien.

 

Somme toute, Mel Gibson réutilise les ingrédients qui ont fait son succès. En s’attaquant à un milieu peu connu comme le monde des Mayas, il peut ainsi déployer les efforts nécessaires pour nous présenter un autre de ces films historiques dont nous ne nous sommes pas encore lassés.

 

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4 Réponses »

  1. Je n’ai vu la passion du christ car on m’a dit que la violence y était insupportable. Crois-tu que je pourrais voir celui-là? Est-ce « moins pire » ?

  2. La Passion du Christ, je dois l’avouer, est assez intense comme degré de violence. On voit tout et on est aux premières loges (sans parler de Jésus qui en mange toute une…). Pour ce qui est d’Apocalypto, c’est effectivement beaucoup « moins pire », mais il faut tout de même ne pas être sensible à la chose. On y voit davantage les conséquences des actes de violence plutôt que les actes en eux-mêmes. Par exemple, s’ils ont à montrer une décapitation, on verra la hache qui tombe, puis la tête brandie, mais pas l’acte en tant que tel. Mais, comme je l’ai dit, il ne faut pas trop être sensible à la violence pour apprécier. Ça prend une certaine distance.

  3. Sacré Mel Gibson ! Il ne laisse personne indifférent, celui-là ! 4 réalisations à ce jour et toutes ont provoqué des commentaires allant de l’éloge le plus ‘téteux’ au dégoût le plus total. Personnellement, j’avais été très ému par L’Homme sans visage, son premier effort en tant que cinéaste. Braveheart est sans doute un des films les plus insupportablement violents de l’histoire du cinéma (j’avais « AGUI » ça au plus haut point et la nullissime Sophie Marceau n’arrangeait rien). La Passion du Christ était un long métrage dur mais essentiel. Quant à Apocalypto, c’est – à mon avis – son oeuvre la plus achevée à ce jour; ce film a d’ailleurs figuré dans mon Top 10 de 2006.

  4. Braveheart, un des films les plus insupportablement violents de l’histoire du cinéma ? À mon humble avis, je crois que Braveheart fait piètre figure, côté violence insupportable, face à certains films japonais essentiellement basés sur la violence gratuite comme Suicide Club ou Battle Royale. Mais nous aurons la chance de reparler de Braveheart prochainement.

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