Guide de la petite, mais combien savoureuse, vengeance (2006)
Par Pierre-Luc Gagnon • 11 mai 2007 à 1:30Il y a de ces petites choses que l’on fait, satisfaisantes à souhait, pour démontrer notre désaccord, notre mécontentement. Le film Guide de la petite vengeance is all about that, comme diraient les Anglais. Un plaisir malsain que l’on déguste à petites doses. « De la haine en mouvement », comme l’explique si bien Ken Scott dans son scénario. Un chef-d’oeuvre indécent, où la libération de l’esprit passe par la malice. Un retour à l’innocence des taquineries écolières. Oui, it’s all about that!
Avec un titre pareil, j’aurais dû m’attendre à une histoire du genre. Mais non, au lieu de ça, j’étais armé à faire face à la déception. Plus l’histoire avançait, plus mon plaisir était grandissant. En fait, la jaquette du film, autant que son titre, en révèle assez long sur l’appréhension que l’on doit avoir. Quelque chose de simple, sans prise de tête, qui puise sa force dans notre mauvaise conscience collective. Un joli finger aux emmerdeurs.
Mais au-delà du scénario, assez brillant, se cachent des acteurs fort habiles. Des talents bien cachés. Marc Béland crève l’écran au Québec depuis plus de dix ans, sans jamais n’avoir été le chou gras des médias. Et c’est probablement à son honneur. Quant au Français Michel Muller, quelle tronche il a! Une minute, on le prend pour un aliéné mental et la seconde d’après, pour un génie. Il est incroyable. C’est définitivement mon coup de coeur, dans la catégorie des faciès énigmatiques, depuis le regretté Jacques Villeret.
Quant à Jean-François Pouliot, le réalisateur, le maître d’oeuvre, il a accompli sa mission. Il avait mis la barre haute avec La grande séduction en 2003, mais cette fois, très peu seront de mon avis, il a fait encore mieux. Pour ce qui est de Ken Scott, qui avait aussi signé le script de La grande séduction, il ajoute une corde à son arc. Il peut désormais se vanter d’être une grande plume du cinéma québécois.
Voilà un film à visionner avec le sourire. Un beau récit, sans éclats, que l’on peut regarder en questionnant sa vie. Peut-être pas un chef-d’oeuvre, mais du cinéma très agréable, sans contredit.
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Par Pierre-Luc Gagnon
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