Entrevue avec Jean-François Fortin : Bloc Québécois
Par Dominique Fortier • 26 avril 2011 à 18:321- Tout d’abord, est-ce difficile de se présenter dans une circonscription où le dernier député bloquiste, Jean-Yves Roy, a été pointé du doigt pour avoir été plutôt absent dans les dernières années de son mandat?
J’arrive avec une nouvelle vision de la politique. Je suis convaincu que la population sait faire la différence entre mon travail et celui de mon prédécesseur. Je souhaite une démocratie participative et de proximité. La politique n’est pas mauvaise ou bonne, elle est ce que l’on en fait. Voilà pourquoi, je mettrai tout en oeuvre pour défendre les intérêts de Haute-Gaspésie-La Mitis-Matane-Matapédia à Ottawa. J’ai toujours travaillé avec acharnement pour le bien-être des citoyennes et des citoyens de ma région et j’entends faire la même chose comme député.
2- Vous êtes très actif sur la scène politique dans Haute-Gaspésie-La-Mitis-Matane-Matapédia en ayant entre autre occupé les fonctions de maire de Ste-Flavie. Comment la population en général accueille-t-elle votre candidature pour le Bloc Québecois?
Les gens sont heureux de rencontrer un gars de terrain qui a à cœur leurs préoccupations. Ils savent que je suis très terre à terre et que j’ai vraiment le goût de les aider. Je pense que mes efforts et mon travail à la suite des grandes marées ont été appréciés.
3- En plus d’être d’allégeance souverainiste, le Bloc est également reconnu comme étant un parti penchant plus vers la gauche. Dans cette optique, pourquoi la population qui en a assez d’élire l’opposition à Ottawa ne se tournerait-elle pas vers le NPD qui défend aussi des idées sociales démocrates?
Le problème avec le NPD, comme pour les libéraux, c’est qu’ils choisissent toujours les intérêts des travailleurs canadiens au détriment des travailleurs québécois. Par exemple, ils refusent d’exiger des retombées économiques pour le Québec des contrats en aéronautique car ils veulent protéger les emplois dans l’ouest. Par ailleurs, peut on vraiment prétendre que le NPD est un parti « de gauche » alors que leur plateforme électorale prévoit que s’ils prenaient le pouvoir ils pigeraient 11 milliards de dollars dans la caisse d’assurance emploi pour payer le déficit. Faire payer le déficit par les plus démunis, comme les libéraux l’on fait dans les années 90, est-ce que c’est de gauche ça?
4- Étant donné votre longue expérience comme professeur, à votre avis, comment fait-on pour contrer l’exode des jeunes vers les grandes métropoles?
Le Bloc Québécois propose un projet de loi (C-288) afin d’offrir aux nouveaux diplômés qui s’installent dans les régions désignées un crédit d’impôt pouvant atteindre 8000 dollars sur une période de trois ans. Il s’agit d’une aide significative pour ces jeunes à un moment de leur vie où ils font face à des pressions financières importantes, notamment le remboursement de leurs dettes d’études ou encore l’acquisition d’une première maison. En mai 2010, les conservateurs se sont opposé à ce projet de loi.
5- Croyez vous qu’un gouvernement minoritaire est bénéfique pour la population parce qu’il force les partis à travailler ensemble ou pensez-vous que c’est plutôt un handicap pour le parti au pouvoir?
Le dernier Parlement prouve que le Bloc Québécois a été responsable et a su obtenir des gains pour la région. N’eut été de l’intervention musclée du Bloc Québécois et des partis d’opposition, il n’y aurait pas eu de plan de relance permettant des investissements dans les infrastructures. Rappelons-nous qu’à l’automne 2008 les conservateurs niaient l’existence d’une crise économique pourtant éminente et qu’ils ont proposé un énoncé économique idéologique ne prévoyant aucune mesure de relance. La pression des partis d’opposition a forcé le gouvernement conservateur à proroger la Chambre et à déposer un nouveau budget, au printemps 2009. Même si ce budget était mal adapté aux réalités des principaux secteurs économiques du Québec, il contenait néanmoins de nouveaux investissements dans les infrastructures.
J’aimerais aussi vous rappeler que c’est le Bloc Québécois qui a mené la charge à l’automne 2010 pour que les dates butoirs soient repoussées afin de permettre aux municipalités du Québec de bénéficier de l’ensemble des sommes promises.
