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Le Berger Blanc : éthique versus profits

Par • 23 avril 2011 à 0:20

L’émission Enquête à Radio-Canada a levé le voile sur les pratiques douteuses du Berger Blanc, une compagnie privée qui a des contrats avec plusieurs municipalités québécoises dont Montréal et Laval.

Au-delà de l’indignation que cela provoque, sans nul doute que la question de l’éthique est soulevée. Et dans ce cas précis, il est bien sûr question d’une entreprise privée. Donc, est-ce que parfois, en tout cas dans ce cas précis, l’éthique et la recherche de profits seraient irréconciliables?

Le lien entre les deux est fluide et surtout, direct. S’assurer de faire parfaitement les choses au niveau éthique (on pourrait aussi dire : plus proprement) ralenti tout le processus, augmente les coûts, etc., donc amoindrit du coup les profits. Et puisqu’il est question d’animaux, et que la plupart des gens consomment des produits animaliers sous une forme ou une autre, peut-être que l’éthique prend plus facilement le bord…

Et même si on fait une distinction entre par exemple la boucherie et tout ce qui touche les animaux de compagnie, il reste qu’à la base il est question de consommation. Serait-ce donc que l’éthique ne concerne que les animaux à partir du moment où il s’est développé un lien sentimental au niveau humain? Je ne crois pas, et sûrement que la plupart des gens non plus, même si c’est l’achat compulsif d’animaux dans les animaleries qui cause le problème de l’euthanasie à la chaîne et ainsi la demande pour le service qu’offre une entreprise comme Le Berger Blanc.

C’est sans doute très facile de le soulever après coup, mais une entreprise privée (dont le but premier est de faire du profit) qui doit s’occuper d’animaux de compagnie (qui doit donc respecter une certaine éthique) n’est-elle pas en situation de conflit d’intérêts? En rédigeant cette question, j’avais en tête les cliniques vétérinaires, entreprises privées qui s’occupent d’animaux de compagnie elles aussi. Et il est clair pour moi que la différence est grande. La recherche de profits des cliniques vétérinaires repose sur le lien privilégié entre les propriétaires d’animaux et les vétérinaires, ainsi que sur la réputation générale de la pratique, que participe à maintenir l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec. On pourrait aussi dire que la clientèle des cliniques vétérinaires est composées essentiellement de gens qui aiment leurs animaux au point de payer très cher pour des soins, contrairement à ceux du Berger Blanc qui veulent simplement s’en débarrasser.

Dans le cas des cliniques vétérinaires, comme on a pu le voir, l’éthique est magnifiée par le processus qui mène au profit. Dans le cas du Berger Blanc, on se demande si l’éthique n’est pas qu’un luxe que l’entreprise ne peut pas se payer (ou plutôt ne voulait pas se payer). En tout cas, les images atroces qu’on a pu voir donnent cette impression.

Lire le texte original sur le blogue de Renart Léveillé

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