6- Votre parcours indique que depuis l’âge de 12 ans, et ce, jusqu’en 2003, vous avez œuvré à la commission des sports et loisirs de Ste-Flavie en tant qu’administrateur et président. Que faisiez-vous exactement à 12 ans dans cette commission?
J’organisais des événements et je faisais du bénévolat durant ces événements. Très jeune, j’ai voulu m’impliquer dans ma communauté et participer au développement de celle-ci. L’implication citoyenne est naturelle chez moi.
7- Quelles sont les problématiques les plus criantes sur lesquelles le gouvernement devrait se pencher dans la circonscription de Haute-Gaspésie-La-Mitis-Matane-Matapédia?
VITALITÉ DE NOS COMMUNAUTÉS ET MILIEU DE VIE
- Une présence dynamique et significative, entre autres par la tenue de bureaux itinérants dans les municipalités.
- Un crédit d’impôt encourageant le retour des jeunes diplômés en région
- Le maintien des services des bureaux de poste en milieu rural
- Un soutien aux municipalités et à l’industrie touristique
- La promotion, la revitalisation et le développement du monde rural
- Le maintien des acquis et le développement (à Matane) de Radio-Canada Gaspésie-Les Îles et du bureau des Travaux publics et Services gouvernementaux (TPSGC)
- Le dossier des changements climatiques et de l’érosion des berges
FORÊTS, AGRICULTURE ET PÊCHES
- Un véritable plan pour les travailleuses et les travailleurs et pour l’industrie forestière
- La protection de la gestion de l’offre et un programme de soutien aux agriculteurs
- Un soutien financier aux projets de valorisation et d’utilisation de la biomasse forestière
- Un programme de prêts et de garanties de prêts pour les entreprises
TRANSPORT
- Le développement de l’aéroport régional de Mont-Joli, notamment par le prolongement de la piste principale et un programme d’aide financière accessible pour les petits aéroports
- Un financement adéquat pour le maintien et la modernisation des infrastructures portuaires
- Un meilleur entretien et une hausse des investissements pour le réseau ferroviaire servant au transport des personnes et des marchandises
ASSURANCE-EMPLOI
- Une réforme en profondeur pour un programme accessible et bonifié
8- Qu’est-ce qui est le plus difficile dans une campagne électorale?
Le manque de temps. Même si je fais campagne depuis quelques mois déjà, j’aimerais toujours avoir plus de temps pour échanger avec la population et les écouter me parler de leur réalité.
9- On dit que la population en général est cynique envers leurs politiciens puisque ceux s’y n’adressent pas les « vrais » enjeux. Pourtant, depuis le début de cette campagne, les attaques personnelles se multiplient entre les différents chefs. Trouvez-vous qu’aujourd’hui, les campagnes électorales sont trop négatives et mesquines?
Je crois que les campagnes locales sont très terre à terre. Quand je fais mon porte à porte je rencontre des vrais gens avec des vrais problèmes. Je pense que c’est ça le fondement de l’action politique et il n’y a rien de négatif ou de mesquin là-dedans.
10- Comment passez-vous généralement vos vendredis soirs?
Je suis très impliqué dans ma région, alors j’ai souvent des réunions ou des rencontres avec des citoyennes et des citoyens. Si ce n’est pas le cas, je suis avec mes trois enfants et ma conjointe. La famille est très importante pour moi.
11- Finalement, pouvez-vous dire à nos lecteurs en quelques lignes pourquoi ils devraient voter pour vous le 2 mai prochain?
Parce que je propose une nouvelle façon de faire de la politique et pour le Bloc Québécois. Parce que Gilles Duceppe est sans doute le chef de parti le plus respecté et le plus à même de défendre les intérêts du Québec. Le Bloc Québécois est aussi le parti dont la seule loyauté va au Québec. Il arrive que les intérêts du Québec soient semblables à ceux du Canada, mais quand ils ne sont pas les mêmes, les Québécoises et les Québécois s’attendent à ce que ceux qui parlent en leur nom se rangent du côté des intérêts du Québec. Les libéraux, les conservateurs et les néo-démocrates ont prouvés par le passé que les intérêts des Canadiens passent toujours devant ceux des Québécoises et des Québécois.
Par Dominique Fortier
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